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Pdv Loïc

On est arrivés à la Colonie en début d'après-midi. On a tâtonné un moment pour trouver les baraquements, mais on a fini par atteindre les tentes en question.
Nous sommes arrivés en plein milieu d'un conseil, où Chiron (version équestre) faisait un point sur la situation, mais rien n'avait changé depuis les dernières nouvelles que nous avions eu.
À priori, les enfants d'Hécate avaient envouté la colonie pour continuer à la faire vivre normalement.
- En fait, pas tout à fait normalement, interrompit un jeune homme efflanqué qui s'était présenté comme Travis Alatir (pas facile à porter), des dizaines de pensionnaires disparaissent à heures fixes chaque jour, puis reviennent en soirée, sans qu'on puisse les suivre.
- Vous avez essayé de les tracer?, intervint Cassie
Travis secoua la tête
- Impossible, même les mouchards des Héphaïstos qui restent se mettent à dysfonctionner dans l'enceinte de la colonie.
- Et on a aucun moyen de savoir comment neutraliser ça ?
- Sans au minimum un enfant d'Hécate avec nous, on ne peut rien faire, grogna une grande rousse d'environ 24 ans (une certaine Clarisse), 'te les éventrerai tous, moi.
- Et ils sont tous là-bas, c'est ça ?, ai-je demandé
- Justement non, pas tous, répondit Chiron. Il y en a un en plein Manhattan : Arthur Callahan.
- Pourquoi il n'est pas avec les autres ?, demanda Cassie
- Il ne s'est plus jamais montré à la colonie après avoir appris la vérité sur ses origines. C'était il y a quatre ans, juste après la fin de la guerre, il devait avoir 14 ou 15 ans. Il m'a écouté et, le lendemain matin, il était déjà reparti.
- Vous auriez pu prévenir. On arrive de Manhattan. On aurait pu le ramener en arrivant.
- C'était justement ce que j'allais vous demander à tous les trois, intervint Clarisse. Les enfants d'Hécate savent exactement qui est ici, mais vous trois, vous venez d'arriver, avec un peu de chance vous n'êtes pas encore fichés. Vous partirez...
- Demain matin, l'interrompit Cassie en s'étirant en arrière sur sa chaise. Pas avant. J'ai conduit toute la matinée, je veux pas mourir de fatigue au volant d'une vieille Ford Prefect.
Clarisse s'apprêta à riposter, mais se ravisa.
- Va pour demain matin. Mais tôt, hein..

~~~

À la fin du conseil, Cassie est allée retrouver ses frères et j'ai décidé d'aller essayer de me rendre utile, laissant Nico qui donnait une accolade à un ami à lui, Will Solace (Appolon).
J'ai fini par aider des enfants d'Héphaïstos à nettoyer des armes, et je n'ai regagné la tente des Némésis (la mienne, donc) qu'à la nuit tombée. En longeant la rivière et en passant à côté de la tente des Poséidon, j'ai failli avoir une crise cardiaque en entendant Tyson ronfler. Cassie lui répondait en grognant, ça faisait comme une mini-conversation animée.
Ça me faisait rire -je suis un enfant- donc je suis resté accroupi à côté de la tente en essayant de m'imaginer ce qu'ils pouvaient bien se dire.
Je ricanait comme un idiot quand j'ai entendu un rire monter du ponton qui surplombait l'eau, à une vingtaine de mètres.
Deux rires, en fait. Celui de Nico était facile à reconnaître : on dirait toujours qu'il se retient. Mais je ne connaissais pas l'autre. C'était un rire de garçon, très clair. Je me suis penché pour apercevoir Nico et Will Solace, allongés côté à côté  au bord du ponton, les pieds dans le vide  au dessus de l'eau. En tournant un peu, j'ai pu entendre ce qu'ils se disaient.
- ... déjà partis te chercher depuis deux heures quand je suis arrivé, a fait Will. Après, quand j'apprends qu'ils t'ont récupéré, on se fait virer de chez nous, puis tu te fais séquestrer par Poséidon. Et là tu repars aussitôt après qu'on se soit retrouvés (Un soupir, puis:) je vais finir par croire que c'est notre destin, Di Angelo.
Nico a répondu:
-Ça sera rapide cette fois, Will. On va récupérer ce type et rentrer aussitôt. Pas de séquestration. Pas d'enlèvement par les forces du mal.
- J'espère. (Will s'est redressé pour s'asseoir) C'est pas évident pour moi, tu sais. Je ne suis pratiquement autorisé qu'à soigner les autres. Pas de monstre, pas de combats. Je vous vois toujours prendre tous les risques, je peux rien faire. Pendant que t'étais pas là, tu peux pas imaginer à quel point j'étais inquiet.
Nico s'est redressé à son tour.
-Tu nous soignes parce que tu es le meilleur. (Il a pris la main de Will) On va aller vite, promis.
- T'as intérêt a tenir ta promesse, Di Angelo.
Les deux garçons se sont embrassés puis écartés en souriant. Soudain, je me suis senti coupable de les épier. Ce moment était à eux.
J'ai profité d'un ronflement de Tyson particulièrement apocalyptique pour m'éclipser, et je suis allé me coucher. J'ai un peu peiné à m'endormir, par rapport au type qu'on était censé aller chercher, mais le sommeil a été un pilote plus rapide que mes angoisses.

La sœur du HérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant