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Maeva admira son oeuvre avec une certaine fierté. Le contraste des couleurs était splendide , le portrait semblait presque vivant. Armée de sa toile encore fraîche, elle quitta le confort de son atelier pour le bureau de Marcello. Trois petits coups à la porte et elle n'attendit pas l'accord de l'homme avant de pénétrer dans la pièce de travail. Le bureau était plongé dans une vive obscurité néanmoins Maeva pouvait sentir la présence du maître des lieux. Décidée à lui faire comprendre ce qu'elle avait fini par comprendre un peu plus tôt,  la jeune femme avança et grâce à sa connaissance de l'endroit,  alluma une ampoule. Sous la lumière feutrée, elle pu enfin voir Marcello assit royalement derrière son bureau en bois, un verre à la main. L'homme l'a fixait d'un ère neutre et statique comme s'il voyait en réalité à travers elle.
Avait-il passé toute sa matinée dans cette ambiance déprimante ? Sans doute pensa Maeva en se dirigeant vers le bureau pour glisser le portrait devant Marcello. Lorsque le regard de l'homme se posa sur la toile, Maeva pu voir sa mâchoire se contractée avant qu'il ne dépose son verre. Il voulut prendre la toile et elle le lui laissa. La tristesse qui émanait de lui, enveloppa la pièce entière.

-elle était belle assura Maeva.

Sans quitter la peinture de sa défunte femme des yeux,  Marcello acquiesça doucement. Elle était sublime...Mais Marie était tellement plus que cela, tellement.

Plusieurs minutes s'écoulèrent dans un sourd silence. Minutes au cours desquelles Marcello ne quitta l'oeuvre des yeux, analysant chaque détail, chaque trait, chaque courbure de ce visage souriant qui autrefois ravissait ses journées et ses nuits. Minutes au cours desquelles Maeva ne quitta l'homme des yeux, analysant chaque détail,  chaque trait, chaque courbure de son visage vide d'émotions heureuses.

- j'ai compris à quel point vous l'aimiez aujourd'hui commença Maeva en prenant difficilement siège devant le veuf accablé. J'ai compris qu'elle occupe toujours une place que je pourrais ni ne voudrais lui disputer. Je respecte vos sentiments et je sais pertinemment que le temps de notre relation, je devrai vivre dans l'ombre d'un fantôme mais je l'accepte pleinement. Depuis que je vous connais vous êtes présent à chacun de mes pas si bien que je suis prête à prendre ce que vous êtes disposé à me donner sans jamais en demander d'avantages.

Consterné par la voix limpide de Maeva, Marcello l'écouta jusqu'à la fin. Elle déclarait son discours avec cette certitude dans la voix, avec l'assurance qu'il ne lui offrait que de l'éphémère. Même si cela était vrai, entendre les mots de résignation de cette belle créature dont la fragilité n'avait d'égal que la beauté poussait l'homme à s'en vouloir. Il regrettait amèrement de l'avoir entraîné dans cette spirale qui au final la détruirait plus qu'elle ne l'était,  par simple égoïsme.

-je suis désolée Maeva souffla l'homme du fond de ses tourments.

Elle méritait tellement mieux et pourtant il se savait incapable de laisser s'échapper celle qui remplissait sa solitude.

-pourquoi ? Pour cette nouvelle sensation d'apaisement que je ressens à vos côtés ? Ce serait plutôt à moi de m'excuser car jamais je ne serais à la hauteur de la magnifique personne qu'était votre épouse lui sourit-elle tristement.

Marcello aurait pu lui faire tout une liste des merveilleuses qualités qu'elle possédait,  il aurait pu lui dire à quel point elle se trompait mais savait pertinemment que les mots pesaient nettement moins dans la balance de la confiance que les actes. Alors l'homme quitta son siège,  vint devant celui de Maeva et lui offrit avec empressement un baisé des plus fougeux. Cet échange purement possessif eut bon d'enflammer leurs deux corps, le goût enivrant de l'alcool se mélangeant parfaitement au sucré des lèvres de Maeva. En manque oxygène, ils se quittèrent mais le lien visuel ne fut en aucun cas coupé. 

La Vilaine Petite Maeva ( Tome 2 Des Frères AZALAÏ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant