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Non, non, Heinckel est mon meilleur ami ! Cette pensée tourne en boucle dans ma tête, se répétant comme un avertissement. Je ne peux pas le laisser m'embrasser, et si nos parents nous voyaient ?

Sans réfléchir, je le repousse fermement, créant une distance entre nous. Mon cœur bat à toute vitesse, empli de confusion et de panique. Je tente de m'enfuir, mais Heinckel attrape mon poignet avant que je ne puisse faire un pas de plus.

— Nira, s'il te plaît, ne t'en va pas ! me supplie-t-il, sa voix emplie d'une détresse qui me serre le cœur.

Je me retourne, les larmes aux yeux, essayant de comprendre ce qui lui prend.

— Heinckel, qu'est-ce qui te prend ? Tu te mets à m'embrasser... et pour la deuxième fois ! Je suis ta meilleure amie, merde ! criai-je, les émotions montant en moi comme une vague prête à déferler.

Ses yeux brillent d'une lueur que je n'avais jamais remarquée auparavant. Une lueur de frustration, peut-être même de douleur. Il serre les poings, puis se détend, comme s'il prenait une grande décision.

— J'en ai marre que tu me traites juste comme un ami ! Tu ne vois donc rien ?! s'exclame-t-il, sa voix brisée mais résolue.

Je le regarde, les sourcils froncés, complètement perdue. De quoi parle-t-il ? Heinckel s'approche alors doucement de moi, prend mon visage entre ses mains, et colle son front contre le mien. Son souffle chaud effleure ma peau, et à cet instant, mon cœur se met à battre encore plus fort. Pourquoi est-ce que je ressens ça maintenant, si proche de lui ?

— Nira... tu ne vois pas que je t'aime ? murmure-t-il, sa voix presque inaudible.

Ces quelques mots suffisent à tout bouleverser. Comme un coup de tonnerre dans le silence de mes pensées. Les larmes se mettent à couler sans que je ne puisse les retenir, brouillant ma vue. J'appuie mes paupières de toutes mes forces, tentant de chasser cette douleur soudaine.

— Non... ne dis pas ça, s'il te plaît... non, non... répétai-je, ma voix tremblante, me refusant à accepter ce qu'il vient de dire.

Heinckel recule légèrement, mais son regard reste ancré dans le mien. Sa voix se fait plus ferme.

— Pourtant, c'est la vérité. Je t'aime, Nira. Je... je n'arrive plus à me contrôler quand je te vois parler ou sourire à d'autres personnes. Et maintenant, tu me dis que tu as un copain... Je ne peux pas le supporter ! lâche-t-il, sa voix se brisant sous le poids de ses sentiments.

Je secoue la tête en pleurant davantage, les mots qu'il prononce brisant quelque chose en moi. Pourquoi maintenant ? Pourquoi gâcher ce que nous avons toujours eu ?

— Heinckel, tu ne vois pas que tu es en train de détruire notre amitié ? Moi... moi je t'ai toujours aimé comme un frère, comme un ami ! dis-je, ma voix étranglée par les larmes.

Il me regarde comme s'il refusait de comprendre, comme si mes paroles ne faisaient qu'ajouter à son tourment.

— Nira, il ne te mérite pas. C'est moi qui te mérite, personne d'autre ! crie-t-il presque, sa voix devenant plus désespérée, plus possessive.

Je le regarde, horrifiée. C'est comme s'il était devenu une autre personne... une personne que je ne reconnais plus.

— Heinckel... tu es complètement malade, murmurai-je en secouant la tête, incapable de cacher ma peur.

D'un mouvement brusque, je le bouscule et cours vers ma chambre, mes larmes redoublant d'intensité. Je me précipite à l'intérieur et me laisse tomber sur mon lit, le visage enfoui dans l'oreiller, sanglotant sans répit. Comment les choses ont-elles pu en arriver là ?

J'entends alors des pas doux derrière la porte, suivis d'une voix familière.

— Chérie, c'est maman. Je peux entrer ? demande-t-elle doucement.

Je réprime mes larmes et réponds d'une voix faible.

— Oui...

Je l'entends ouvrir la porte et s'approcher lentement de moi. Comment vais-je lui expliquer ce qui vient de se passer ?



Point de vue d'Heinckel

Je reste figé dans le jardin, regardant la porte par laquelle Nira s'est enfuie. Mes lèvres s'étirent en un sourire amer. Je l'ai embrassée. Encore.

Une vague de satisfaction monte en moi, mais elle est vite balayée par la frustration. Pourquoi ne voit-elle pas ce que je ressens pour elle ? Pourquoi continue-t-elle à me voir comme un simple ami alors que je suis prêt à tout pour elle ?

— Nira... tu es à moi, chuchotai-je pour moi-même, déterminé. Je suis prêt à tout pour t'avoir, que tu le veuilles ou non...

Je serre les poings. Rayanne ne la mérite pas. Personne ne la mérite sauf moi. Et un jour, elle comprendra.

Sens interdit ( Heinckera) Tome3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant