29

6.2K 500 24
                                    

Londres n'avait pas changé depuis le jour de son départ,  le temps était toujours aussi morose, l'air toujours aussi glaciale. Même le ciel semblait être rester intacte, toujours d'un gris funeste. Revenir dans cette ville aurait dû être un supplice pour Maeva mais contre toute attente, il n'en était rien. En une semaine, Marcello lui avait fais voir cette ville d'un oeil nouveau. Entre les balades à pieds dans les rues de la ville aux dînés dans les restaurants les plus discrets et les plus charmants,  Maeva avait eut le temps de se réécrire  de nouveaux souvenirs sans pour autant effacer les anciens, plus douloureux.

Ajustant le dernier détail de son oeuvre,  elle ne quitta pas pour autant sa petite bulle et dans le salon de ce panthouse perché tout en haut de cette tour d'une centaine d'étages la jeune femme se sentit seule au monde, dans son monde. En face de la grande baie vitrée du salon de l'appartement, Maeva peignait pour la première fois depuis longtemps un portrait de son père qu'elle imaginait là, devant cette vue splendide de Londres en pleine nuit. Lorsqu'elle était seule comme en cette soirée, la jeune ne pouvait s'empêcher de ressasser son passé aussi bien les mauvais moments que les bons lui revenaient alors à l'esprit. Elle remarqua que sans Marcello jamais elle n'aurait pu revenir dans cette ville sans craindre que sa mère l'oblige à retravailler dans cette maison close.

Une lame suivi de plusieurs compères quittèrent ses yeux mouillant la chemise de Marcello qu'elle portait. Malgré le fait qu'il semblait tout comme elle,  vouloir mettre une distance futile entre eux depuis le jour où il lui avait fais l'amour, ils se rapprochait considérablement et elle ne cessait de l'aimer d'avantages. Bien vrai,  il n'enlevait jamais son alliance, bien vrai il ne passait jamais une nuit entière dans ses draps, bien vrai elle n'avait jamais mis les pieds dans sa chambre, c'était aussi vrai qu'elle ne lui parlait pas de son passé mais ce qui les unissait, semblait dépasser le fantôme de la femme de l'homme et ceux de son esprits à elle.

En cette nuit donc où l'homme dormait dans sa chambre, Maeva était là, pesant le pour et le contre de sa triste existence. Peut-être était-ce à cause de son procès qui allait avoir lieu dans exactement un mois, et qui commençait à attiser les journaux de Londres et d'Italie ? Ou peut-être que cette date lui rappelait celle de la mort de son père neuf mois plutôt. Certainement les deux.

-Maeva ?

La concernée sursauta à la voix rauque de son amant avant de lui faire face. Il était toujours aussi beau, même à peine réveillé.

-Que fais-tu là à cette heure ?  S'inquiéta l'homme

-je peins dit-elle en haussant les épaules.

L'homme alluma les lumières du salon avant de se rapprocher d'elle à grand pas.

-à une heure du matin ?

-La vue est magnifique à cette heure de la nuit se défendit-elle en rangeant son pinceau.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Insista pourtant Marcello.

Oui, il était véritablement le seul qui pouvait lire en elle et le seul dont elle voudrait à jamais. La jeune femme se glissa d'elle même dans les bras de l'homme puis laissa sa peine mouillée le torse nu de ce-dernier. Maeva se rappela de l'une des phrases que lui avait dit sa soeur au cours de l'une de leurs nombreuses discussions.

<< La vie m'a appris. Elle m'a raconté ses joies et rires et m'a puni de ses tourments et peines. J'ai pris la décision d'encaisser à chaque fois qu'elle me donnait des coups,  d'encaisser et de me battre pour mon bonheur. Alors j'ai encaissé encore, j'ai combattu ardemment et aujourd'hui la vie me fait une révérence. Je suis heureuse et je le serai pour le reste de ma vie alors ne penses-tu pas qu'il est temps que la vie se courbe pour toi Maeva ? N'as-tu pas assez souffert de ses fourberies ? >>

La Vilaine Petite Maeva ( Tome 2 Des Frères AZALAÏ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant