Cette révélation me fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Je réalise alors que je ne sais presque rien d'elle, je ne connais ni sa famille, ni son passé. Je n'avais appris que ce qu'elle m'avait laissé apercevoir de sa vie. Elle non plus n'est pas une humaine, son visage est un peu trop parfait, ses yeux trop profond et ses lèvres trop pleines.
Par contre, je ne sais pas du tout qui peut bien être cette Lilith.
- Une sirène ?
Je l'imagine déjà dans un film Disney, avec un soutien-gorge fait en coquillages et une queue de poissons recouverte d'écailles vertes.
- Ouais.
Un petit sourire se forme sur ses lèvres, comme de la fierté.
- Avec une queue de poisson ?
Après réflexion, elle n'a pas assez d'airs de princesses pour porter des écailles. Mais je suis prête à toutes éventualité étant donné que j'ai moi-même des ailes recouvertes de plumes. Nous sommes toutes les deux des étrangères à cette race qu'est l'humanité, pourtant nous nous retrouvons ensemble dans ce lycée bourré d'humains.
Elle hoche la tête.
- I haven't seen that coming.
J'étouffe un petit rire nerveux avant de jeter un regard à ses jambes. Elle porte un jean noirs moulant qui suit ses courbes fines. Elle doit très bien porter les écailles finalement...
- Yeah. I know how frustrating it can be.
- It's ok. I'm still cooler than you anyway.
Elle perd son sourire, me fusillant du regard. J'ai découvert il y a peu, qu'Astrid a un très fort esprit de compétition et qu'elle veut donc toujours être la meilleure. C'est comme une seconde nature chez elle.
- I'm not sure of that point.
- I am. Bref, c'est quoi les nouvelles de Amory ?
Je n'en peux plus d'attendre.
- Il va bien, il avait juste un truc à régler aux Enfers.
Sa déclaration me laisse sans voix. Je m'attendais à une information beaucoup plus précise. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes et je tâche de garder un visage impassible.
- T'inquiète, il va bien et il sera bientôt rentré, c'est juste que ça capte pas très bien là-bas pour les rêves, ajoute-t-elle.
Je me force à rire, mais le coeur n'y est pas. Si seulement il pouvait être là, près de moi.
Le reste de la matinée est passée lentement, chaque cours avait l'air de durer des jours et les heures de pauses -seuls moments où je peux parler librement avec Astrid- quelques secondes. Ma vie venait de reprendre son cours monotone, celui qu'elle avait avant Amory.
Je suis rentrée directement à la maison après le déjeuner, incapable de supporter ce rythme plus longtemps.
Je fixe imperturbablement le plafond, il est gris et morne, je devrai demander à Daniel si on pourrait le repeindre dans une couleur plus vive, plus festive. Même mon lit ne semble plus à la hauteur de mes lamentations, car en arrivant, c'est là que j'ai trouvé refuge dans l'appartement désert.
Amory occupe toutes mes pensées sans que je puisse l'en tirer. Son visage est dans chacun de mes souvenirs et ses doigts sont partout sur ma peau. Ce crétin m'a ensorcelé et est partit sans me dire au revoir. Mais je suis incapable de lui en vouloir, ce serait trop m'en demander.
Mon oncle fait alors irruption dans mon champs de vision sans même que je l'ai entendu marcher sur le parquet qui recouvre le sol de l'appartement.
- Summer, commence-t-il.
Il a son ton des mauvais jour, celui qu'il prend juste avant de s'énerver. Je sais que pour lui, mon éducation est primordiale, mais je n'en vois plus l'intérêt. On a pas besoin de connaître les fonction affines ou la formule chimique de l'ion chlorure lorsqu'on vit aux Enfers, car je sais pertinemment que c'est là que je vais finir.
- Daniel.
Je suis insolente est j'aime ça. Me moquer de lui est la seule chose qui arrive encore à me faire sourire.
- Pourquoi tu n'est pas en cours ?
- Un de mes profs m'a menacée, j'ai pris peur et je suis partie.
C'est le seul mensonge qui m'est venu. Daniel ne pourra pas y croire car il me connaît mieux que personne est sait donc que je ne fuis pas devant le danger : je cours vers lui.
- Mais oui bien sûr, premièrement c'est impossible parce que tu n'as jamais eu peur des menaces et deuxièmement tu mens.
Il est si sûr de lui alors qu'il n'a aucune preuve pour contredire mes propos. Je déteste son assurance.
- Comment tu sais que je mens ?
Un sourire se forme sur ses lèvres : il est fière de son coup.
- Ton poux accélère.
Je fronce les sourcils, cherchant à comprendre ce qu'il vient de dire. "Ton poux accélère". Je ferme les yeux, prête à sentir ce que lui doit entendre depuis qu'il est là. Mon sang pulse dans chacune de mes veines en un rythme irrégulier.
Daniel sort de ma chambre, me laissant dans cette frustration de ne plus être libre de faire ou penser comme bon me semble. Ces pouvoirs me donnent des avantages que j'ai encore du mal à mesurer.
Pourquoi est-ce qu'on peut pas juste me faire une liste avec les inconvénient et les privilèges des anges déchus ?
Je me lève brusquement et, sans que je le contrôle, mon poing va s'écraser contre le mur. Une douleur habituelle m'envahit et mes sensations humaines me reviennent. La peinture est craquelée en un cercle irrégulier. Des petits morceaux blanc se décrochent de l'uniformité pour venir s'entasser sur le parquet sombre.
Je sens alors une odeur qui m'est beaucoup trop familière et que je n'espérais plus. Celle d'Amory. Il est là, au milieu de ma chambre, ses ailes sombres repliées dans son dos, aussi beau que dans mes souvenirs.
- Faudrait faire quelque chose pour tes yeux, Musse !
***
Voilà pour ce chapitre !
J'espère qu'il vous a plu !
Désoler du jours de retard...
Et pour le chapitre un peu plus court...
Sinon je vous aime mes petites sirènes : )
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I WAS NOBODY
FantasiSummer pensait être humaine. Et lui rêvait de la rencontrer. Une fille. Un démon. Une histoire. "Tout amour fait toujours une mauvaise fin. D'autant plus mauvaise qu'il était plus divin." Charles Baudelaire. #1 dans fantastique le 3/11/2019 #1...