Ralenti

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Lorsqu'Amélia Bones fut mise au courant qu'il y avait des attaques contre les anciens Mangemorts, sa première réaction fut de froncer les sourcils. Elle s'était retirée dans son bureau pour réfléchir soigneusement à la situation, et elle avait convoqué Severus Rogue pour avoir une conversation avec lui. Elle se doutait qu'il pourrait l'aider, puisque Shakelbot avait tenu à faire pression sur lui...

A Poudlard, en recevant le hibou du Ministère, Severus avait senti son cœur se serrer. Sa première pensée fut qu'il ne serait jamais libre, que ses erreurs du passé le poursuivraient jusqu'à sa mort. En plus d'avoir à supporter la marque indélébile qu'il portait sur le bras, il y aurait cette épée de Damoclès, portée par le Ministère.

Il s'attendait à beaucoup de choses, mais certainement pas à l'accueil que lui réservait Amélia.

La Ministre l'accueillit avec un sourire poli. Puis elle entra dans le vif du sujet en lui demandant ce qui se passait exactement. Severus hésita légèrement avant de répondre incapable de décider si c'était un piège ou non.

Amélia l'écouta avec attention alors qu'il expliquait les attaques contre les Mangemorts, le fait que Drago était une cible et qu'il était passé près de se faire tuer. Elle pinça les lèvres et hocha sèchement la tête.

- Et où est le jeune Malefoy en ce moment ?

Severus hésita de nouveau avant de répondre prudemment, au ralenti.

- Avec Harry Potter.

- Est-il en sécurité ?

Cette fois le maître des potions ne put cacher sa surprise, malgré son passé d'espion et son habitude de dissimuler ses pensées. Il hocha la tête doucement.

- Oui. Ils sont tous les deux en sécurité.

Amélia eut un sourire amusé.

- Parfait. Je sais ce que mon prédécesseur voulait exiger de notre Sauveur. Ce n'est pas mon cas. Je suppose que vous avez un moyen de le contacter, aussi je vous demanderai de leur ordonner de rester à l'écart. A l'abri de tout ça.

Severus hocha la tête, soulagé, avant de la remercier et de prendre congé.

Après le départ du Maître des potions, Amélia Bones avait soupiré, consciente que les choses seraient compliquées. Plutôt que de convoquer les sorciers dont elle avait besoin dans son bureau, elle se résolut à se rendre directement dans les quartiers des Aurors mettre les choses au clair.

Elle réprima un sourire en voyant qu'elle était accueillie avec révérence. Tout le monde se tut, attendant de savoir ce qu'elle attendait d'eux.

Lorsqu'elle demanda où en était l'enquête sur les agressions envers les Mangemorts, elle plissa les yeux face au silence gêné qui l'entoura. Personne ne la regardait et ils échangeaient des coups d'œils un peu coupables.

Finalement, Ron Weasley prit la parole.

- Il n'y a pas d'enquête.

Amélia soupira, agacée.

- Et pourquoi ?

- Pas besoin. On a plus important à faire que de courir après quelqu'un qui nous débarrasse de ces gens là.

La Ministre émit un couinement étranglé.

- Êtes-vous sérieux, Monsieur Weasley ? Votre rôle en tant qu'Auror est d'arrêter les criminels. Or, une agression est un crime, quelle que soit la victime.

- Mais...

- Il n'y a pas de mais. Les Mangemorts sont à Azkaban.

- Pas tous ! Malefoy se pavane en liberté !

Soudainement, Amélia se souvint que les Weasley et les Malefoy étaient ennemis depuis plusieurs générations. Elle avait espéré que Ronald Weasley serait objectif. Après tout, il avait été le meilleur ami de Harry Potter, et il avait combattu courageusement. Elle comprit alors d'où venait l'hostilité entre les deux anciens amis, pourquoi le jeune Potter avait disparu sans donner signe de vie.

Elle n'avait jamais oublié son témoignage au procès Malefoy, et même si elle avait trouvé étrange qu'il prenne parti pour son ancien rival, elle avait admiré le tout jeune homme se montrer totalement impartial malgré les souffrances qu'il avait enduré...

- Monsieur Malefoy a été libéré. Son procès a montré qu'il n'était pas coupable. Il me parait donc logique qu'il soit libre.

Ron pinça les lèvres et détourna les yeux. Amélia comprit immédiatement qu'il n'allait faire aucun effort.

- Je veux des résultats sur cette enquête. J'exige que l'enquête soit correctement menée et que le coupable soit jugé. Il mérite de finir à Azkaban pour les crimes commis !

Face à l'absence de réponse, la Ministre dût inspirer profondément pour ne pas se mettre à hurler.

- Monsieur Weasley. Je vais être claire avec vous : soit cette enquête est menée avec tout le professionnalisme que j'exige de la brigade des Aurors, et vous m'amenez des résultats concrets. Soit vous êtes viré avec effet immédiat.

Amélia observa le visage fermé du jeune Auror face à elle. Elle sut qu'elle s'était fait un ennemi, parce que les yeux bleus de Ron Weasley étaient pleins de colère et de haine.

Autour d'eux, les autres Aurors restèrent silencieux, personne n'osant protester. Elle les fixa du regard les uns après les autres, espérant que le message passerait.

Lorsqu'elle fut certaine d'avoir leur entière coopération, elle reprit.

- Que les choses soient claires, je ne tolérerai aucun manquement. Si le monde magique en est arrivé là, dans cette guerre qui a détruit beaucoup de choses, c'est par des comportements comme le votre. Nous avons laissé Vous-savez-qui prendre de la puissance en fermant les yeux, en oubliant de traiter tout le monde avec justice.

Il n'y eut pas un mot, pas un signe qu'elle avait été écoutée. Il restait à attendre de voir ce que donnerait son intervention, en priant Merlin que ce soit suffisant...

Ce fut probablement à cet instant que la sorcière prit mesure de la situation du monde sorcier. Ils avaient vécu tellement longtemps en guerre que personne ne semblait savoir comment vivre en paix.

Les sorciers étaient habitués à être divisés, et il y avait un fossé entre les deux camps qui semblaient impossible à combler.

Ce n'était plus les mêmes raisons qui opposait les deux camps. Maintenant, ceux qui avaient été les victimes se rebellaient et chercher la vengeance. Ils voulaient se débarrasser des sorciers qui avaient dirigé le monde Magique depuis que Voldemort était apparu...

Il faudrait du temps pour que les esprits s'apaisent, pour que les choses ne reviennent à la normale.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant