Chapitre 26

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Les autres, devant leurs yeux gonflés et mines désespérées, ne firent aucun commentaire.

Nikita referma le rideau et commença tout de suite à retirer les pansements imbibés de sang de son mari. La piqûre anti douleur lui fit l'effet d'un cadeau du ciel.

- parles moi, supplia t il au bout d'un moment où elle s'activait sur son dos en silence, tu es fâchée?

- oui! après moi de t'avoir fait courir...

- les points ont sauté?

- non heureusement, ce ne sont que les croûtes de deux petites coutures, là et là... la plus profonde a bonne mine... tu veux voir en photo?

- non, non... tu as bien fait de me faire courir... je l'avais mérité... je m'excuse...

Il resta silencieux un moment puis continua d'une voix qui tremblait:

- comment je fais? dis moi... quand... je pars en mode fantôme... je vais pas me mettre à chialer... comme une petite fille...

- pas moyen de pleurer... disons virilement?

- j'sais pas...

- moi, quand ça m'arrivait, je m'efforçais de me contrôler et j'attendais que ça passe... puis tu es arrivé dans ma vie... et tu as su m'apaiser...

- c'est ce que tu as essayé de faire tout à l'heure, fit il d'une voix blanche, et moi, je t'ai envoyée promener comme un âne...

- est ce que la prochaine fois, tu crois pouvoir accepter que je t'aide? Après tout, c'est ce que je suis en train de faire là, en ce moment... mais ce n'est pas... psychologique...

- je vais essayer et je te demande de m'engueuler si je deviens agressif...

- non... je peux pas gérer... «agressif»... j'en suis incapable... ma... mon parcours de vie... fait que je ne peux pas... tout simplement pas... ça me détruit...

Il se mit sur le coté et l'attira contre lui, bouleversé:

- je comprends, je te demande pardon... tu mérites une grossesse heureuse, protégée... et moi, je suis qu'un con... je me sens minable..

- tu as eu le courage de dénoncer les cartels de la drogue, tu as été enlevé, torturé et tout ça sans perdre ton âme... tu es revenu en vie et pas en si mauvaise santé que ça parce que tu es costaud... mais à présent, on va devoir apprendre à gérer nos deux... traumatismes... alors moi je suis fière, et même si mon Hulk est un peu patraque, il n'est pas minable...

- Hulk...

- ben c'est pas ça, l'idée d'un bonhomme fort qui résiste à tout?

- tu as raison, c'est débile...

- c'est pas débile, c'est impossible, et ça va nous détruire... et je suis dans une situation où je ne peux pas laisser ça arriver...

- je t'aime, min kjærlighet.

- je t'aime Hulk.

Passant la main derrière sa nuque, il attira son visage et l'embrassa passionnément. Elle s'écarta le souffle court.

- stop... souffla t elle, ou la liste des mauvais traitements que tu as subi va s'allonger...

- ah oui?

- tu te rends pas compte que tu risques d'être victime d'un viol, si tu continues...

- tu as mon consentement total... fit il en passant la main sous son polo de l'armée italienne.

- stop, répéta t elle tout doucement, incapable de résister à ses caresses... y a la reine de Norvège derrière le rideau... Bestemor ne nous pardonnera jamais ce crime de lèse majesté...

Il leva la main .

- OK. Tu as raison...

- aller, y a encore tellement de plaies à te désinfecter...

Elle se remit au travail le cœur battant. Une fois bien soigné, il s'assit sur la banquette et l'attira contre lui, lui murmurant tout contre les cheveux.

- je m'en veux tellement de t'avoir fait du mal...

Il l'embrassa avec émotion. Nikita s'écarta en souriant.

- dis moi? Quand m'as tu regardée pour la dernière fois?

- comment ça 'regardée'? Je te regarde...

- et que vois tu?

Il sourit.

- je vois la femme de ma vie... une sirène belle à se damner, une femme très séduisante, très désirable...

- non, non, souffla t elle, tu regardes pas bien...

- comment ça, je regarde pas bien?

- bon, je reconnais qu'avec cet uniforme, c'est pas flagrant...

Elle souleva son polo, dévoilant dans son treillis, son ventre qui s'était déjà un peu arrondi.

Martin sursauta, les yeux écarquillés.

- oh merde!!

- tu vois, tu regardais pas bien...

Elle lui prit la main qui tremblait comme une feuille et la posa sur son ventre. Elle sentit l'angoisse le submerger tandis qu'il la serrait doucement contre lui sans retirer sa main. Il respira profondément et, appuyant son front contre le sien, chercha son regard.

- au secours...

Elle posa la main sur la sienne et sans un mot, juste par son regard plein d'amour chercha à lui donner la force de reprendre le contrôle de lui même. Le temps s'arrêta, ils restèrent ainsi, leurs deux mains enlacées sur ce ventre qui criait leur amour, les yeux dans les yeux... peu à peu, leurs rythmes cardiaques s'harmonisèrent. Martin retrouva sa sérénité. Ils ne bougèrent pas savourant cette étreinte qui allait bien au delà d'un contact charnel.

- je t'aime mon Hulk...

Il rit doucement.

- comment c'est possible? Y a trois jours quand ils t'ont fait l'échographie, tu avais le ventre plat...

- ils grandissent nos papillons... et d'ailleurs sauf si tu tiens vraiment à Krakken et Mobydick, il va falloir qu'on s'y mette niveau prénoms...

- non je ne tiens pas particulièrement à Krakken et Mobydick... en fait, pas du tout...

Les autres les appelèrent pour dîner. Ils ne se poseraient en Italie qu'au petit matin. Ils les rejoignirent, Nikita mangea trois bouchées de tout et se jeta sur une infusion.

Personne ne parla beaucoup pendant le repas.

Nikita refit les soins de son mari et, épuisée, se laissa tomber dans un fauteuil pas trop loin de lui. 30 secondes plus tard, elle dormait, les jambes pliées devant elle, en boule, les mains croisées sur son ventre.

- position de protection des bébés... commenta Max avec un petit sourire.

- tu devrais te reposer toi aussi, fit Alvilde à Martin.

- il s'est passé exactement ce qui tu avais dit à la fin de l'électro tour...

- oui, je l'avais compris... mais tu as su la rassurer... finalement...

- tu parles... je suis même pas en état de me rassurer moi même...

- et ben? On s'en fout de ça, non? Que tu sois mort de trouille ou pas, tu peux être présent pour elle puisqu'ils t'ont pas tuer, ces ordures, non? Tu peux la prendre dans tes bras et la serrer fort pour la rassurer... non, c'est pas possible? Vous êtes sûrement le couple le plus fusionnel de la terre, alors si tu mets 2 mètres entre elle et toi, ben forcement, elle se recroqueville dans son coin... même toi, tu serais mieux, non?

Il resta un moment silencieux, frappé par la justesse de ses propos. Elle avait raison... elle voulut lui ébouriffer les cheveux comme elle faisait d'habitude mais arrêta son geste faute de cheveux, il soupira et lui souhaita bonne nuit.

ENCEINTE DE TOI        M.A.P.L.V. tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant