C'est marrant que tu dises cela

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Ils étaient tombés d'accord assez rapidement finalement. Harry avait invité Drago à rester chez lui de façon plus formelle, précisant qu'il n'obéissait pas au Maître des potions mais qu'il s'agissait de sa décision. Il n'allait pas le renvoyer alors qu'il pouvait être victime d'une attaque à n'importe quel moment.

En ricanant, il n'avait pu s'empêcher d'apporter des précisions.

- Tu vas dire que c'est mon complexe du héros, mais tu as été innocenté et libéré et je ne supporte pas que... C'est juste une histoire de vengeance, c'est de l'injustice !

Drago n'avait pas répliqué, mais il avait accepté l'invitation d'un hochement de tête. Quels que soient ses sentiments - honte et culpabilité - au sujet de ses erreurs passées, il n'avait pas envie de mourir.

Il savait pertinemment qu'il serait en sécurité auprès de Harry Potter, le Sauveur du monde sorcier avait fait ses preuves et montré sa valeur. Sa propre mère n'avait cessé de l'encenser depuis qu'ils étaient rentrés dans leur Manoir, et son parrain avait développé une étrange confiance dans le Gryffondor qu'il avait martyrisé pendant sa scolarité.

Avec un soupir, Harry fit un signe de tête à Drago pour qu'il le suive. Ils allèrent s'installer dans le petit salon, et Drago prit le temps d'observer autour de lui avec attention.

La pièce était simple. Des murs blancs et vides. Un sofa avec de gros coussins moelleux, un fauteuil devant la cheminée. Une bibliothèque emplie de livres - livres moldus côtoyant des grimoires sorciers.

Sur le manteau de la cheminée, il y avait deux photos : une d'un couple et Drago identifia immédiatement James et Lily Potter. La ressemblance entre le père et le fils ne laissait aucun doutes sur leur identité.

L'autre photo était un cliché représentant trois hommes. James Potter, le professeur Lupin et Sirius Black.

Il se souvint que Black était le parrain de Harry, ce qui expliquait la photo en bonne place.

Drago se serait attendu à plus d'opulence dans la demeure du Sauveur. Quelque chose plus en rapport avec son statut de héros. Rien d'aussi tapageur que le Manoir dans lequel il avait grandi mais... Plus.

Il se rendit compte que Harry l'observait en souriant, un air malicieux sur le visage.

- Ça ira pour supporter ma modeste demeure ? La déco te plaît ?

Drago grogna avec un vague geste de la main.

- Juste un peu de curiosité. Je m'attendais à... Je sais pas en fait. Pour être honnête, je n'ai jamais pris le temps d'imaginer à quoi ressemblerait l'endroit où tu vis.

Harry gloussa.

- Comme tu peux le constater je ne me suis absolument pas inspiré du Manoir Malefoy.

Drago grimaça, se souvenant du jour où Potter était entré dans le Manoir. Il en avait fait des cauchemars.

Pendant des nuits, il n'avait cessé de revivre l'arrivée de Potter au Manoir. Mais les choses dérapaient rapidement dans son esprit. La nuit, il oubliait que cette scène avait déjà eu lieu.

La nuit, il ne parvenait pas à faire croire à Bellatrix qu'il ne reconnaissait pas Potter. La nuit, sa tante cinglée lisait sur son visage que c'était son rival face à eux, et Potter subissait le même sort que Charity Burbage.

Le bref instant où Drago avait été plongé dans ses pensées, Harry en avait profité pour faire apparaître un service à thé et les avait servi avant de se laisser aller en arrière sur le fauteuil. Drago s'installa face à lui sur le sofa, un peu mal à l'aise.

Après avoir siroté le breuvage brûlant pendant quelques secondes, Drago s'éclaircit la gorge et osa poser la question qui le perturbait.

- Et donc, tu ne vois plus la Belette ni Miss-Je-sais-tout ?

Harry se rembrunit et haussa les épaules. Drago avait pensé qu'il n'aurait pas de réponse, mais le Gryffondor finit par parler.

- J'ai préféré couper les ponts. Nous avions... des désaccords.

- Tu plaisantes ? Ils étaient tes ombres à Poudlard.

- C'est marrant que tu dises cela... Je me souviens de tes gorilles...

Drago plissa le nez avant de rire, et Harry le regarda amusé.

- Divergences d'opinion, pour résumer. Hermione a pris comme offense personnelle que je refuse les postes offerts pour le Ministère. Elle a considéré que c'était... du gâchis que je ne profite pas des avantages qui m'étaient offerts.

Le Serpentard leva les yeux au ciel avant de grogner d'un air agacé.

- Et si tu avais accepté elle aurait crié au favoritisme ? Je suppose que la Belette était d'accord avec elle ?

Harry rougit et détourna le regard.

- C'était plus une autre raison avec Ron. Une dispute, rien d'important.

Drago renifla d'un air méprisant puis but une gorgée de thé. Harry en profita pour lui poser une question.

- Et toi Malefoy ? Tes amis ?

Le jeune homme resta silencieux un long moment avant de soupirer.

- Rien de dramatique, juste... la vie. Zabini est allé vivre en Italie avec sa mère et son nouveau beau-père. Parkinson... Elle ne sort plus vraiment de chez elle, elle a eu elle-aussi quelques soucis avec le nouveau monde sorcier...

Harry jura, furieux.

- Tu veux dire que tous les Serpentard sont victimes de ce genre de comportement ?

- Tu vivais où ces derniers mois Potter ? Bien sûr que tous ceux qui sont passés à Serpentard sont les nouvelles cibles du monde sorcier !

Harry se frotta le visage.

- J'en ai eu assez de toute cette... hypocrisie. Je ne sors pas d'ici, et je... Je vois juste Luna de temps à autres et je prends des nouvelles de Neville, mais nous ne parlons pas de ce qui se passe.

- Longdubas et Loufoca ?

Le Gryffondor gonfla les joues.

- Pour ton information, ils ont tous les deux été d'accord avec moi sur le fait que tu ne méritais pas de finir à Azkaban.

Le blond ouvrit la bouche et la referma aussitôt, troublé. Il tenta de masquer son trouble mais Harry ne fut pas dupe et le brun gloussa avant de reprendre.

- Quoi que tu puisses en penser, Malefoy, tout le monde ne te veux pas de mal. Ils savent faire la part des choses. Tu étais un gosse affreux mais... tu ne mérites pas d'être... traité comme ça.

Drago eut un sourire triste.

- Magnifique ironie que ce soit toi qui me dise ça alors que nous étions... ennemis.

- Et maintenant ?

Harry haussa les épaules.

- L'avenir nous le dira.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant