9 • Coraline

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La deuxième journée de ce voyage d'intégration touche presque à sa fin. Il ne reste plus qu'à dîner.

Aujourd'hui ma classe a visité un memorial canadien et deux bunkers. Je n'ai pas pu aller dans les bunkers à cause de ma claustrophobie, et suis donc restée avec Madame Fiorella en-dehors, ma professeure ayant apparemment la même peur que moi. La guide était canadienne, de la partie qui parle anglais.

À la fin de la visite, alors que tout le monde s'était à peu près dispersé sur la plage à côté du memorial, j'avais une question à poser, et pour simplifier les choses je l'ai adressée à la guide en anglais.

Une fois que j'ai eu ma réponse et que je me suis éloignée, Madame Fiorella m'a regardée avec une air bizarre, et comme je lui ai rendu le même regard, elle m'a demandé si j'étais bilingue. Sa tête quand je lui ai dit oui... À croire que c'est l'exploit du siècle.

Mais bon, finalement je l'aime bien. En tant que professeure, mais j'apprécie aussi la personne qu'elle est. Pendant tout le temps des bunkers, nous avons discuté, et mon instinct (qui se trompe rarement pour ce genre de choses) me souffle qu'elle est réellement gentille.

Je suis plongée dans mes pensées, allongée sur mon lit par dessus les couvertures dans la chambre que je partage avec Raphaella, Marylou et Ilona. Elles parlent entre elles, alors que je fixe le dessous du lit superposé situé au-dessus de moi.

J'ai comme une boule au ventre, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Ce qui m'exaspère profondément.

Normalement, quand je ressens ça, c'est mauvais signe. Généralement ça arrive avant que je me fasse passer à tabac par ma mère.

Sauf que cette fois-ci c'est différent. Mais pas vraiment. Raah, ça m'énerve de ne pas comprendre mon propre corps!

Je réalise tout à coup que la pièce est plongée dans le silence. Ce qui est étrange, car Raphaella est tellement bavarde que jamais une pièce n'est silencieuse quand elle y est présente.

Je tourne ma tête vers les filles qui sont assises sur le deuxième lit superposé situé à ma droite, et constate qu'elles me fixent toutes les trois, dans l'attente probable d'une réponse à une question que je n'ai pas entendue.

Quand Raphaella comprend que je n'écoutais pas un mot de ce qu'elles disaient, elle soupire et se lève en riant.

- On disait que c'était l'heure d'aller manger, et Marylou t'as demandé si tu étais prête à partir dans la salle à manger.

La salle à manger (en fait un réfectoire ressemblant à ceux des colonies) est située dans un autre bâtiment, il faut marcher une cinquantaine de mètres pour y arriver. Sentant que je ne vais rien pouvoir avaler à cause de ma boule au ventre, je fais un signe de dénégation, toujours allongée.

- Allez-y sans moi. Je vous rejoins dans trente secondes, je dois passer aux toilettes.

Je leur ai sorti ce mensonge parce que sinon elles ne m'auraient pas lâchées. Déjà qu'à la cantine je mange très peu, à chaque fois elles essayent de me faire avaler tout le contenu de mon assiette. Ce qui commence à m'énerver plus que tout. Ce n'est pas que je suis anorexique, non, mais mon estomac n'est pas habitué à de grandes portions de nourriture.

Je fais mine de me redresser alors qu'elles quittent la pièce en haussant les épaules. Une fois la porte refermée sur elles, je me laisse retomber sur mes oreillers.

Après un certain temps, que je pense comme étant une quinzaine de minutes, quelqu'un toque à la porte. Je grogne un "entrez" et la porte me laisse alors voir une Mme. Diani qui semble assez énervée.

I Need Your HelpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant