32 • Mallory

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La porte d'entrée claque derrière moi. Un soupir m'échappe. Je viens carrément de me faire virer de chez Manelle.

Je ne la comprends pas, elle agit avec Coraline comme si c'était sa fille. C'est mauvais pour elle. Vraiment mauvais. Elle passe à côté de la vraie valeur de  cette adolescente en se brouillant la vue avec des vestiges du passé.

Nouveau soupir.

Fourrant mes mains dans les poches de ma veste, je sors de la propriété et commence un tour du quartier. Il s'agit plus de prendre l'air qu'autre chose, puisque Coraline est forcément rentrée chez elle. J'espère de tout mon cœur que sa mère ne s'est rendu compte de rien.

Cette petite marche de dix minutes me permet de faire le calme en moi, de reconsidérer les choses d'un autre angle. Je comprends un peu mieux Manelle, même si sa réaction me paraît toujours disproportionnée.

Encore un soupir. Je suis devant la porte.

Je déverrouille et entre sans bruit. La porte refermée, j'appelle ma petite amie, mais le silence me répond. Je fronce les sourcils. Elle ne serait jamais allé se recoucher.

- Manelle? d'un ton inquiet.

Je presse l'interrupteur et la lumière jaillit dans la pièce, m'aveuglant quelques instants. Je marche jusqu'au canapé, dernier endroit où je l'ai vue.

Elle est là. Mon cœur s'affole, mes yeux s'écarquillent, le trousseau de clés que je tenait en main tombe au sol dans un tintement.
Elle est là. Ses anciens travers ont repris le dessus. Trois bouteilles vides jonchent le sol et elle en tient une aux trois quarts pleine à la main, allongée, inconsciente.

- MANELLE! EH!

Mon Dieu. Mon Dieu non. Je tombe à genoux et la secoue désespérément. Les larmes se sont déjà frayé un chemin sur mes joues, qu'elles dévalent à toute allure.

- NON!

Ce cri désespéré suit l'abandon de mes forces à essayer de la réveiller. Tremblante, j'appelle le quinze. La réponse est presque immédiate.

- Le quinze, numéro d'urgences, j'écoute.

- Je... Ma...

Les sanglots me coupent.

- Respirez, Madame. Respirez avec moi, d'accord?

Je fais du mieux que je peux pour calquer ma respiration à celle de l'urgentiste, qui me dicte chaque inspiration. Quand je suis en mesure de parler, je lâche:

- Elle a fait une... overdose. À l'alcool. Je crois.

Ma voix s'étrangle. Il ne fallait pas qu'elle retombe là-dedans. Ma jambe se mets alors à trembler.

Merde, c'est pas le moment.

- Quels sont ses symptômes?

- Je... Elle a des spasmes au niveau des muscles. Un pouls très faible.

- Est-ce qu'elle a de la fièvre?

Je pose une main sur son front.

- Elle est brûlante.

- Je vais vous passer un médecin.

- D'accord, merci.

Quelques secondes passent, je pleure toujours autant même si ma respiration s'est calmée. Ma main effleure la joue de Manelle. Pourquoi je n'ai rien vu? Pourquoi?

Ma jambe se convulse de plus en plus. C'est la deuxième fois que ça m'arrive. Et je sais ce que c'est. Crise de dépendance. Parce que la situation est stressante, parce que Manelle n'est pas là pour me surveiller.

I Need Your HelpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant