21 • Mallory

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/!\ Contenu mature /!\

Les lèvres de Manelle s'écrasent sur les miennes, elle me pousse sur le lit. Rapidement, mes vêtements rejoignent les siens sur le sol et elle descend dans mon cou. Je ne peux retenir un gémissement étouffé quand elle me mordille la peau.

Elle descend de plus en plus. Ses baisers se déposent maintenant sur ma poitrine, et mes doigts se glissent dans ses cheveux. Ma respiration s'accélère et elle le sait, puisqu'elle s'attarde délibérément sur cette partie de mon corps. Elle finit par la délaisser pour arriver plus bas encore.

Ses doigts caressent délicatement mon ventre en partant de mes seins jusqu'à mon intimité. Une multitude de frissons me parcourt le corps. Je m'impatiente. J'ai envie de la sentir contre moi. En moi.

Et enfin, après une douce torture, sa bouche se dépose entre mes jambes. Je gémis et murmure son nom en fermant les yeux. Elle commence à s'activer, joue avec mon clitoris. Mes mains s'agrippent aux draps. Je ne vais pas pouvoir me retenir longtemps. Soudainement, sans prévenir, deux doigts s'insèrent en moi. Le plaisir me coupe le souffle alors qu'elle commence des vas-et-vient qui se font de plus en plus rapide. Elle rajoute un troisième doigt, et je ne me retiens plus.

Le plaisir explose en moi, et je rouvre les yeux qui découvrent le plafond de ma chambre. Je me redresse aussitôt, haletante. Un rêve. Rien de plus qu'un simple rêve. Je mets tout de même quelques minutes à retrouver une respiration calme.

Le réveil indique 2:24, mais je sais que je n'arriverais pas à me rendormir. Pas après ça. C'est sur cette idée que je repousse mes draps et me dirige vers la cuisine, pour me servir un grand verre d'eau sans allumer la lumière. Je ne ferme jamais les volets dans cette pièce, aussi j'ouvre la fenêtre et m'assieds sur le rebord.

La ville s'étend sous mes yeux.

Les lumières des lampadaires et les néons publicitaires fournissent un semi-éclairage, et mes yeux se perdent à l'horizon.

Quelque part dans cette ville, une magnifique femme prénommée Manelle Fiorella dort paisiblement, profitant de son weekend. Cette magnifique femme m'en veut, et cette magnifique femme ne pense pas à moi. Elle n'a aucune idée du rêve qui vient de me réveiller. Et heureusement.

Cela fait une semaine tout pile maintenant que cette femme ne m'a pas parlé. Le manque me tord les entrailles de douleur, tant je suis attachée. J'ai besoin d'elle. Besoin de son corps, de son parfum, de ses bras. Besoin de son regard inquiet quand je vais mal, amoureux quand je l'embrasse. Besoin de ses lèvres, de ses baisers, de ses caresses, de ses soupirs de désir, de ses petits gémissements.

M'appuyant contre la rambarde, je ramène mes genoux à moi et pose mon menton dessus. Les larmes se pointent. Personne n'est là pour les voir. Alors je les laisse me monter aux yeux, et s'écouler le long de mes joues. D'abord faiblement, puis de plus en plus rapidement.

Le verre posé en équilibre sur le rebord de la fenêtre s'écrase au sol, mais ça m'est égal. Je la veux. J'en ai terriblement besoin. Et elle, elle n'a même pas une pensée pour moi.

J'ai essayé d'arrêter la cigarette. Mais mon addiction était trop forte, je n'ai pas pu résister plus de quelques mois. Maintenant, voilà où toute cette merde m'emmène...

J'ai perdu la femme que j'aime, juste après l'avoir eu quelques trop courts instants. Je n'ai même pas eu le temps de lui dire à quel point je l'aime, à quel point sa présence m'est vitale, ni à quel point j'ai besoin d'elle. Pas envie d'elle. Besoin d'elle.

Prise d'une soudaine pulsion, j'essuie rageusement mes larmes d'un revers de bras et saute de la fenêtre, prenant bien soin d'éviter le verre brisé. Je m'en prends tout de même un petit morceau dans le talon gauche et grogne de douleur. Soulevant ma jambe afin d'éjecter cet éclat, mon regard est captivé par la goutte de sang qui grossit à la surface de l'impact, sans couler.

La pâle lumière des réverbères qui arrive jusqu'au quatrième étage éclaire faiblement la scène. J'attrape du bout des doigts un rouleau de sopalin sur la table et essuie la goutte avant de me rendre dans la salle de bain en prenant garde à ne pas poser mon talon sur le sol.

Une fois le morceau de verre retiré et la petite coupure désinfectée je retourne dans la cuisine afin de mettre en œuvre l'idée pour laquelle je m'étais levée. J'attrape dans le tiroir sous l'évier, bien planqués, les trois paquets de cigarette présents dans cette maison. Puis en faisant un parcours du combattant avec les chaises et la table, je parviens de nouveau à la fenêtre mais cette fois-ci sans me couper le pied.

En bas, bien plus bas, quatre étages en-dessous, le local poubelle à ciel ouvert. L'odeur ne monte pas jusqu'à mon étage, alors je ne m'en plains pas, mais les voisins du rez-de-chaussée... Peu importe. C'est vraiment égoïste pour les personnes en charge de l'entretien de l'endroit, mais j'ai besoin de purger ma maison de toute trace de cette addiction et l'envie de descendre les jeter simplement pour remonter ne me procure pas une envie folle.

Alors je lâche les paquets un à un, attendant qu'ils touchent le sol plus bas avant de jeter le suivant. Deux sont arrivés dans une benne. Un est atterri au sol. Tant pis.

Soupirant, je fais le retour du parcours du combattant et vais chercher un balai et une serpillère afin de nettoyer la catastrophe. La moitié du verre était encore plein, alors le sol est en plus d'un champ de bataille une mare.

Une fois le stratifié nettoyé, je ferme la fenêtre et retourne dans mon lit pour essayer de me rendormir. Peine perdue. Après un bon moment à me tourner et me retourner dans les draps, je finis par abandonner. 3:47.

Je soupire et ramène une nouvelle fois mes genoux à moi en posant mon front dessus.

Elle me hante.

Dès que je ferme les yeux, son visage me revient en tête. Ou plutôt le rêve de tout à l'heure. Dans tous les cas, ça me fait mal, et je n'arrive pas à chasser ces pensées de ma tête.

Décidant qu'un deuxième verre d'eau ne peut pas me faire de mal, j'allais me lever quand l'écran de mon téléphone, posé sur la table de nuit, s'allume. Un appel entrant.

Je me penche pour regarder l'identité de la personne qui m'appelle à presque quatre heures du matin et manque de m'étouffer.

Manelle.

***

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