Chapitre 8

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Ses cheveux bruns volent devant ses yeux où une flamme de rage a été allumée. Je lâche la main de Lewis et m'apprête à répliquer, mais ce dernier me devance.

- Wayne Jones, toujours un plaisir de te voir, ironise-t-il.

- Ta gueule, rétorque ce dernier. Summer vient, on y va.

Je jette un regard désolé à Lewis et suit mon correspondant qui est déjà près de la sortie. Je ne sais pas ce qui lui a pris de l'agresser comme ça, alors qu'il n'avait rien fait... Je le rejoins à l'extérieur où la nuit est tombée. Je rabats la capuche de mon sweat sur ma tête et hume l'air parfumé de la forêt. Ce mélange de pluie et de feuilles mortes a le don de calmer la fureur qui grandit en moi contre Wayne.

Ce dernier m'attend un peu plus loin en compagnie de Matthew. Je devine que les filles ont déjà dû rentrer chez Ambre. Je me dirige droit sur eux, bien décidée à calmement demander à Wayne quel est son problème.

- MAIS TU M'EXPLIQUES CE QUE C'ÉTAIT QUE CE BORDEL ? M'exclamé-je en arrivant près de lui.

Il me regarde dans les yeux mais ne répond pas, se contentant de sa mine nonchalante habituelle. Le feu de ma colère ne fait qu'accroître lorsque je comprends qu'il ne compte pas me répondre.

- RÉPOND SALE CONNARD ! Crié-je de plus bel. IL T'AVAIT RIEN FAIT LEWIS !

- T'en sais rien, Summer, finit-il par cracher. Dans l'histoire, c'est ce gars le connard, vaut mieux que tu reste loin de lui. C'est pour ton bien !

C'en est trop, je ne peux plus retenir les paroles enragées qui se déversent hors de ma bouche.

- Mon bien ? Mais qu'est-ce que t'en a à foutre de mon bien ? Tu ne pense qu'à toi-même et fait la gueule pendant des heures dès qu'on parle de ta mère !

La mâchoire de Wayne se contracte à l'évocation de sa maternelle. Matthew se contente de m'observer avec les yeux écarquillés. Je reprends, sans lui laisser le temps d'ajouter quelque chose :

- Mais est-ce que tu sais ce que j'ai vécu ? Non, tu ne me connais pas ! Je n'ai pas besoin de toi pour savoir qui fréquenter ! D'accord ? Ma mère est morte et pourtant j'ai surmonté ça, toi tu es coincé avec ta mauvaise humeur et ta lâcheté. Il est temps de grandir Wayne !

Je le laisse réfléchir à ces dernières paroles, je veux qu'elles résonnent en lui comme celle de Daniel ont résonnées en moi. J'attrape Matthew par les bras et le tire jusqu'à sa moto.

- On rentre, ordonné-je.

Il est complètement perdu et hoche la tête.

***

Je suis dans la maison de mon père, je la reconnais à son odeur épicée. La pièce est baignée d'une douce lumière matinale qui me permet de reconnaître la pièce où nous étions la dernière fois qui est à peine meublée. Des liens m'entaillent la peau au niveau de mes poignets et de mes chevilles ; lorsque je me penche en avant pour voir si je peux me détacher, elle émet un grincement sinistre qui me permet d'en déduire sa vieillesse.

Mon père entre dans la pièce, ses cheveux pointent dans tous les sens et sa chemise est tachée de sang. Il ressemble à un psychopathe tout droit sorti d'un film d'horreur. Je crois bien que je suis en train de perdre la tête pour le voir, dans chacun de mes rêves, tel qu'il est sur la photo de son mariage.

Il plisse les yeux en me dévisageant longuement.

- Daniel ne t'a vraiment rien dit alors, devine-t-il.

I WAS NOBODYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant