40 • Coraline

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J'aurais bien voulu engager la conversation avec le fils de Mallory aussitôt, mais les obsèques de ma grand-mère ont lieu à 16h. Alors je pose mon téléphone et enfile une robe noire que j'ai récupéré dans mon ancien appartement le jour de Noël et qui appartenait à ma mère, provisoirement en prison, ainsi qu'un collant noir transparent. Au rez-de-chaussée, je passe mon manteau sur mes épaules et mes bottines à talons.

Mallory arrive dans l'entrée, une tasse de chocolat chaud entre les mains.

- Tu seras rentrée pour quelle heure?

- Aucune idée. Sûrement 17h.

J'ai un pincement de culpabilité lorsque je me dis qu'il suffirait qu'elle prenne mon téléphone pour voir les notifications qu'ont fait mon abonnement à Milo. Mais je me reprend et avale une gorgée de sa tasse avant de déverrouiller la porte.

- Voleuse. râle-t-elle. Bon, eh bien... Bon courage.

- Merci.

Je lui adresse un regard chaleureux et referme la porte derrière moi avant de partir en direction du cimetière Saint-Louis.

***

J'ai dû appeler la surveillante pour qu'elle vienne me chercher. Je me voyais mal rentrer en transport avec la quantité de larmes que j'ai versées une fois les quelques amis de ma grand-mère restant partis. Elle ont laissé des traces sur mon visage, même si je ne me suis pas maquillée. Alors le regard des gens, non merci. Mon regard se perd à l'horizon, alors que je marche d'un pas lent vers la sortie. Ce cimetière est vraiment beau. Il est végétalisé, un peu comme les cimetières américains, c'est-à-dire que le sol est fait de pelouse et non de gravier. Et en plus de ça, quelques arbres parsèment l'immense terrain.

- Coraline!

Cet appel me fait me retourner. Ça ne peut pas être Mall, je viens juste de raccrocher. En plus c'est une voix masculine. Une voix que je connais. La silhouette s'avance au petit trot et je reconnaît Hae-Sung.

- Hae!

Je l'enlace chaleureusement, et son léger rire à mon oreille suffit à me faire sourire.

- Je suis heureux de te voir Coco. T'aurais quand même pu me prévenir autrement que par message que tu ne viendrais pas aux derniers jours de classe après le commissariat.

- C'est parce que moi-même je n'en savais rien.

Nous nous séparons et il me tend son poing, que je cogne doucement sans hésiter.

- Contente de te revoir, acolyte de galères.

- Et moi de même. répond-il.

Nous commençons ensemble le chemin vers la sortie, qui est quand même assez loin. Ce cimetière est immense.

- Tu as passé un bon Noël? me demande-t-il.

Je grimace.

- C'était à la fois le pire et le meilleur depuis trois ans. Et toi?

- Plutôt bien, mes parents étaient là tous les deux et se sont pas engueulés, ça changeait de d'habitude. Puis Sam a été super sage.

- La fameuse Sam-Cookie?

- Sam pour les intimes!

- Je suis pas intime, je l'ai jamais vue!

Il me lance un regard rieur et siffle trois notes graves. Presqu'aussitôt, j'aperçois un petit chien débouler de derrière un arbre, et foncer vers nous. Plus il s'approche, et plus le sourire que m'arrache sa tête se fait grand. Ce chiot a encore du mal à coordonner ses pattes, si bien qu'elle se les emmêle à une cinquantaine de mètres de nous. Son roulé-boulé nous lance dans un fou rire mais elle se relève l'air de rien et continue sa course pour sauter sur Hae-Sung.

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