Chapitre 23 : N'aie pas peur

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Point de vue Marie :

Je suis sur une plage, caressant du sable tranchant, me coupant au passage. Le ciel est de couleur rouge ocre, où des éclairs apparaissent de temps en temps à travers les nuages. Les vagues se déchaînent violemment signe de tempête. Je regarde mes mains ensanglantées à cause du sable puis l'horizon qui s'étend à perte de vue.

Mon visage baigne dans mes larmes depuis la mort de Théo dans l'incendie. Je n'ai rien pu faire, il n'a pas survécu... Je sens une vive douleur au cœur, j'ai l'impression qu'il se déchire petit à petit. Tout mes membres me font mal, vais-je mourir ? Après tout, cela ne serait pas si mal, je pourrais rejoindre Théo... Ma peine est si intense, mon cœur si brisé que je m'effondre au sol.

Une voix se met à parler dans ma tête :
" Quand tout semble perdu, ne baisse jamais les bras. Le lendemain sera peut-être meilleur qui sait ? À chaque coup dur, efforce toi de garder la tête haute. Tu verras, tout ira bien"
Devrais-je la croire ? Mes pensées se bousculent dans ma tête. Soudain, le sol se dérobe sur mes pieds puis c'est le trou noir.

***

Je me réveille avec un léger mal de tête. Je regarde autour de moi et constate que je suis dans une chambre d'hôpital. Sébastien et Alexandre se trouvant devant moi me regarde ébahis avant de hurler. J'inspecte ma main droite et elle ne saigne plus, il n'y a même pas une égratignure ! Reste à savoir pour la gauche mais un poids m'empêche de regarder.

Je me retourne et vois Théo, le front collé contre ma main, le regard dans le vide. C'est pas possible... Mon cœur se met à faire des loopings dans ma cage thoracique et j'explose de bonheur. Une question trotte cependant dans ma tête : je l'ai vu mourir, ce n'était qu'un rêve ? Dans tous les cas, ça me rassure qu'il soit là à mes côtés et pas six pieds sous terre.

Je pose ma main sur sa tête et la passe dans ses doux cheveux. Il se redresse et fait une mine choquée. Je lui souris et caresse sa joue. Il pleure de joie alors j'essuie ses larmes et me blottie contre lui. Je le sers de toutes mes forces et quelques larmes dévalent mes joues. Mes lèvres laissent échapper quelques mots s'en que je m'en rende compte : " Tu es vivant...". La voix dans ma tête avait raison.

Il se recule et me regarde d'un air interrogateur. Il se tourne vers mon frère et Alex qui me regarde d'un air suspicieux puis se reconcentre sur moi.

- Comment ça "tu es vivant" ?

Je soupire puis lui raconte toute l'histoire de A à Z : sa mort, la plage et bien sûr quand j'ai découvert que ce n'était qu'un rêve il n'y a que quelques minutes seulement. Après avoir fini mon récit, il se passe la main sur son visage puis me fixe de ses yeux noisettes. Il fronce les sourcils puis détourne le regard vers la fenêtre. Sébastien s'approche de moi et me sers dans ses bras. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne l'avais pas vu ! Alexandre s'avance a son tour et me fait un câlin.

- Je suis tellement contente de te voir ! T'es arrivé quand ?

- Ce matin. Moi aussi je suis content de te voir mais j'aurais préféré que les retrouvailles se fassent dans de meilleurs conditions...

Je hoche la tête et vois Théo qui se lève pour aller à la fenêtre. Je baisse les yeux et soupire discrètement. Je l'ai peut-être blessé avec mes histoires à deux balles mais ça paraissait tellement vrai... Rien que d'y repenser j'éclate en sanglot. Des bras protecteurs viennent m'entourer et je me retrouve collé au torse de Théo.

- Ce n'est rien Marie... Ça va aller, je suis là, à côté de toi, en vie...

- Ne m'abandonne pas...

- Je te le promets.

Il me relève le menton à l'aide de son index puis m'embrasse tendrement. Malheureusement, nous sommes vite interrompus par des raclements de gorge de la part de mon frère et Alex. Je rompts le contact et rigole légèrement. Théo fait de même ainsi suivi de Séb et Alex qui ont failli tenir la chandelle si ils n'avaient pas fait du bruit.

Un médecin rentre dans la chambre tenant un plateau de médicaments. En me voyant éveillée, il lâche son plateau qui s'écrase sur le sol, bouche bé, avant de détaler comme un lapin dans le couloir. Je me retourne vers les garçons :

- Ben quoi, il n'a jamais une femme nue dans une chemise d'hôpital ? Certe, cette chemise est très moche mais quand même !

Ils éclatent de rire et Théo passe son bras par dessus mon épaule. Le médecin de tout à l'heure entre dans la pièce suivi d'un homme, qui doit aussi être médecin puisqu'il commence à m'ausculter. Une fois qu'il a fini, il range son matériel et se tourne vers moi :

- Vous pourrez sortir dans quelques jours. En attendant, il vous faut encore faire divers examens pour voir si tout va bien ou si vous avez des séquelles... Ce que je doute fort car vous n'êtes pas ici depuis très longtemps mais on sait jamais... Après tout, cela ne veut rien dire.

- D'accord merci docteur.

Ils ressortent de la pièce et Théo se tourne vers moi :

- Marie, j'ai une question à te poser. Tu vas me répondre franchement ok ?

- Ok vas-y.

- Tu te rappelle de l'incendie ?

- Non pas vraiment non... Je me rappelle juste avoir reçu un message d'Alexandre, après... Euh... C'est tellement flou dans ma tête, il me manque des éléments... Je me rappelle qu'à un moment il y avait des flammes mais c'est comme un puzzle, il manque des pièces...

Séb passe sa main dans ses cheveux et s'approche de Théo. D'un air grave, il s'adresse à Théo m'oubliant l'espace d'un instant :

- Elle a vécu un espèce de traumatisme lors de l'incendie non ?

- Peut-être... Mais le médecin m'avait dit que lors de sa chute, sa tête avait dû cogner légèrement. Je pense que c'est à cause de ça qu'elle a une perte de mémoire. Et elle préfère peut-être oublier ce moment qui sait ?

- Mmh... N'empêche le médecin m'a dit qu'elle s'en sortait plutôt bien par rapport à d'autres patients.

- Bah tant mieux.

Ils parlent de moi sans m'inclure dans la conversation, ce qui a le don de m'énerver. Et oh, je suis là ! Je me met à tousser bruyamment pour obtenir leur attention. Ils accourent vers moi et Théo commence à m'inspecter de partout. Je leur souris et prends la parole :

- Ah ben ça va mieux merci. Désolée de vous avoir déranger dans votre conversation fort passionnante sur MA perte de mémoire et MON état !

Ils se mettent à rire puis Théo m'attire contre lui :

- Ne le prend pas comme ça Marie. On s'inquiète pour toi s'est tout...

- Oui enfin parler de moi DEVANT moi comme si je n'étais pas là, c'est vraiment pas sympa !

- Excuse nous princesse...

Théo m'enlace et dépose de légers bisous sur ma tempe. Je me sens tout de suite apaisée et finit par m'endormir dans les bras protecteurs de mon homme...

Coeurs EnflammésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant