Une bouffée d'espoir m'envahit tandis que mes cinq sauveurs se jettent sur Samaël. Je ne sais pas si je dois aller les aider ou si je devrais aller voir mes frères et Manuel. Un cri résonne dans mon dos : les anges déchus ont besoin d'aide, plus d'hésitations : je fais demi-tour. Je ne peux pas les laisser se faire détruire à ma place.
Je prends le plus de vitesse possible et me jette sur le démon qui a déjà réussi à se débarrasser de deux de ses assaillants. Mon pied droit, celui qui n'est pas blessé, heurte son nez dans un craquement sinistre. Profitant de cette diversion, un de mes alliés sort un couteau de sa poche et commence à taillader une des jambes de Samaël.
Je me rappelle alors de l'épée de Wayne, accrochée autour de ma taille. La terreur m'avait fait perdre tout sens de la raison, ou alors elle avait mystérieusement disparue durant la première partie du combat. Quoi qu'il en soit, mes doigts se serrent autour de la poignée dorée et tire la lame hors de son fourreau. Je fais de mon mieux pour ne blesser aucun des anges déchus qui se trouvent autour de moi et enfonce la lame dans l'une des ailes de Samaël.
Il pousse un cri de douleur, tandis que nous nous écartons pour le regarder tomber, à une vitesse vertigineuse en direction de la forêt. Son corps disparaît dans la marée sombre des arbres. Il n'est pas mort, j'en suis certaine. Pourtant quelques chose me dit que nous en avons fini, pour ce soir, avec lui. Je range mon épée et me tourne vers les trois anges déchus.
- Wouah, murmure le garçon qui m'avait fait un clin d'oeil.
- Ouais, continue un autre.
- On va l'achever ? Propose un dernier, plus âgé, en me regardant.
Une douce mélodie vient alors chatouiller mes oreilles. Cet air m'est complètement inconnu, pourtant j'ai envie d'aller en voir la source. Mon corps va de lui-même en direction du sol, mes ailes ne m'appartiennent plus. Comme si quelqu'un en avait pris le contrôle. Je sens alors des bras m'attraper et me tirer dans le ciel nocturne. Mais je ne veux pas y aller ! Je veux aller danser ! Je commence à me débattre, envoyant mes coudes dans tous les sens.
- Les sirènes, déclare une voix grave dans mes oreilles, ne va pas là-bas, tu n'en reviendras pas.
Je cesse tout mouvement, assimilant ce qu'il vient de me dire. Les sirènes sont là ! Et je doute qu'elles soient dans notre camp... Le combat commence à s'égaliser et si les sirènes sont au courant de notre venue, les autres démons supérieurs doivent l'être aussi. Ils ne doivent absolument pas aider Samaël.
- On va en finir, ordonné-je en m'élançant vers la trouée qu'il a formé au milieu de la forêt.
Les garçons me suivent sans rouspéter et nous descendons donc en piquet jusqu'à la cime des arbres. J'aperçois d'ici le démon supérieur, ses grandes ailes déployées autour de lui et ses cheveux rouges sang jurant avec l'ombre des alentours. Il est immobile, entouré d'un nid de feuilles mortes et sa peau a une pâleur blafarde.
Nous nous posons autour de lui, veillant à faire le moins de bruit possible. Mais il n'esquisse aucun mouvement, seuls ses yeux roulent dans leurs orbites jusqu'à venir se poser sur moi. Ses iris sont voilées de malice. Comme si ce corps presque sans vie avait encore un dernier piège à poser. Il me sourit, d'un faux sourire et essaye de parler mais je n'arrive pas à comprendre cet enchaînement de consonnes.
- Qu'est-ce qu'il dit ? Demandé-je aux garçons.
Sans leur laisser le temps de me répondre, ce qui ressemble à une boule de feu traverse la clairière pour venir près de Samaël. Une forte odeur de feu de bois se répand dans l'air. Les flammes ondulent jusqu'à qu'une silhouette humanoïde s'y forme. J'ai l'impression que le temps s'arrête quand je croise ce regard inhumain de braises.
- Haborym, articule Samaël, riant presque.
- Oh, soufflé-je.
C'est tout ce que j'arrive à dire. Haborym est le cadet de Lucifer et démon supérieur du feu. Je n'avais jamais eu l'occasion de le rencontrer, mais il n'est jamais trop tard. Les ailes du démon se déploient derrière lui, éclairant toute la clairière. Les flammes sur son corps diminuent peu à peu, laissant découvrir un homme d'une vingtaine d'année torse nu. Ses cheveux sont roux et dans ses yeux brûlent encore des flammes bleus.
Il s'agenouille près de son frère, l'entourant de ses ailes enflammées. Il agit comme si nous n'existions pas. Mais nous sommes bien là, à regarder cet acte purement fraternel. Je crois même entendre un sanglot s'échapper de cette torche humaine.
Contre toute attente, il se retourne et se jette sur l'ange déchu le plus proche de lui. Ce dernier pousse un cri de douleur alors que les flammes lui brûlent la peau. Je réagis au quart de tour, et sors mon épée pour me jeter sur lui. Mais il est plus rapide et vient se placer à quelques centimètres de moi à une vitesse surnaturelle.
- Je savais bien que tu nous trahirais, un jour ou l'autre, murmure-t-il d'une voix cassée.
- Au moins, je ne suis pas la seule à l'avoir fait, rétorqué-je.
Je fais un bond en avant, mon arme devant moi, espérant le toucher mortellement. Je ne dois pas avoir peur de lui, nous avons battu Samaël, il est n'est donc qu'un autre à rayer de la liste. Il se décale, me laissant fendre l'air.
Haborym est beaucoup plus rapide que moi, s'il le voulait, je serais déjà morte. Il semble donc profiter de cette occasion extraordinaire pour s'amuser un peu. Or, je ne suis pas qu'une stupide attraction qu'il supprimera lorsqu'il se sera lassé.
- Connard, grogné-je, sentant la rage monter en moi.
- Oh, mais je ne t'ai rien fait, pour l'instant, trésor, sourit-il.
Je m'apprête à retenter une attaque quand une lumière argentée vient illuminer la clairière. Une énorme force angélique se dégage de l'être qui se dirige droit sur nous.
***
Voilà pour ce chapitre !
J'espère qu'il vous a plu : )
La suite demain ; )
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I WAS NOBODY
FantasíaSummer pensait être humaine. Et lui rêvait de la rencontrer. Une fille. Un démon. Une histoire. "Tout amour fait toujours une mauvaise fin. D'autant plus mauvaise qu'il était plus divin." Charles Baudelaire. #1 dans fantastique le 3/11/2019 #1...