Feu Et Glace

Chapitre 38 : Changée

Je sens alors mon champs de vision rétrécir et tout devenir sombre, de plus en plus.

Pdv Jack

Je me retrouve violemment projeté en arrière. Lorsque je parviens enfin à me relever, mon regard se pose sur le corps d'Alice, inerte devant moi.

-Aliceee ??!!

Je me lève d'un bond et me précipite vers elle. Je la tourne pour la mettre sur le dos puis enlève les mèches de cheveux qui barrent son visage, ses yeux sont clos.

-Pitch, qu'est-ce que tu lui as fait ?!

Il me répond par un simple rire machiavélique qui me glace le sang plus qu'il ne l'est déjà. C'est alors que je vois Alice changer, son ton devient grisâtre et ses cheveux, habituellement châtains sont maintenant noirs corbeaux.

-Alice... ? Réveille toi, je t'en supplie.

Je lui caresse doucement la joue puis je vois ses yeux s'ouvrir d'un coup. Ils sont rouges, rouges sang. Lorsqu'elle me regarde droit dans les yeux j'ai l'impression qu'elle prend mon âme, la gifle et la remet après. Ils sont magnifiques... mais ça n'est pas une beauté claire, non, ils sont... obscures... Lorsque je me retrouve à nouveau expulsé en arrière je reprends mes esprits et donc ma concentration aussi. D'un saut je me remets sur mes deux jambes pour faire face à Ali, qui se tient maintenant fièrement debout devant moi. Je ne sais pas ce que Pitch lui a fait mais quoique ce soit, maintenant, elle a l'air... changée, elle n'est plus elle-même, j'en suis sûr.

MOI-Pitch ! Tu lui as fait quoi ??

ALICE-Il m'a simplement ouvert les yeux sur vous, inutiles Gardiens.

Son ton est froid et est accompagné d'un sourire en coin de canailles que je n'aurais jamais cru voir un jour sur son visage, ça me donne presque froid dans le dos. Mais ce sentiment est heureusement effacé à la vue du traîneau de Nord qui arrive droit sur nous.

LP-Les renforts arrivent !

Je parviens très nettement à reconnaître la voix de Jeannot. Aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais été aussi content de l'entendre... En un rien de temps, ils arrivent à ma hauteur et sautent du traîneau en vol avant de se placer de chaques côtés de moi.

MOI-Vous tombez à pique les gars, Nord tu étais où ? Tu étais sensé me suivre.

Il ne répond pas, je me tourne vers lui, il n'a pas l'air de comprendre... tant pis, on réglera ça plus tard.

MOI-Alice est sous l'emprise de Pitch.

J'entends des hoquets de surprise venir de mes camarades puis des ricanements de Pitch.

PN-Ok, pour commencer, on se focalise sur le Croquemitaine. Quand on l'aura neutralisé ça libérera sûrement Alice.

LP-C'est parti.

On se lance donc tous en même temps à l'attaque, mais aucun d'entre nous n'arrivons à l'approcher sans finir éjecter au loin avec des brûlures qui, heureusement pour nous, guérissent vite... Il faut croire que sa nouvelle recrue fait un excellent chien de garde.

PN-Jack, occupe-toi d'elle pour qu'on puisse s'approcher de lui !

MOI-Ça marche.

Changement de cible, je m'élève donc dans les airs avant de foncer en piqué vers la maîtresse du feu, mon bâton en première ligne. Malgré qu'elle s'y attendait, j'ai quand même réussi à la déstabiliser pour la faire tomber et ainsi, l'immobiliser par terre, ce qui fonctionne miraculeusement bien. Je m'assois sur son ventre en saisissant ses poignets, malgré que j'ai nettement le dessus sur elle, son affreux sourire ne s'efface pas pour autant.

-Alice, je sais que tu es encore là, quelques part... reviens à toi, je t'en pris... reprends le dessus !

-Non Jack, tu te fatigues pour rien, tu l'as perdu, et oui, c'est ce qu'il arrive quand on joue avec le feu.

Cette remarque me fait grincer des dents, elle a malheureusement raison, je ne sais ni pourquoi, ni comment mais c'est vrai, je l'ai perdu.

-Ouvres les yeux, cette bataille est perdue d'avance.

-Tu t'enflammes un peu trop vite là !

Je profite donc de l'emprise que j'ai sur ses poignets pour la refroidir, comme je l'avais fait à l'hôpital. En espérant qu'elle ne soit pas devenue trop puissante. À en juger par sa réaction, ça n'est pas le cas... je dois trouver une autre idée.

-C'est le feu qui fait fondre la glace, pas l'inverse.

C'est alors que je ne sais comment, elle arrive à enrouler ses jambes autour de mon cou et me fait basculer en arrière. Ainsi, en une fraction de seconde les rôles sont inversés et elle presse ses deux mains autour de mon cou tel un étau. J'essaye d'ôter ses mains mais lorsque j'y parviens presque, je commence à sentir des petits picotements à l'endroit où sont ses doigts. Ensuite une chaleur étouffante se diffuse dans tout mon corps à partir de ma gorge ce qui va accroître ma difficulté pour respirer. Au fur et à mesure que ma température corporelle augmente, je sens mes forces me quitter, je me sens faible, j'ai l'insoutenable impression d'être entrain de m'évaporer... Je la regarde, suppliant pour qu'elle daigne me libérer. Mais malgré qu'elle me regarde droit dans les yeux, elle ne vacille pas.

-Alice !!

La voix haletante de Pitch indique que mes co-équipiers se débrouillent mieux que moi... Ou en tout cas c'était le cas avant qu'Ali ne s'en occupe, libérant ainsi mon cou d'une de ses mains. J'y entrevoit une possibilité de fuite, je tente mais suis bien trop faible, je ne parviens même plus à soulever le poids de mon bras. Je jette donc un coup d'œil vers mes amis, Jeannot aide Fée à se relever, Sable est encerclé par des cauchemars et Nord essaye de lui être d'un quelconque secours. Hé bien, nous voilà dans de beaux draps ! Quand je vois Alice, toujours au dessus de moi lever son bras libre vers la Fée des dents, encore au sol, prête à lui lancer un jet de flammes. Je réunis mes dernières forces pour attraper son bras et plaquer sa main contre mon torse. Ainsi je me prends l'attaque qui était destinée à Fée, de plein fouet. Alice me regarde, surprise, je crois que c'est la première fois que son expression faciale change depuis qu'elle est comme ça.

-Mais tu es malade ? En faisant ça tu ne fais que précipiter ta chute !

J'esquisse un maigre sourire.

-Tu peux... me faire.... le mal que... tu veux... mais je ne... tolère pas que... tu leur en fasses... à eux...

Je suis tellement affaibli que j'ai un de ces mal à parler... Si ça continu comme ça, je sens que ma fin est proche... Comme quoi même les légendes peuvent mourir... Il suffit de trouver leurs points faibles. Pour Sable, c'était la peur... Et moi, c'est elle, ma plus grande force s'avère être aussi ma pire faiblesse.

-Même comme ça tu restes la plus belle Alice.

À mon plus grand étonnement je vois une larme ruisseler le long de sa joue avant de venir s'écraser sur la mienne. Je savais que quelque part, mon Alice était toujours là. Mais mes paupières se font de plus en plus lourdes, je vais... les fermer, juste un petit... peu...