48 • Coraline

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Je viens de recevoir un message. Un message que je n'avais aucune envie de recevoir. Un message qui vient de me faire quitter l'école en pleine pause du midi.

De: ne mérite pas ton attention
Il faut que je te parle. 13h30 sur la butte du parc.

Je serais en retard. Bien fait pour lui, il avait qu'à prévenir avant.

Lorsque je suis dans le tram après le RER et le bus, mes pensées que j'essayais de tenir à distance m'assaillent.

Qu'est-ce qu'il te veut?
Pourquoi il est revenu?

C'est bien mon géniteur qui m'a envoyé le message. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté de le voir. Sûrement parce que j'ai cours d'histoire-géo deux heures cette après-midi.

J'arrive enfin devant la barrière du parc. J'avance vers la butte, mais petit à petit, mes pas se font lents. De plus en plus petits. Jusqu'à s'arrêter complètement.

J'ai la petite colline dans mon champ de vision, et je devine un homme assis en tailleur tout en haut. C'est lui.

Je pèse le pour et le contre cinq minutes durant. Et finit par décider que le cours d'histoire me plombera moins le moral que cette discussion. Alors je fais volte-face et m'éloigne d'un pas rapide. Je peux encore être à l'heure en me dépêchant, je reprend à seulement quinze heures. Je m'arrêterais pour acheter un sandwich à la gare de départ du RER, et puis tant pis pour l'homme qui attend.

Dès que je suis dans le tram, je déverrouille mon téléphone. J'ai reçu plusieurs messages, dont un certain nombre de mon géniteur, mais je bloque son numéro sans les lire. Une bonne chose de faite. Je lis ensuite ceux de Hae-Sung:

~ T'es Coco?

~ Eh!

~ Raphaella, Marylou et Ilona s'inquiètent.

~ Moi aussi, évidemment.

~ S'il-te-plaît, répond!

Je décide de lui répondre que j'avais besoin de m'aérer l'esprit et que j'ai acheté de quoi déjeuner en route. Mieux vaut ne pas l'inquiéter avec toutes ces histoires, il en fait déjà assez pour mon émancipation et mon changement de domicile.

À la petite supérette de la gare, je trouve un sandwich. Après un rapide maquillage entre les rayons, je passe à la caisse d'un air confiant, en cachant mon sac à dos dans une de mes mains, et dépose sur le tapis roulant deux triangles saumon-crudité et une bouteille de tequila. L'air de rien, je commence à sortir la monnaie de ma poche, mais le caissier m'interpelle:

- Mademoiselle!

Mets ton masque. Prends ta voix plus grave, posée et maîtrisée. Regardes avec assurance.

Je relève la tête.

- Oui?

Parfait. Comme si de rien n'était.
L'homme me dévisage juste une seconde, avant de dire:

- Vingt euros et soixante-dix centimes s'il-vous-plaît.

Yes!
L'air impassible, je règle le compte exact et fourre les deux objets dans mon sac alors que le caissier est déjà passé au client suivant.

Je sors calmement, mais accélère l'allure quand je vois sur un panneau que mon RER est déjà à quai.

J'avale l'escalier quatre marches par quatre et me glisse entre deux portes alors qu'elles se referment. Pile poil.

Le temps de me démaquiller, j'ai déjà fait le seul arrêt qui me sépare du lycée. Alors je m'assieds sur un banc et finit rapidement les deux sandwichs puis commence la bouteille. Je me fais déloger par quelques gouttes de pluie alors que je l'ait à moitié terminée. Avec un grognement elle est rangée dans mon sac, et l'emballage des sandwichs atterrit à la poubelle.

I Need Your HelpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant