Le poids du passé

C'est absurde

Harry était plongé dans son livre quand des coups furent frappé à la porte. Devinant qu'il s'agissait de Severus, il ne prit même pas la peine de se lever, certain que son professeur entrerait.

Quelques secondes plus tard, le maître des potions entrait dans le salon.

- Potter ?

- Professeur. Bonjour.

Harry surprit le regard curieux de Severus autour d'eux et il réprima un sourire amusé.

- Où est Drago ? Vous vous êtes encore battus ?

Le Gryffondor grimaça, un peu honteux de se voir rappeler un épisode dont il n'était pas particulièrement fier.

- Il dort encore, Professeur.

Le professeur de potions grogna en secouant la tête.

- Surprenant, il est habituellement matinal. Vous l'avez drogué ?

Harry se leva brusquement, vexé.

- Amusant, Professeur. Vous venez peut être vous assurer que je ne l'ai pas tué et dépecé ?

Severus renifla et Harry, furieux, se rendit à grands pas vers la chambre de Drago. Il ouvrit la porte à la volée, brutalement.

- Malefoy ! Tu comptes passer la journée au lit ?

Ses mots moururent sur ses lèvres alors qu'il se rendait compte que la chambre était vide. D'une voix mal assurée, il appela le jeune homme, espérant qu'il s'était levé et qu'il était dans la salle de bain. Mais il était certain que Drago n'était plus dans la maison...

Severus arriva rapidement à ses côtés, inquiet.

- Un problème ?

Voyant la chambre vide, il fronça les sourcils.

- Que... ?

- Malefoy est parti.

- Parti, comment ça parti ?

- Il a quitté la maison !

Severus se frotta le visage et grogna avant d'entrer dans la chambre. Il remarqua aussitôt le parchemin sur le dessus de lit et s'en empara.

Il en prit connaissance et blêmit avant de le passer à Harry.

Harry nota le premier mot "Merci". Il fronça les sourcils, trouvant que la formulation ne correspondait pas au Drago Malefoy qu'il connaissait. Avant même de terminer sa lecture, il grogna avant de s'exclamer.

- C'est absurde !

Severus lui jeta un coup d'œil suspicieux.

- Que c'est il passé pour en arriver à ce résultat, Monsieur Potter ?

Harry sentit ses joues chauffer mais il essaya de masquer son malaise en se souvenant de leur altercation de la veille. Il haussa les épaules.

- Rien de différent aux autres jours. Rien qui puisse expliquer ce... genre de réaction.

Le maître des potions observa le Gryffondor à ses côtés et devina qu'ils s'étaient encore disputés. Le jeune homme dégageait une aura de culpabilité.

Pour autant il ne comptait pas l'attaquer de front et lui faire des reproches. Il savait que Drago n'était pas d'un abord facile. Son filleul avait un caractère particulièrement difficile et il avait tendance à ne faire aucune concession. En demandant à Harry de l'héberger, il s'était attendu à des complications.

Il devait avouer qu'il avait été surpris par la patience qu'ils avaient eu l'un envers l'autre. Ils avaient cohabité étonnement bien compte tenu de leurs caractères respectifs et de leur lourd passé.

Il soupira lourdement.

- Je suppose que le plus urgent est de le retrouver avant qu'il ne soit dans une situation critique.

- Que...

- Auriez-vous oublié pourquoi Drago est venu se terrer chez vous ?

Harry s'empourpra violemment et détourna le regard.

- Oh. Non. Bien sûr.

Severus leva les yeux au ciel, exagérant le mouvement pour que Harry ne loupe pas son expression agacée. Il connaissait suffisamment le gamin pour savoir que ce dernier allait immédiatement réagir, avec l'impulsivité des Gryffondor, et oublier sa culpabilité quelques instants. Un Harry Potter culpabilisant serait capable de se lancer sans réfléchir à la recherche de Drago pour le secourir, en bon héros... Et il ne voulait pas un deuxième gosse en danger dans la journée. Vexer le jeune homme pour le faire se sentir mieux était un bonus non négligeable après tout.

Le maître des potions retint un sourire victorieux en entendant Harry grogner d'agacement. D'une voix neutre, il demanda à Harry du parchemin et une plume.

- Je vais informer Minerva de la situation.

- Je n'irai pas à Poudlard.

- Je l'avais parfaitement compris la dernière fois que nous avons évoqué le sujet, rassurez-vous.

Harry le dévisagea d'un air septique avant de soupirer et de quitter la pièce quelques instants.

Lorsqu'il revint, il tendit une feuille de papier et un stylo à Severus, rougissant légèrement.

- Je n'ai jamais aimé écrire à la plume alors...

Severus haussa un sourcil.

- Vous devriez en avoir chez vous au cas où vous ayez besoin de communiquer avec le monde magique, Potter. Beaucoup de sorciers verraient d'un mauvais œil de recevoir un courrier écrit avec ce genre de matériel.

Harry ouvrit la bouche et la referma avant de grogner.

- Je vous rappelle que j'ai coupé tout lien avec le monde magique. Jusqu'à ce que vous m'envoyiez Malefoy pour que je joue les nounous.

- Une nounou qui perd l'enfant dont elle a la charge ? Voilà qui est glorieux.

Harry quitta la pièce à grands pas, furieux, alors que Severus ricanait aussi doucement que possible en griffonnant un mot à Minerva pour l'informer du départ de Drago.

Il espérait que son filleul n'était pas en danger, et il comptait bien retourner le monde moldu dans son ensemble pour le ramener par la peau des fesses chez Potter. Et s'il devait l'enchaîner au lit pour que ce fichu gamin reste tranquille, il n'y verrait pas le moindre inconvénient.

Son mot terminé, Severus plia la mince feuille de papier, marmonnant à propos du papier trop fin et trop fragile du monde moldu, regrettant les épaisses feuilles de parchemin qu'il avait l'habitude d'utiliser. Il allait appeler Harry pour lui demander d'amener une chouette quand le jeune homme revint, le regard noir.

Il lui tendit une enveloppe - bien évidemment moldue. Puis, d'un geste, il lui désigna la chouette qui attendait patiemment posée sur un porte manteau dans le couloir, prête à prendre son message et à le transmettre.

Il attacha la lettre à la patte de l'animal et lui donna les instructions.

- Minerva MacGonagall, Poudlard. Et reviens dès que tu lui as remis le pli.

La chouette partit immédiatement. Lorsqu'elle eut disparut de sa vue, Severus se tourna et tomba nez à nez avec Harry, bras croisés, adossé contre le chambranle de la porte.

- Et bien, que faisons nous maintenant ?

- Nous ? Vous allez rester sagement ici, pendant que j'irais trouver Drago, où qu'il soit.