Chapitre 8

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Un après midi pluvieux et venteux, fin août, Benjamin arrive tout essoufflé, il a cherché son père un peu partout avant de le trouver en train d'aider à bricoler un bateau.

- Martin! Il faut que tu viennes, maman t'appelle, j'ai l'impression qu'elle ne va pas bien.

Il se précipite bien sur en suivant Ben. Quand ils arrivent chez eux, elle est tombée, une mare de sang sous elle.

- le bébé... articule t elle faiblement, ça ne va pas... je saigne beaucoup... beaucoup trop...

- on va à l'hôpital... à Oslo... non Stavanger, c'est plus près... oh, min kjærlighet, tu saignes tellement...

Elle est à demi évanouie, il la soulève dans ses bras, les clefs de l'hydravion entre les dents.

Les autres, ameutés par Benjamin, arrivent en courant.

En silence, Max ouvre la porte de l'appareil et aide son ami à allonger Nikita sur la banquette, et à la sangler.

- tu fonces à Stavanger? C'est l'hosto le plus près...

- oui...

- dépêches toi, nous on prévient les secours là bas!

Swen s'interpose.

- hey! Vous êtes marteaux!! vous avez vu le temps? C'est une tempête arctique qui nous tombe dessus!

Mais Martin a déjà sauté aux commandes et démarré. Les mâchoires serrées, il souffle:

- pas le choix!

Natacha, ses yeux gris emplis de panique, s'approche, toute tremblante.

- je t'appelle dès que... dès qu'il y a des nouvelles!! crie t il pour couvrir le bruits des hélices qu'il pousse à fond pour décoller malgré le vent. Vous restez avec Hak!!

Le vol est terrible... le petit appareil est ballotté par les bourrasques, la visibilité n'est pas de plus de 3 mètres. Nikita a perdu connaissance, son sang coule...

- Ici le port de Stavanger!! grésille la radio, où êtes vous?

- j'arrive! je devine la lumière de votre phare en visuel!

- les conditions sont très mauvaises, c'est du suicide!!

- ma femme est en train de mourir, crie t il, que les secours se tiennent prêts!

Après une première tentative où il croit que l'hydravion va se briser, il parvient à amerrir.

Les secours qui l'attendent sur le ponton débarquent Nikita, lui posent une perfusion, l'embarquent dans l'ambulance... et partent sirènes à fond...

Le responsable du port s'approche de Martin, hagard, qui est resté sans bouger, insensible à la tempête, devant son avion.

- Mr, c'est un sacré amerrissage! Vous êtes un putain de pilote! Venez, je vous aide à nettoyer tout ce sang... et puis on va vous trouver des fringues... les vôtres sont couvertes de sang...

Mais Martin n'entend pas, une question lancinante tourne en boucle dans son esprit: comment une personne si menue  peut elle perdre autant de sang et vivre encore? Comme un automate, il rince son avion  des litres de sang que sa femme a perdu... puis suit le chef... il passe les vêtements qu'on lui tend et accepte un café.

Il se lève et les remercie.

- attendez, mon vieux, l'hôpital n'est pas tout à coté, je vous y emmène...

- merci.

Arrivé à l'hôpital, et ayant demandé des nouvelles à l'accueil, une infirmière le guide jusqu'à un couloir sombre. Elle lui désigne des chaises. Émue par sa détresse, elle s'assoit près de lui.

ENCEINTE DE TOI        M.A.P.L.V. tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant