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Au final, je me suis réfugié chez Mike. Nous avons parlé toute la nuit, partageant nos pensées et nos frustrations. Mon téléphone n'a pas arrêté de sonner, mais je l'ai ignoré. Je ne voulais pas faire face à ce qui m'attendait. La simple idée de rentrer à la maison et d'affronter la réalité me paralysait. Pourtant, quand les premières lueurs du jour sont apparues, j'ai su qu'il était temps de rentrer.

À mon arrivée à la maison, c'est ma eomma qui s'est précipitée vers moi, visiblement inquièt.

– Heinck, où étais-tu ? demanda-t-il en me serrant dans ses bras.

– Chez Mike, répondis-je avec un soupir, fatigué de devoir me justifier.

– Mais on t'a appelé toute la nuit, s'exclama mon appa en s'approchant, son visage exprimant à la fois soulagement et reproche.

Je haussai les épaules, incapable de cacher mon exaspération.

– J'avais juste pas envie de parler avec vous...

Je vis tante Lisa, que j'appelle affectueusement "tati Lulu", me lancer un regard noir depuis l'autre côté de la pièce. Je m'approchai d'elle, la tête baissée, comme un enfant pris en faute.

– Tati Lulu, tu es fâchée contre moi ?

– Un peu, Heinckel. Un peu, répondit-elle, sa voix douce mais ferme.

– Désolé... murmurai-je en levant les yeux vers elle.

– Ce n'est pas à moi que tu dois des excuses, mais plutôt à ton amie, dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

Je hochai la tête, réalisant que ma fuite n'avait rien résolu. Sans perdre de temps, je pris la direction de la chambre de Nirabelle. Le cœur battant, je toquai à sa porte, espérant qu'elle accepte de me voir. Quand elle m'ouvrit, ses yeux se durcirent en me voyant. Elle tenta aussitôt de refermer la porte, mais je me faufilai à l'intérieur, refusant de la laisser ainsi.

– Dehors, ordonna-t-elle sèchement, le ton tranchant.

– Je suis désolé, Nira, dis-je immédiatement, suppliant du regard.

Elle planta ses yeux dans les miens, un mélange de colère et de tristesse passant dans ses prunelles.

– Tu te rends compte que tu l'as tabassé à mort ?! Tu aurais pu le tuer, Heinckel !

– Pardonne-moi, Nira... Je te promets que je ne recommencerai plus. Je sais que je suis parfois trop protecteur, mais c'est parce que j'ai peur qu'on te fasse du mal. Je n'ai jamais voulu te blesser, crois-moi.

Elle soupira, visiblement fatiguée par la situation, et secoua la tête.

– Je suis assez grande pour pouvoir me défendre toute seule. Tu es trop possessif, Heinck. On dirait ton père, et ça me tue de te voir agir ainsi.

Je baissai la tête, honteux. Elle avait raison. J'étais devenu cette version possessive de moi-même sans même m'en rendre compte, et cela détruisait notre amitié.

– Je ne sais pas si je dois te laisser redevenir mon ami, Heinckel, termina-t-elle, la voix tremblante d'émotion.

Je la pris dans mes bras, sans réfléchir, la serrant contre moi comme si je craignais de la perdre à jamais.

– Nira, ne dis pas ça, s'il te plaît... Tu es ma meilleure amie depuis toujours. Je te promets de changer. Je ne veux pas te perdre.

Elle soupira encore une fois, mais cette fois-ci avec moins de dureté.

– Promis ? demanda-t-elle, son regard cherchant une sincérité que je m'efforçais de lui montrer.

– Promis, répondis-je, déterminé à faire tout ce qu'il fallait pour regagner sa confiance.

Elle esquissa un léger sourire, puis me fit une bise sur la joue.

– D'accord, je te pardonne, Titou, mais c'est la dernière fois, compris ? dit-elle avec un mélange de tendresse et de fermeté.

Je hochai la tête, soulagé de la voir sourire à nouveau.

Les jours suivants furent marqués par mes tentatives de rédemption. Nira m'obligea à présenter des excuses à Rayanne, son copain. Même si cela me répugnait, je m'exécutai, mâchant chacun de mes mots avec difficulté. Depuis qu'ils sortaient ensemble, cela faisait maintenant deux semaines, j'avais de plus en plus de mal à supporter de les voir ensemble. Chaque fois que je les apercevais, une vague de jalousie me submergeait. Ils semblaient inséparables, et je me sentais de plus en plus exclu de la vie de Nira. Ce qui me mit encore plus en colère, c'était de découvrir en moi un nouveau talent : celui de stalker. Je m'étais surpris à surveiller chacun de leurs mouvements, à épier leurs moments ensemble, incapable de m'en empêcher.

Aujourd'hui, c'était enfin le week-end. J'avais décidé de profiter de l'occasion pour me détendre. Je me rendis à la piscine, cherchant un peu de paix. En arrivant sur la terrasse, je remarquai que Nira était déjà dans l'eau, nageant avec aisance. Sans attendre, je plongeai dans la piscine.

– Doucement, Heinckel ! s'exclama-t-elle en riant.

– Désolé, répondis-je avec un sourire, tentant de chasser mes pensées négatives.

Nous avons passé des heures à nous amuser dans l'eau, faisant des courses, éclaboussant, riant comme avant. Pendant un instant, tout semblait redevenir comme avant, comme si Rayanne n'avait jamais existé. Fatigués, nous avons fini par nous appuyer contre le bord de la piscine, profitant simplement du calme de l'eau.

– Nira, commençai-je, hésitant, mais sentant le besoin de parler.

– Mmh ? répondit-elle, les yeux fermés, la tête reposant contre le bord.

– Tu me manques, avouai-je dans un murmure. On ne fait plus rien ensemble. Tu es toujours occupée avec ce type...

Elle ouvrit les yeux et me lança un regard surpris.

– Ce type ? Heinck, c'est mon copain. Et il a un prénom : Rayanne, répondit-elle en roulant des yeux.

– Je m'en fiche de son prénom... chuchotai-je, le cœur serré.

Elle se redressa, prête à sortir de l'eau, mais je réagis instinctivement. Je l'attrapai doucement par les hanches et la tirai vers moi, la ramenant contre mon torse. Son regard croisa le mien, un mélange d'incrédulité et de confusion.

– Heinck, qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle, ses sourcils froncés.

– Je ne l'aime pas, ce Rayanne... Il n'est pas fait pour toi.

Nos regards se fixèrent dans un silence lourd de sens. Un silence où chaque battement de mon cœur résonnait comme un tambour. Et sans que je sache exactement comment, nos visages se rapprochèrent. Nos lèvres se frôlèrent, puis se scellèrent dans un baiser qui me parut à la fois interdit et irrésistible.

Non... dis-moi que je rêve... Je viens d'embrasser ma meilleure amie.

Sens interdit ( Heinckera) Tome3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant