Quoi qu'il arrive

5K 495 7
                                    

La guerre avait changé beaucoup de choses pour Harry.

Voir tant de gens mourir, manquer lui-même de mourir avaient remis pas mal de choses en place. D'un coup, les rivalités d'écoliers, les rancunes passées devenaient futiles.

Lorsque son professeur de potions s'était fait attaquer sous ses yeux, Harry avait été horrifié. Il n'aurait jamais pu se réjouir de la mort de quelqu'un mais d'un coup, il se rendait compte qu'il ne détestait pas l'homme comme il l'avait longtemps pensé.

A peine Voldemort parti, il s'était précipité près de l'homme, en pleurs. Leurs yeux s'étaient accrochés, et Severus Rogue avait semblé hypnotisé par l'émeraude de son regard.

Dans un dernier souffle, il lui avait parlé de sa mère, et lui avait offert les souvenirs nécessaires pour qu'il ait toutes les cartes en main.

Harry en larmes avait appris qu'il allait mourir. Qu'il devait mourir pour sauver tout le monde.

En voyant le visage crispé par la douleur de son professeur, celui qu'il avait tant détesté, il se sentit soudain terriblement calme. Déterminé également.

Il pria Merlin comme il ne l'avait jamais fait. Il jura qu'il se laisserait tuer sans protester seulement si son professeur survivait. Qu'il méritait de vivre après tout ce qu'il avait enduré, ces années de souffrances pour une erreur de jeunesse...

Harry avait perdu la notion du temps, essayant d'adoucir les derniers instants de Severus Rogue. Il lui tenait la main fermement, essayant de lui transmettre tout le réconfort qu'il pouvait. Il ne quittait pas ses yeux, lui offrant le souvenir de sa mère, de Lily qu'il avait tant aimé.

Alors que les yeux de Severus Rogue se voilaient, les larmes roulèrent sur les joues de Harry. Le jeune homme hoqueta.

- Quoi qu'il arrive, Monsieur, je vous remercie pour tout ce que vous avez fait.

Soudain, l'impensable eut lieu. Les choses semblaient jouées d'avance, Severus mourant, Harry devant mourir lui aussi pour sauver le monde sorcier. L'instant d'après, Fumseck arrivait dans un éclair de flammes et se posait sur l'épaule de Harry.

Le phénix se mit à chanter, une mélodie triste et poignante. L'oiseau inclina la tête et ses larmes coulèrent pour s'écraser sur le visage de Rogue.

Harry l'avait enlacé en pleurant et lui avait murmuré de prendre soin de lui avant de partir en courant, laissant son professeur sous le choc de ce qui venait de se passer. Le fils de Lily l'avait sauvé, l'avait pardonné. Malgré tout ce qu'il avait fait, malgré la façon dont il l'avait traité.

Lorsque tout avait été terminé, Severus était celui qui avait soigné Harry, ne laissant personne approcher le jeune homme. Ils avaient longuement parlé tous les deux, et Harry avait enfin eu un autre point de vue sur sa mère. Severus n'avait jamais évoqué James, mais Harry avait enfin fait connaissance avec Lily Evans autrement que par "Tu as ses yeux".

Ainsi, il avait été naturel pour Harry de s'assurer de la liberté de Severus autant que de celle des Malefoy.

Au fil des jours, Severus était devenu un pilier pour Harry. Il était le seul à qui il pouvait parler de ses cauchemars et de ses doutes.

Contrairement à ses amis, Severus ne le poussait pas à faire ce qu'il ne voulait pas. Il lui rappelait que c'était à lui de décider ce qu'il voulait.

Tous les deux avaient un passif compliqué, et ils n'étaient pas soudainement devenu amis. Il y avait toujours des moments gênés, des paroles maladroites. Mais ils étaient liés malgré eux par Lily Evans Potter.

Après que Harry eut fait plier le Ministère en les obligeant à libérer Narcissa, Drago et Severus, il avait pris la décision de disparaître.

Il ne voulait pas réellement quitter le monde magique : il ne se sentait pas à sa place dans le monde moldu, parce que la magie faisait désormais partie intégrante de lui-même.

Cependant, il avait besoin de s'éloigner du monde magique. S'éloigner des sorciers qui le voyaient comme un héros, s'éloigner du Ministère qui avait l'intention de l'utiliser, s'éloigner de ses amis qui se montraient bien trop directifs.

Il trouva la solution en parlant avec Severus et il lui demanda immédiatement son aide. Acheter une maison et faire du Maître des potions son gardien du secret. L'impulsivité du Gryffondor fit le reste : Severus n'eut pas le temps de comprendre qu'il avait accepté que Harry avait acheté la maison et avait fait de lui son gardien du secret.

Harry avait ensuite cessé de se montrer dans le monde magique, disparaissant soudainement. La Gazette n'avait cessé de publier pendant des jours des articles de plus en plus fébriles, appelant le monde sorcier à retrouver son héros.

Skeeter faisait des hypothèses, accusait sans fondement, cherchait, croyait deviner. Et Harry, en lisant le journal ne pouvait pas s'empêcher de rire, amusé malgré lui.

Il avait toujours détesté que l'on parle de lui, mais cette fois, il ne se sentait plus oppressé, parce qu'il vivait seul et que les journaux n'avaient plus d'emprise sur lui.

Ainsi Harry reprenait le contrôle, et il appréciait pouvoir diriger sa propre vie.

Au fond de lui, il avait un pincement au cœur en pensant à Ron et Hermione. Ils avaient été ses premiers amis, ses premiers vrais amis. Ils avaient vécu beaucoup de choses ensemble, ils avaient affronté le danger tous les trois.

Il ne comprenait pas pourquoi d'un coup il les avait perdu. Jamais il n'avait voulu que le monde magique ne bascule dans la vengeance, jamais il n'avait voulu être sur le devant de la scène.

Depuis toujours, il avait aspiré à une vie tranquille et rangée. Une vie dans l'anonymat, entouré de sa famille et de ses enfants.

Avec un soupir, Harry Potter décida de laisser du temps à ses amis. Le temps pour que la Gazette oublie Harry Potter. Le temps pour que les sorciers ne cessent de le dévisager quand il apparaissait en public. Le temps pour que le Ministère ne cesse de le vouloir pour profiter de sa renommée.

Le temps pour que Ron comprenne que faire souffrir Malefoy ne changera pas qu'ils se soient disputés toute leur scolarité.

Le temps pour que Hermione comprenne que Harry n'avait pas l'ambition de devenir un puissant rouage du Ministère. Lui voulait juste mener sa vie de son côté.

Heureusement, la guerre était finie, Voldemort était mort, et maintenant, il avait tout le temps du monde devant lui.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant