Conflit extérieur

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Severus était en compagnie de Minerva quand le hibou envoyé par Drago était arrivé. Il avait grogné en le voyant arriver, devinant sans peine que son filleul allait encore se plaindre. Il aurait pu prendre congé immédiatement pour lire le message en toute discrétion, mais il savait que l'écossaise ne lui laisserait aucun répit jusqu'à savoir précisément ce qui se passait.

La directrice de Poudlard leva un sourcil amusé, attendant qu'il prenne connaissance de la lettre devant elle.

Severus soupira de dépit avant de froncer les sourcils en prenant connaissance des mots de son filleul. Drago se plaignait certes, mais il devinait que le jeune homme se sentait vraiment mal au travers de ses mots.

Minerva attira son attention en posant une main sur son bras.

- Tout va bien, Severus ?

- Je ne suis pas certain... mais...

- Et bien ? Il y a un problème avec les garçons ?

Severus eut un léger rictus. Minerva avait toujours eu un faible pour le plus célèbre des Gryffondor, et elle s'était pris d'affection pour Drago en le découvrant sous un nouveau jour. Elle ne le disait pas clairement, mais le professeur de potions la connaissait depuis suffisamment longtemps pour se rendre compte qu'elle était réellement inquiète et soucieuse au sujet du bien être du jeune homme.

Il soupira.

- Ils se sont probablement battus une fois de plus. Rien de grave.

- A quoi pensiez-vous, Severus ? Les isoler tous les deux alors qu'ils... ne sont pas capables de rester dans la même pièce sans s'affronter.

- Ce n'est pas aussi terrible que vous pouvez le penser, Minerva ! Tout c'est parfaitement bien passé jusqu'à maintenant.

La Directrice leva un sourcil amusé et désigna du regard le papier dans la main de Severus.

- Réellement ?

- Ce n'est pas comme si j'avais eu beaucoup d'options. Potter était la seule solution qui s'ouvrait à moi... Je savais qu'il ne refuserait pas de m'aider. Il a pris parti pour Drago à son procès, il n'allait pas le laisser se faire tuer après ça !

- Dois-je vous rappeler Severus que Poudlard est un sanctuaire ? Que nous aurions pu accueillir le jeune Malefoy pour le protéger ?

Severus grimaça. Il savait que Minerva en viendrait à proposer l'asile à Drago. Cependant, aussi tentant que celui puisse être, il était déterminé à refuser son offre, quoi qu'elle puisse en penser. Il était convaincu que l'école n'était pas la solution. Il y avait eu suffisamment de batailles et de larmes versées entre les murs de pierre du château. Pour une génération de sorciers, Poudlard serait associé à Voldemort, aux élèves morts en essayant de défendre la place et à la bataille finale qui avait permis à Harry Potter de l'emporter...

- Minerva... C'est un conflit extérieur à Poudlard et le risque de mettre en danger les enfants était trop important.

- Sottises ! Ce sont d'anciens élèves de Poudlard, il me paraît logique de...

- La plupart des sorciers d'Angleterre sont d'anciens élèves de Poudlard. Allez-vous inviter tout le peuple britannique à venir ?

Minerva grommela entre ses dents avant de se redresser.

- Que dit ce message, Severus ?

Le maître des potions leva les yeux au ciel, agacé de la détermination de l'écossaise. Puis il souffla.

- Drago ne veut plus rester chez Potter.

- Vous allez donc le faire venir à Poudlard, finalement ? Je sais que Harry refuse de revenir ici mais...

- Non. Il va rester avec Potter.

Minerva secoua la tête en signe d'incompréhension.

- Je ne saisis pas, Severus. Ils se battent en permanence, et vous les forcez à cohabiter malgré tout.

- Ils sont actuellement en sécurité.

- Jusqu'à ce qu'ils ne s'entretuent.

Severus haussa les épaules. Il ne savait pas vraiment comment justifier son idée. Il savait juste que c'était la meilleure chose à faire, laisser ces deux là ensemble. Il était persuadé qu'ils arriveraient à s'entendre au final.

Et le professeur de potion ne pouvait pas avouer qu'il était finalement un sentimental optimiste. Il était fermement convaincu que les deux garçons pouvaient mutuellement s'aider. Pas uniquement pour rester en vie - bien que de ce côté là il y ait des précédents... Après tout, de ce qu'il en avait entendu, Drago avait sauvé la vie de Potter quand ce dernier avait été capturé par des rafleurs. Et le sauveur avait sauvé Drago du feudeymon lorsqu'ils s'étaient retrouvés dans la salle sur demande à la recherche d'un des horcruxes.

Il était certain que Harry était celui qui pouvait soulager le mal être et la culpabilité de Drago. Le Gryffondor pouvait l'aider à vivre enfin normalement au lieu de rester bloqué par l'éducation donnée par Lucius et les mauvais souvenirs qu'il gardait de la guerre.

Quand à Drago... Personne d'autre ne pourrait pousser suffisamment le Sauveur dans ses retranchements pour le faire sortir de sa coquille et de sa maison, pour lui permettre de mettre la guerre et ses horreurs derrière lui. Drago l'empêcherait de se renfermer sur lui-même, de chercher à oublier qui il était.

Dumbledore avait peut être déteint sur lui avec ses manigances. C'était bien le genre de son ancien mentor que de penser à des stratagèmes du style pour aider les gens sans qu'ils ne le demandent. Il ne comptait cependant pas en faire une habitude : une fois que cette histoire serait terminée, et que les deux garçons seraient en sécurité, il ne chercherait plus à interférer et s'en laverait les mains.

Alors que Minerva allait insister, il la coupa brusquement.

- Vous avez peur que Drago ne fasse du mal à votre précieux petit protégé Minerva... Et pourtant, vous êtes prête à le faire venir au sein de Poudlard... Vous devriez une fois pour toute décider de si vous avez confiance en Drago Malefoy ou non.

La sorcière se redressa brusquement, vexée et pinça les lèvres. Après un regard réfrigérant sur son collègue, elle tourna les talons pour s'éloigner d'une démarche un peu raide.

Severus se passa une main sur le visage en soufflant, pensant qu'il ne serait pas facilement pardonné de cette petite pique.

Resté seul, Severus froissa le mot de Drago, décidant de ne pas lui répondre immédiatement. Il leur rendrait visite un peu plus tard, pour s'assurer qu'ils étaient en vie tous les deux, et qu'ils ne s'apprêtaient pas à déclencher une nouvelle guerre.

Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant