De l'ordre dans ma folie

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Harry était encore en train de ruminer les mots de Drago, et son intention de quitter le monde magique quand Severus arriva.

Face à l'air sombre de son professeur, Harry fronça les sourcils. Il était déjà de mauvaise humeur et l'expression de Severus lui annonçait une conversation pénible.

Le visage fermé il se décala pour laisser entrer l'homme et grogna une salutation.

En entrant, Severus étouffa un soupir. Il sortait du Ministère et sa réserve de patience était déjà épuisée. Il supposait que les deux jeunes hommes avaient fini par se disputer, et que d'ici peu de temps il risquait d'être pris à parti.

L'effet fut immédiat pour son humeur, malheureusement pas dans le bon sens. Il se rembrunit davantage et attaqua à peine arrivé dans le salon.

- Bien Potter. Et si vous me disiez quel est le problème ?

Harry souffla et haussa les épaules.

- Tout va bien professeur. Que vouliez-vous ?

- Peut être vérifier que vous étiez toujours en vie ? Ce n'est pas comme si vous aviez passé votre scolarité à vous battre avec Drago après tout !

Le Gryffondor ricana. Severus se pinça la base du nez et se tourna brusquement, essayant de reprendre son calme. Il commença à parler d'une voix froide.

- Je sors juste du Ministère. Votre intervention auprès de notre cher Ministre n'est pas passée inaperçue. Je ne sais pas ce que vous espériez mais maintenant vous voilà revenu en pleine lumière.

- Je ne...

- Vous ne quoi, Potter ? Vous avez une fois de plus foncé tête baissée sans réfléchir, et voilà que Shakelbot veut que vous reveniez au bercail !

Harry poussa un cri agacé.

- Vous n'êtes plus mon professeur ! Vous n'avez plus le pouvoir de me sermonner comme vous le faisiez... Je n'ai pas de comptes à vous rendre.

- Effectivement Potter. Vous n'avez pas de comptes à me rendre maintenant que vous êtes majeur. Cependant, lorsque vos décisions stupides ont un impact direct sur ma vie, j'estime avoir mon mot à dire.

Harry fronça les sourcils, perplexe.

- Quoi ? Que voulez-vous dire ?

- Shakelbot m'a menacé de me rendre la vie... compliquée si je ne redevenais pas espion et si je ne vous livrais pas sur un plateau d'argent.

- Fichu abruti... Je vais...

- Rien du tout ! Vous n'allez rien du tout. J'ai du accepter de revenir à son service, mais il ignore que nous sommes en contact et que je sais où vous vivez. Donc vous allez calmer vos ardeurs et vous tenir tranquille. Ça devrait être dans vos cordes non ?

La colère de Harry retomba brusquement alors qu'il prenait conscience que par sa faute son professeur était de nouveau piégé entre les griffes du Ministère. Il fit quelques allées et venues nerveuses avant de donner un coup de poing dans le mur.

Il grogna sous la douleur, et se retourna brusquement.

- Je peux très bien lui rappeler de vous laisser en paix.

- Potter. Il ne me lâchera pas. Il a des moyens de pressions, des moyens de faire de ma vie un véritable enfer. Alors pour l'instant, je vais jouer les petits espions obéissants. Quand à vous, vous allez cesser de vous faire remarquer. Je vous rappelle que vous êtes sensé protéger Drago.

A ces mots Harry laissa échapper une exclamation amère et Severus fronça aussitôt les sourcils.

- Quoi ? Qu'est ce qui se passe avec Drago ?

- Hormis le fait qu'il veuille quitter le monde magique ? Rien.

- Quitter... le monde magique ? Mais pourquoi ?

- Si vous arrivez à avoir des détails, prévenez-moi. Je suppose qu'il n'aime pas être ici. Et la mort de Lucius n'a pas aidé les choses.

Severus se passa une main sur le visage.

- Potter. Je ne vous demande pas l'impossible quand même ! Vous n'êtes pas obligés de... devenir les meilleurs amis. Juste de cohabiter !

- Ce n'est pas si simple. Je dois... Je dois d'abord remettre de l'ordre dans ma folie, vous voyez ? Je pensais... Je le déteste et je me bat pour le retenir près de moi !

Le maître des potions resta silencieux avant de secouer la tête.

- Je vais parler à Drago mais vous devez rester ici. Cachés. L'un et l'autre. Je viendrais vous voir quand j'aurais plus d'informations.

- Vous connaissez le chemin, allez-y. Bon courage avec cette fichue tête de mule !

En entrant dans la chambre attribuée à Drago, Severus s'attendait à trouver son filleul bougon, ou en colère. Peut être vexé. Probablement prêt à lui hurler dessus pour qu'il l'éloigne de son rival de toujours.

Il marqua une pause sur le pas de la porte, sans pouvoir cacher sa surprise. Drago était allongé sur le lit, un livre à la main. Vêtu d'un jean et d'un tee-shirt, pieds nus, il semblait calme et d'excellente humeur.

- Drago ?

- Severus ! Je ne savais pas que tu devais passer.

Le jeune homme se releva avec un sourire ravi, l'air détendu.

Le professeur de potions secoua doucement la tête, jurant à mi-voix, pestant contre ces deux gamins qui semblaient décidés à le faire tourner fou.

- Ce n'était pas prévu. Harry m'informe que tu...

Drago le coupa en ricanant.

- Depuis quand tu l'appelles Harry ? Et si tu parles de ma décision de quitter le monde magique, c'est effectivement vrai.

- Tu es plus en sécurité ici.

- Je ne vais pas imposer ma présence à Potter plus que nécessaire.

- Drago...

- Je vais demander à Mère de me suivre et nous irons dans le monde moldu. Ou à l'étranger si nous le pouvons. Il n'est pas nécessaire de continuer à supporter ce rejet constant après tout.

- Ça suffit ! Tu vas rester ici pour l'instant, que ça te plaise ou non. Tant que nous ne savons pas ce qui se passe, tu n'es en sécurité nulle part.

Drago s'apprêtait à protester mais Severus le stoppa d'un regard glacial.

- Tu peux protester autant que tu veux, ça ne servira à rien. Tu es en sécurité ici, à condition que vous restiez à l'intérieur. Vous avez réussi à cohabiter sans vous entretuer jusqu'ici, c'est donc que vous en êtes capable. A ma grande surprise.

- Parce que si nous nous étions entretués ça aurait réglé ton problème ?

- Hilarant. Cesse de faire l'enfant et grandis un peu Drago. Tu ne peux pas fuir à la première difficulté. Et tu ne peux pas rejeter l'aide qui t'es apportée sous prétexte que tu n'aimes pas ça.

Drago hésita à protester un peu, mais le regard de son parrain lui fit abandonner toutes velléités de révolte.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant