L'émotion terrassa encore le futur papa, d'angoisse. Ils sortirent de la salle d'examen et s'assirent en face de la mer, silencieux blottis l'un contre l'autre. Une odeur de nourriture vint leur chatouiller les narines, cela sentait la tomate, l'ail et les herbes aromatiques.
- tu veux pas qu'on mange un peu? Demanda Nikita.
- je veux que tu manges le plus possible pour reprendre des forces... tu es squelettique... min kjærlighet!
Deux minutes plus tard, elle dévorait un osso bucco, alors que lui s'attaquait à un plat de poisson. En soupirant «j'adore l'Italie». Ils repartirent, l'estomac bien calé vers leur ambulance, Nikita finissant une glace. Le trajet ne fut pas une partie de plaisir, heureusement la piqûre finit par faire effet, et Martin s'endormit ...
L'ambulance eut le privilège d'accéder directement à l'hôpital. L'obstétricien arriva en courant croyant à une urgence pour sa patiente. Il fut soulagé. Elle le suivit néanmoins pour la batterie de contrôles dont ils avaient parlé pendant que Martin partait avec un médecin.
Finalement, Martin redescendit derrière le médecin globalement satisfait de son état de santé. Il trouva Nikita, les larmes aux yeux, en train de se disputer avec la sage femme.
- on fera comme je dis!! s'écriait Nikita, un point c'est tout!
- moi j'ai passé l'age de céder aux caprices, même d'une danseuse étoile à la con!!
Il s'interposa.
- oh, vous pouvez pas parler correctement?
- ah le voilà!!! vous parlez d'une affaire!!!
Nikita fit quelques pas de coté, cherchant à garder son calme.
- quoi, me voilà? Quelle affaire? Et je vous conseille de changer de ton!
- pas moyen de lui faire l'écho, parce que le papa n'est pas là!!
- et bien, je suis là, allons y...
- je ne suis pas à la disposition de votre starlette, je finis dans une demi heure!
Une infirmière qui passait par là fut mise à contribution pour aller chercher le docteur Gliarno. Il arriva en courant. Lui, son problème, c'était la femme enceinte bouleversée accoudée à la fenêtre. Il se dirigea vers Nikita, laissant Martin tempêter après la sage femme.
- que se passe t il? Mme Malket?
- je... j'ai juste voulu attendre mon mari... pour faire l'échographie... elle... voulait rien entendre... je... enfin, il a été enlevé, je ne pensais pas le revoir vivant... et il s'en est sorti... j'ai besoin de partager... ce bonheur avec lui... je ne demande pas la lune... même si on doit revenir un autre jour...
- je comprends... je comprends tout à fait... Mr... venez par ici, on a besoin de bras réconfortants...
Martin arriva et serra sa femme dans ses bras. Elle se pelotonna contre sa poitrine.
- voilà, respirez tranquillement... tous les deux... le parc est splendide en automne, je vous prescris une petite promenade d'amoureux, des mots d'amours et des baisers.... je m'occupe de mon employée qui a eu une attitude impardonnable et disons dans un quart d'heure, je reviens vous chercher dans les allées et on la fera tranquillement cette échographie... OK?
- j'aime bien ses ordonnances à lui... fit Martin. Tu viens, min kjærlighet?
- avec plaisir... oh quelle connasse!! j'y crois pas! Je l'ai pas agressée, tu sais...
- oh je me doute bien... mais quand elle t'a mal parlé, elle a eu en face d'elle ma sirène des Lofoten... Merci... merci d'avoir tenu à ma présence... Je suis curieux de les voir grandir nos papillons... tu les sens? je veux dire, si ils bougent...
- non, pas encore...
- tu es en train d'attraper un ventre bien rond en quelques jours... sourit il.
- ben, ils sont deux.... je stresse tu sais... si ça continue à ce rythme là, dans 7 mois, je serai une baleine... une montgolfière...
En riant, il se mit à lui chanter le tube de what «waiting for the whales».
Tous les deux riaient quand le docteur les rejoignit. Ils les guida jusqu'au petit restaurant devant l'hôpital et leur offrit un verre.
- je suis désolé pour ce problème... ce n'est pas digne de notre réputation... il y a déjà eu des... soucis avec cette sage femme... pouvez vous nous pardonner?
- oui, bien sur...
- je tiens tout particulièrement à ce que les grossesses dont je m'occupe se déroulent dans la SERENITE et sur ce coup là, c'est raté...
Martin baissa la tête, très mal... Nikita posa doucement la main sur la sienne et prit la parole d'une voix ferme.
- docteur, j'ai eu deux enfants suite à des viols qui vont très bien, ont été des bébés calmes et épanouis... pourtant mes grossesses ont été cauchemardesques, alors pour celle ci, oui, je pleure beaucoup, mon mari a été enlevé, il est couvert de cicatrices atroces et vous venez lui parler de sérénité... nous ne sommes pas sereins et je trouve injuste de nous mettre la pression.
- stop... sourit le médecin, stop, quelle tigresse! Ne croyez pas que je distribue des diplômes de futur papa validés ou pas... je vous regarde tous les deux, je vois bien que vous êtes blessés, je dis vous... le couple que vous formez... je vous vois blessés, fatigués mais unis, amoureux et si vous ne vous trouvez pas sereins... je peux vous dire que j'ai vu des parents beaucoup plus près de la crise de nerfs que vous...
Il avait un regard outremer et un autre gris sur lui, mi soulagés mi dubitatifs.
- vous êtes revenu depuis combien de temps?
- 4 jours...
- 4 jours qui n'ont pas du être faciles... je suppose que vous vous êtes disputés... malheureusement, nous autres humains, nous nous réfugions souvent dans l'agressivité dans les tempêtes et pourtant, vous avez préservé l'essentiel... je ne suis pas inquiet, ni pour vous ni pour ses petites merveilles que vous nous préparez... je ne veux pas que des disputes sordides et inutiles viennent parasiter votre sérénité... par contre une bonne engueulade à l'italienne où on pète vigoureusement la vaisselle et qui finit par une réconciliation sur l'oreiller, là OK, c'est même à ça qu'on reconnaît les couples qui dureront!!
Ils rirent en échangeant un regard complice.
- ça marche pour les engueulades qui font péter les coutures du dos, docteur? Sourit Nikita.
- vous l'avez fait courir?? bravo!! oui tout à fait! Mais n'abusez pas...
VOUS LISEZ
ENCEINTE DE TOI M.A.P.L.V. tome 2
Roman d'amourla suite... ils se sont trouvés... maintenant, il faut tenir le coup... s'aimer assez fort.