49 • Manelle

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- Arrête de t'autodétruire.

- M'en fout. Rends-moi ma bouteille.

Je soupire.

- Écoute Coraline, tu...

Je me fais interrompre par l'adolescente qui se mets à brailler des paroles anglaises de musique sans queue ni tête.

- Mon Dieu...

Je tire un siège et m'assieds en attendant, seule solution pour qu'elle se calme. Une chance que je n'ai pas cours cet après-midi car tout le niveau première est parti en sortie. Et c'est ce labo que j'étais censée occuper, alors il va rester libre.

Après à peine cinq minutes, Coraline se tait. Je relève alors la tête, surprise que ça ait été aussi rapide, et m'aperçois qu'elle s'est mise à pleurer. Là, debout, les bras ballants.

- Eh. Calme, trésor. Calme.

Je la prend dans mes bras et elle s'appuie sur moi pour continuer à sangloter.

- J'suis trop nulle, Manelle...

- Dis pas ça. C'est faux. T'es une personne extraordinaire.

- Non. T'sais pas que...

Elle s'interrompt brusquement.

- Que quoi? je demande, inquiète.

Elle ne répond pas et essaie de se dégager, mais je la maintient contre moi, assez pour pouvoir la regarder dans les yeux. Regard qu'elle évite.

- Que quoi, Coraline?

Elle pleure toujours, et finit par murmurer, si bas que je ne l'aurais pas entendu si je ne tendais pas l'oreille:

- J'ai recommencé.

Je fronce les sourcils.

- Recommencé quoi?

Elle esquive une nouvelle fois mon regard, et je comprend alors. Je m'écarte légèrement d'elle et attrape ses bras. Elle essaie de se dégager, mais je la tient fermement. Un léger gémissement de douleur lui échappe alors.

- Coco. Je ne regarderais pas si tu ne le souhaite pas. Mais j'aimerais voir. S'il-te-plaît.

Elle réfléchit à peine quelques secondes puis secoue négativement la tête.

- Je veux ma bouteille.

Je soupire.

- Non.

- Si je vous montre, je l'aurais?

- Non, Coraline. Ça ne marche pas comme ça.

- Mais je l'ai payé, euh. C'est mes sous. C'est moi qui décide.

Ses larmes se sont calmées.

- Et ici on est dans le lycée. Il y a donc un règlement intérieur. Qui interdit de boire de l'alcool.

Elle grogne.

- C'pas juste.

- Oh, que si.

- N'importe nawak.

Je ne l'avais jamais encore entendu parler comme ça. D'habitude, elle a toujours un langage assez soutenu, mais là, ça devient la décadence.

- Comment tu l'as achetée?

- J'suis trop forte moi, d'abord. Un coup de maquillage, et j'ai dix-huit ans.

- Coraline. Il ne faut pas que tu recommences.

I Need Your HelpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant