Nouvelles chaussures

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Après la visite de Minerva MacGonagall, Harry et Drago s'étaient isolés chacun de leur côté.

Drago avait passé un long moment perdu dans ses pensées. Il avait oublié toute sa colère envers Harry, pour finalement se demander pourquoi le Gryffondor perdait autant d'énergie à vouloir l'aider. Les actes du Sauveur le perturbaient parce qu'il ne le comprenait pas.

Les choses n'étaient pas sensées se passer de cette façon entre eux. Ils étaient rivaux, pas complices. Avec un soupir, Drago se frotta le visage avant de se lever lentement. Potter changeait tout et le déstabilisait.

Il sortit de sa chambre pour chercher son colocataire forcé...

Après avoir parcouru les pièces sans le trouver, Drago se dirigea avec hésitation en direction de la seule pièce qu'il n'avait jamais visité. Il savait que c'était le bureau de Potter et il ne s'en était jamais approché. Il avait supposé que s'il n'y avait jamais été invité, c'est qu'il n'était pas désiré dans cet endroit.

Il pouvait comprendre que Harry ne souhaite garder un peu de vie privée et jusqu'à cet instant, il n'avait pas cherché à y entrer. Il se surprenait lui-même de tant de délicatesse. A une époque, il se serait fait un plaisir d'envahir chaque parcelle de la vie privée du Gryffondor insupportable... Devant la porte de la pièce mystérieuse, il s'immobilisa, la main au dessus de la poignée. Avec un haussement d'épaules, il entra.

Le bureau de Potter était tel qu'il aurait pu l'imaginer. Une pièce chaleureuse et lumineuse, encombrée. Des murs beige, un sol en parquet, pas de décoration particulière aux murs. Il y avait une photo encadrée sur le bureau, et Drago devina immédiatement que c'était les parents de Harry. L'homme lui ressemblait comme deux gouttes d'eau et la femme avait les mêmes yeux verts.

Il y avait son éclair de feu dans un coin de la pièce, posé contre le mur avec soin. Sur un pan de mur, une grande bibliothèque mêlait livres moldus et grimoires divers. Une parfaite représentation du jeune homme, qui avait un pied dans les deux mondes...

Un bureau devant une grande fenêtre, encombré de papiers. Un ordinateur moldu qui bourdonnait, alors que l'écran affichait paresseusement des spirales complexes. Depuis qu'il vivait dans cette maison, Drago avait pris l'habitude de voir les appareil moldus fonctionner...

Harry était assis à son bureau, penché sur une liasse de papier. Il griffonnait nerveusement, se mordillant la lèvre, les cheveux ébouriffés.

Étrangement, la scène amusa énormément Drago. Il n'était pas surpris cela dit. C'était tellement Potter, cette façon d'être. Entouré de désordre, absorbé par ce qu'il faisait...

Drago hésita et fit un pas dans la pièce, puis un autre se retrouvant juste derrière le jeune homme. Il se gratta la gorge et le brun sursauta violemment, tombant presque de son siège.

Si le Serpentard n'avait pas été en train de lire par dessus son épaule, il aurait probablement ricané pour se moquer de sa réaction un peu trop enthousiaste.

- Malefoy ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

- Je voulais te parler. Tu fais quoi ?

Harry rassembla les papiers en une pile désordonnée et les écarta brusquement, rougissant légèrement.

- Je travaille.

Drago leva un sourcil amusé.

- Ça ressemblait à...

Harry leva la main en se frottant les yeux, passant les doigts sous ses lunettes. Les lèvres de Drago s'étirèrent en un sourire amusé. Il ne put s'empêcher de continuer.

- Je ne pensais pas que Trewlanney avait déclenché une telle... vocation chez toi, Potter.

- Oh pitié ! J'avais besoin d'un travail dans le monde moldu, et je voulais rester chez moi. J'ai pris ce que je trouvais, rien de plus.

Drago ricana.

- Et quel est ce travail qui nécessite de... faire des horoscopes ?

Le jeune homme rougit un peu plus et marmonna une réponse.

- Et bien rédiger la rubrique astrologie d'un journal moldu. C'est... amusant. Et tranquille.

- Personne ne s'est posé de questions sur le fait que le grand Harry Potter signait une rubrique Astrologie ?

Harry cacha son visage dans ses mains, totalement écarlate.

- J'utilise un pseudonyme. Malefoy, je te jure que si tu en parles je...

- Quel pseudonyme ? Et soyons sérieux Potter ? Tu veux que j'en parle à qui ? A celui qui essaie de me tuer ?

Ce fut probablement le ton amer de Drago qui poussa Harry à répondre honnêtement. Les joues encore rouges mais moins gêné, il releva la tête et haussa les épaules.

- Je signe mes chroniques Sibylle. Ça me paraissait... amusant.

Drago resta bouche bée un moment et secoua la tête, une lueur d'admiration dans les yeux.

- Donc, le héros incontesté du monde sorcier, scandaleusement riche, travaille pour un journal inconnu du monde moldu en rédigeant des horoscopes sous le nom de Sibylle ? C'est...

Harry l'interrompit.

- Je m'ennuyais. Je voulais travailler. J'ai pris quelque chose d'amusant.

- Amusant ? Te faire passer pour la pire professeur de Poudlard ?

Harry se mordilla la lèvre, les yeux dans le vague. Puis il haussa les épaules.

- Et bien... Je n'avais pas d'idées au début. J'ai tenté parce que je pouvais travailler de chez moi, et je suppose que...

- Que ?

- Au début je me sentais aussi à l'aise que si j'avais eu de nouvelles chaussures un peu trop raides aux pieds. Puis je me suis habitué à être Sybille.

- C'est... inattendu.

- Que je travaille ?

- Que tu choisisses de faire des horoscopes. De ce que je me souviens, les cours de Trewlanney étaient loin d'être tes préférés.

Ils échangèrent un regard amusé.

- Il n'y avait que Lavande Brown pour aimer ces cours de divination.

- Pansy aimait aussi. Même si elle le cachait bien.

Harry passa la main dans ses cheveux en souriant. Drago laissa passer quelques secondes.

- Pourquoi tu fais tout ça pour m'aider, Potter ?

- De quoi tu parles ?

- Le procès, puis m'héberger, me libérer du Ministère. Être prêt à perdre ta liberté alors que...

- Pitié Malefoy ! Ne sois pas si dramatique. Tu m'as aidé, je t'ai aidé. Le reste est une question de justice.

Drago hocha doucement la tête.

- De justice. J'oubliais que tu restais un indécrottable Gryffondor.

- Tu as conscience que c'est probablement la première conversation civilisée que nous avons ? Sans nous battre ?

- Et c'est tragique.

- Tragique ?

- Severus refusera de nous croire sur parole...

Ils se mirent à rire ensemble, découvrant qu'ils pouvaient s'entendre finalement.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant