Est-ce que vous étiez en train de parler de moi ?

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Après avoir discuté avec Drago, Severus avait retrouvé Harry dans le salon. Le jeune homme semblait légèrement calmé même s'il allait et venait nerveusement dans la pièce.

Avec un soupir agacé, Severus l'avait stoppé pour examiner sa main. Il grogna face aux phalanges contusionnées.

- Vous devriez éviter de frapper les murs, Potter.

Harry leva les yeux au ciel mais ne répondit pas, se laissant soigner.

Une fois sa main guérie, Harry la plia à plusieurs reprises sans lever les yeux vers son professeur. Finalement, il soupira.

- Professeur ? Si vous me disiez ce qui se passe exactement ?

Severus laissa échapper un grognement contrarié. Il aurait du se douter que le jeune homme ne pourrait pas résister et demanderait des détails... Il tenta cependant de dévier la conversation.

- De quoi parlez vous, jeune homme ?

Harry ricana et le regarda dans les yeux, toute crainte envolée.

- Le Ministre ne ferait pas pression sur vous sans raison. Shakelbot n'est pas un idiot. Et il ne bougerait pas le petit doigt pour un Malefoy. Il y a donc autre chose.

Severus secoua la tête, et grimaça. Il avait souvent fait des réflexions acides au jeune homme alors qu'il était son élève, il s'était moqué de sa naïveté. Pourtant, il se rendait compte que le gamin n'était pas si aveugle que ça, puisqu'il avait immédiatement mis le doigt sur le problème.

Plutôt que d'éluder la question, ou pire de mentir, Severus lui répondit honnêtement.

- Il y a eu plusieurs meurtres. Avant que Drago ne soit la cible, avant qu'il n'arrive ici. Tous étaient soit des anciens Mangemorts repentis, soit des sympathisants assumés de Voldemort.

- En plus des "accidents" survenus à Azkaban ?

Le maître des potions grimaça.

- Et en plus de la catastrophe survenue sur l'allée des embrumes. Le Ministère n'en parlera pas officiellement mais je suppose que Shakelbot est suffisamment inquiet pour tenter d'enrayer tout ça avant que le monde magique ne bascule dans une nouvelle guerre.

- Vous avez besoin de mon aide, Professeur ?

L'homme haussa un sourcil surpris, avant de se reprendre.

- Effectivement. Pour tenir Drago en sécurité.

Harry n'eut pas le temps de répondre que la porte s'ouvrit sur Drago. Face au silence soudain, il ricana.

- Est-ce que vous étiez en train de parler de moi ?

Le Gryffondor leva les yeux au ciel tandis que Severus haussait les épaules.

- Obligatoirement puisque tu ne sembles pas prendre ta propre sécurité au sérieux.

Drago marmonna une réponse, amenant un sourire sur les lèvres de Harry. Cependant, il résista à la tentation de se moquer du jeune homme et résuma les informations qu'il avait en sa possession pour le mettre au courant.

- Tu n'es pas le seul visé, il y a eu d'autres victimes. Finalement, ce n'était pas nécessaire de chercher quelqu'un qui t'en voulait spécifiquement.

Le Serpentard gonfla les joues, agacé.

- Trouver quelqu'un qui en veut aux anciens Mangemorts ? Tu viens de décrire l'ensemble du monde magique. Il y a ceux qui nous détestent parce qu'ils ont perdu des proches pendant la guerre. Et il y a les autres, qui sont pire encore. Ceux qui n'avaient pas pris position et qui maintenant exigent les pires représailles pour montrer qu'ils sont contre... contre le Seigneur des Ténèbres.

- Voldemort. Tu ne devrais pas avoir peur de son nom Malefoy. Il est mort.

Drago ignora l'intervention et écarta la réflexion de Harry d'un geste de la main.

- Si je ne suis pas une cible précise mais juste... un ancien Mangemort à éliminer, je pense que je peux quitter le monde magique en toute sécurité non ?

Severus grogna, agacé.

- Drago ! Nous en avons parlé il me semble !

Le jeune homme haussa les épaules d'un air indifférent.

- Si tu y tiens, cher parrain, je resterai sagement ici. À attendre de me faire tuer.

Si Harry avait eu le douteux privilège de pouvoir faire perdre son calme à son professeur de potion, ce ne fut rien comparé à la réaction de l'homme face à l'humour grinçant de Drago. Loin d'avoir peur de son parrain, Drago affichait un rictus satisfait.

Amusé, le Sauveur laissa divaguer ses pensées. Il se souvenait de l'époque où ils étaient à Poudlard. Il ne se souvenait pas que Drago ait eu se genre de comportement. Il l'avait toujours vu comme un petit con prétentieux, prêt à tout pour un peu de pouvoir.

S'il avait vu sous le masque du sang-pur arrogant, peut être auraient ils pu être amis malgré leurs différences. Il aurait peut-être réussi à empêcher Drago de prendre la marque.

Soudain, il réalisa que le tueur de Mangemorts pouvait être un de leurs anciens camarades de classe. Ceux qui étaient à Poudlard à l'époque connaissaient le rôle de Drago lorsque les Mangemorts étaient entrés dans l'école. Beaucoup des élèves avaient perdus des êtres chers dans la Bataille de Poudlard.

Penser que l'un de ses camarades pouvait être à l'origine de tout ça lui serra brusquement le cœur. Ceux qui avaient combattu à ses côtés avaient eu confiance en lui, ils l'avaient suivi jusqu'au bout, au risque de mourir. Ils avaient survécu aux atrocités de la guerre comme ils avaient pu.

Beaucoup avaient fait partie de l'armée de Dumbledore, et Harry les avait aidé à apprendre à se battre.

Il sursauta en sentant une main sur son épaule et il croisa le regard inquiet de son ancien professeur.

- Pr... Professeur ? Je suis désolé j'étais plongé dans mes pensées...

- A quoi pensiez vous ?

Harry hésita, n'ayant pas vraiment envie de pointer du doigt ses anciens amis. Mais en croisant le regard gris de Drago, il oublia ses réticences.

- Je me demandais si ça pouvait être un de nos camarades de Poudlard. La plupart de ceux de notre âge savent que c'est Malefoy qui a fait entrer les Mangemorts dans l'école. Je me disais que...

Drago renifla d'un air méprisant.

- Pourquoi se cacher dans ce cas ? Si c'est quelqu'un de Poudlard, il suffisait de m'approcher et de me tuer directement. Je ne me serais pas méfié ! Et ils sont beaucoup ceux de notre année à travailler au Ministère ?

Harry soupira.

- Non. Mais beaucoup ont de la famille qui travaille au Ministère.

Severus se dirigea vers la porte.

- Parfait. Il semblerait que nous soyons d'accord sur le fait que tu es en danger, Drago. Je dois partir. Donc, je compte sur vous pour faire profil bas et ne pas sortir d'ici.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant