46 • Noela

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Des hurlements me réveillent au milieu de la nuit. Le réveil indique 3:30. Mon premier réflexe, mal réveillée, est de penser à un rêve ou un cauchemar. Mais je me souviens quelques secondes plus tard que Coco dort ici.

- Merde.

Je me lève et atteint le plus vite possible sa chambre. Elle a fermé les volets et la pièce est donc dans le noir complet, alors j'allume le plafonnier mais ça ne suffit pas à la réveiller.

Elle se débat dans ses draps et hurle de terreur.

Mais j'ai pas signé pour ça, moi! Je sais pas comment on doit faire!

Calme, Noela, calme. Elle a besoin de toi, là.

Je la secoue, mais rien à faire, cela me sert juste à me prendre un poing dans la joue. Sympathique.

Alors je vais à toute vitesse remplir un verre d'eau à la cuisine, que je lui verse dessus d'un coup.

Les hurlements cessent, alors que Coraline se redresse, haletante, sur le matelas.

- Eh, Coco. je commence d'une voix douce. C'était un sale cauchemar, mais maintenant tout va bien.

Je m'assieds au bord du matelas, à côté d'elle, et la couve d'un regard bienveillant alors qu'elle a fermé les yeux et se concentre sur sa respiration.

Cette ado, elle m'a sauvée. Je me suis vite, trop vite attachée à elle. Je sombrais et elle a été un point d'ancrage, pour je ne sais quelle raison. Peut-être parce qu'on se ressemble un peu plus qu'on veut toutes les deux l'admettre.

J'ai grandi ballottée de famille d'accueil en famille d'accueil, retournée à l'envoyeur à chaque fois à cause de mes troubles psychologiques. Comme si j'y pouvais quelque chose.

Comme si c'était de ma faute si mes parents avaient perdu ma garde en tournant des films pédopornographiques sur moi. Ma mère en réalisateure, mon père avec moi à l'écran. Comme si c'est moi qui avait décidé de figurer dans ces horreurs. Comme si j'avais choisi d'être violée par mon propre géniteur et battue presque à mort.

- Noela.

La douce voix de Coraline me fait ouvrir les yeux, que j'avais fermés sans m'en rendre compte.

- Tu pleures.

J'essuie mes joues et détourne le regard, essayant de calmer l'accès de rage, de colère et de tristesse qui commence à me ravager.

- Je suis désolée. reprend-elle.

- Désolée de quoi?

- Je fais remonter tous tes souvenirs.

Je renifle et la regarde de nouveau, sans avoir réussi à calmer ma crise de larmes.

- Tu n'es pas lui. Ni elle. Alors tu n'y es pour rien. Fin de l'histoire. Le sujet là n'est pas moi, mais toi. C'est toi qui vient de faire un cauchemar.

Elle ne me répond pas mais fronce les sourcils et, soucieuse, effleure ma joue.

- Tu t'es battue? C'est rouge.

Son ton désapprobateur me fait sourire à travers mes larmes.

- Ouais, contre un tigre.

- Noela.

- Mais je mens pas! C'est toi qui m'a foutu un poing.

- Quoi?

- Quand j'ai voulu te réveiller. Tu te débattais et j'étais un peu trop proche.

Elle ouvre grand les yeux et commence à s'excuser à la chaîne, se repliant sur elle-même, la tête dans les genoux.

- Coco. Eh, Coraline.

I Need Your HelpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant