37 • Manelle

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Nous sommes finalement rentrées de Toulouse, soudées avec Mallory et Coraline, mais cette fois-ci de la bonne manière.

Les vacances sont donc enfin là.

Les fêtes de fin d'année, le nouvel an, Noël.

Bien emmitouflée dans un gros plaid, je descends les escaliers pour me rendre à la cuisine. Il est presque huit heures trente, mais impossible de me rendormir en ce dimanche matin. Mallory est encore plongée dans le sommeil et Coraline aussi probablement, alors j'essaye de faire le moins de bruit possible. Lorsque j'atteins la pièce, la table déjà mise et la nourriture posée dessus me font froncer les sourcils.

Il y a aussi un mot. Je l'attrape. L'écriture de Coraline.

Je suis partie au cimetière. Je serais probablement là pour huit heures trente.

Je soupire en voyant cela. La tombe d'Alexane... Mais il y a quatre cimetières dans cette ville, je n'ai aucune famille et faire des recherches me coûterait trop cher mentalement pour le moment. Alors je ne peux que me résigner à attendre désespérément d'être prête pour réussir à enfin accepter sa perte.

La porte qui claque me sort de mes pensées. Je sors de la cuisine et m'appuie contre le mur, juste à côté de l'entrée. Coraline ne m'a pas vue, occupée à se débarrasser de ses gants, manteau, écharpe, bonnet et bottines.

Quand enfin elle se tourne vers le reste de la maison, elle fait un bond en m'apercevant.

- Bordel, faut pas me faire ça!

Je fronce les sourcils.

- Ton langage, jeune fille. On n'est pas dans le Bronx.

Elle esquisse un petit sourire en coin.

- Et pourtant ça serait bien.

Je lève les yeux au ciel en riant. Mais la joie redescend vite quand elle me tend un morceau de papier d'un air très sérieux.

- Je savais que vous n'y arriveriez pas.

Je déchiffre les quelques mots écrits dessus et me fige.

Alexane Fiorella. Cimetière Saint-Louis. Allée 7, bloc 3.

- Merci. je murmure.

Elle ne répond pas mais se rend au salon, m'adressant un regard compatissant au passage. Puis elle s'affale dans le canapé, mais se relève à peine quelques secondes plus tard.

- Ah oui au fait, il a neigé!

Un sourire de gamine prend place sur mon visage.

- T'es sérieuse?

Pour toute réponse, elle déclenche l'ouverture des stores automatiques du rez-de-chaussée.

Une vue du jardin s'ouvre alors à mes yeux. Recouvert d'une couche de neige d'au moins quinze centimètres. Je me précipite aussitôt sur la porte-fenêtre et y colle mes mains ainsi que mon nez.

Le rire moqueur de Coraline traverse la pièce.

Je me retourne et la fusille du regard.

- Je ne te permets pas.

- Pas besoin, je me permets toute seule!

- Et je peux savoir au juste ce qui est drôle?

- Avec votre plaid vous ressemblez à une mamie mais vos yeux pétillent comme ceux d'un gosse de quatre ans.

Je lui adresse un regard de défi.

- C'est parce que je suis la meilleure aux batailles de boules de neige.

I Need Your HelpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant