11 • Manelle

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Même si ça fait cliché de le dire, je ressens aussitôt comme une nuée de papillons qui s'envolent à l'intérieur de mon ventre pour remonter vers ma poitrine.

Je ne réagis pas immédiatement, et alors qu'elle se recule après quelques secondes, sûrement à cause de mon manque de réaction, je l'en empêche en passant ma main dans son cou.

Ce qui me fait légèrement mal, mais vu les circonstances on ne va pas chipoter .

Quand on se sépare, je ferme les yeux et pose mon front sur le sien.

Sa main droite fait des petits cercles sur mon dos alors que mon pouce gauche caresse lentement sa joue.

- Manelle... murmure-t-elle.

Je ne répond pas, n'ayant pas envie de quitter la bulle dans laquelle ce moment vient de me plonger.

- Manelle. reprend-elle sur un ton taquin.

Je grogne et enfouis ma tête dans son cou alors qu'un frisson de froid me parcoure le corps, les yeux toujours fermés.

- Manelle. Il va falloir que tu te débrouilles avec ton soutif parce que si c'est moi qui m'en occupe, ça risque de... dégénérer. Ce qui serait mauvais pour tes côtes.

Je grogne une nouvelle fois, mais ayant vraiment froid, je finis par me détacher d'elle en ouvrant les yeux, et de simplement me mettre dos à elle avant de faire tomber le dernier vêtement qui me couvre le haut du corps.

J'attrape ensuite sur son lit mon tee-shirt de nuit que j'enfile, en essayant d'avoir le moins mal possible. Puis je me retourne pour accéder à la salle de bain et me changer le bas.

En faisant ce geste, je me retrouve face à Mallory, qui me fixe avec les yeux écarquillés (enfin, qui fixe ma poitrine à travers mon tee-shirt). J'esquisse un sourire en coin, avant de reprendre sa phrase de la dernière fois:

- Mademoiselle mate?

Elle rougit et détourne le regard avant d'aller s'allonger sur son lit et de couvrir son visage d'un oreiller.

- Non.

- Mais oui, bien sûr...

Je lève les yeux au ciel puis rit légèrement avant de me diriger vers la salle de bain.

Une fois à l'intérieur, je me change rapidement puis reviens dans la chambre, où Mallory s'est dégagée de son oreiller pour s'asseoir en tailleur sur ses draps.

- Il faut que je te dise quelque chose.

Comprenant à son ton sérieux de quoi elle souhaite parler, j'acquiesce et m'assieds à mon tour sur mon lit, face à elle.

La surveillante prend une profonde inspiration puis lâche, en se tordant nerveusement les mains:

- C'est à propos de ton mari.

Je me pince les lèvres et mes yeux s'emplissent de larmes sans que je ne puisse les en empêcher. Comme si ils en avaient marre de contenir depuis trop longtemps ces larmes refoulées. Et ce, même si je savais de quoi il allait être question.

Voyant cela, Mall se lève immédiatement et vient s'asseoir à côté de moi pour me prendre délicatement dans ses bras.

C'était le geste de trop.

Je craque enfin, après ces trois années à tout refouler. Tout lâche. Toutes mes barrières.

Je pleure comme une enfant, la tête enfouie dans le creux du cou de Mallory, qui fait des aller-retours avec sa main dans mon dos.

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