Chapitre 3 : Ne pleure pas

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Point de vue Marie :

Ce matin, j'ai décidé de m'habiller décontracté, une petite robe blanche fera amplement l'affaire. Une fois préparée, je finis de ranger mes affaires qui restaient dans certains cartons. Alors que je place un vase sur la table du salon, on sonne à la porte. C'est bizarre, je n'attends personne, je me demande bien qui ça peut être. Je me précipite vers l'entrée et ce que je vois en ouvrant la porte me laisse bouche bée.

- Laëtitia ?!?

- Salut Marie...

Je ne sais même pas comment réagir. Je pose ma main sur ma joue et remarque qu'elle est humide. Je la regarde et constate qu'elle pleure aussi. Je me rapproche d'elle et la serre dans mes bras. Elle resserre son étreinte et nous restons comme ça sans doute un bon bout de temps. Peu à peu, nous reprenons nos esprits et nous nous éloignons l'une de l'autre.

- Je suis tellement heureuse de te revoir Marie ! Tu sais, j'attendais ton retour avec impatience, je savais que tu reviendrais par ici un jour ou l'autre.

- Tu m'as tellement manquée ! Viens, on a beaucoup de choses à se dire tu ne crois pas ?

Elle hoche la tête et me suis sous le cerisier afin de nous installer à la table en pierre. Laëtitia est ma meilleure amie depuis toute petite, on se connaît par coeur. Jusqu'à mon départ, nous avions toujours était inséparables. Certaines personnes croyaient d'ailleurs que nous étions soeurs, ce qui nous faisait bien rire. Elle décide de briser le silence :

- Alors raconte ! Qu'est-ce que tu as fait de beau pendant toutes ces années à Paris ?

- C'est très simple. J'ai bossé chaque jour, sans relâche, jusqu'à obtenir mon diplôme.

- Enfin, je ne te parle pas de boulot ! Bon, on va faire plus simple, est-ce que tu t'es fait des amis ou peut-être même bien petits amis ?

- Je m'entendais bien avec une fille de mon école, Nina, mais elle a dû partir l'année dernière à New York. Sinon je suis sortie pendant un an avec un gars de ma classe, Liam, mais on s'est quitté il y a deux ans. Oh il faut que je te dise : j'ai rencontré un gars super ! Il s'appelle Alexandre et on est rapidemment devenu amis. J'ai rarement vu un homme aussi sympa, attachant, généreux et surtout drôle ! Par moment, il me faisait penser à toi, je suis sûr que tu l'adorerais !

- Attend, tu cherches à me caser là ?

- Avec Alexandre ?!? Je pense pas non, vu qu'il est gay...

- Ah merde, je savais pas !

- Je ne te l'avais pas non plus précisé, ne t'inquiète pas. Mais il faudrait absolument que vous vous voyez ça serait cool !

- Pourquoi pas ! Je peux te poser une question ?

- Tout ce que tu veux.

- Tu m'as dit que tu étais sortie avec un certain Liam mais tu l'aimais vraiment ? Enfin je veux dire, c'était une histoire sérieuse ?

- Je l'aimais bien mais pas au point de faire ma vie avec lui.

- Je vois...

Suite à ces paroles, elle paraît distraite, perdue dans ses pensées. Tant de questions traversent mon esprit à ce moment là. Pense t-elle à quelque chose ou à quelqu'un en particulier ? Ou bien à un souvenir du passé ? Après un laps de temps, elle reprend ses esprits et me sourit. Nous continuons notre discussion tranquillement jusqu'à ce que je ressente une sensation étrange, comme si quelqu'un m'espionnait. Je n'y fais pas attention et reprends la conversation.

Laëtitia m'apprend que sa soeur, Caroline, est fiancée et attend un enfant avec Charles, le fils du maire. Je suis vraiment contente de savoir que leur relation a perduré : ils étaient si mignons tout les deux ! Ils méritent le bonheur, ils seront des parents formidables, j'en suis certaine ! Laëtitia m'apprend aussi que Mme Maréchal est décédée l'année dernière peu après son 100ème anniversaire. Cette femme a bien vécu de son vivant, ça je peux vous le certifier ! Malgré son vieil âge, elle imaginait toutes sortes de stratagèmes pour énerver son voisin. C'était épique ! Cela faisait beaucoup rire les habitants du quartier, moi la première ! Au fur et à mesure des propos de Laëtitia, je ne peux que constater qu'il y a beaucoup de choses qui ont changé par ici, que ce soit divorces, mariages, naissances...

- D'ailleurs, Kévin m'a dit que vous vous étiez vus au café ?

- Oui c'est vrai ! Et j'ai pu voir qu'il fait un peu moins gamin...

Elle se met à glousser tandis que mon regard balaye les alentours. Je remarque alors une silhouette à la fenêtre du cottage voisin. On dirait qu'elle nous observe... Voilà d'où venait mon impression d'être épiée ! Un rayon de soleil passe sur la silhouette et j'arrive à distinguer son visage. C'est un homme brun d'une vingtaine d'années je dirais. Il a une légère cicatrice sur le front qui m'est étrangement familière. Quand nos regards se rencontrent, je ressens comme un pincement au coeur. Ces yeux... Comment aurais-je pu les oublier ? Ceux qui me déstabilisaient à chaque fois que je les croisais ? Des milliers de frissons me parcourent l'échine et je ressens comme une sensation de chaleur dans le bas ventre qui ne s'était plus manifestée depuis des années : lui seul a le pouvoir de me la provoquer. Laëtitia, me sentant absente, cherche du regard ce qui peut bien me captiver autant et tombe sur celui qui fait battre mon coeur depuis tant d'années.

- Je vois... Tu l'aimes encore n'est-ce pas ?

Je romps le contact avec lui et me retourne vers Laëtitia. Elle me regarde avec compassion en attendant ma réponse. Aucun son ne sors de ma bouche alors je détourne le regard. Une larme coule sur ma joue.

- Oh non Marie, ne pleure pas ! Viens là Sweetie...

Elle me prend dans ses bras et me réconforte. Lorsque je n'allais pas bien, elle aimait bien utiliser ce surnom pour tenter de me faire sourire. Cela marchait et elle continuait jusqu'à ce que je passe des pleurs aux rires : je ne la remercierai jamais assez. Cette pensée me fait d'ailleurs sourire mais j'ai tellement la gorge nouée que je n'ai pas pu retenir mes larmes. Je me précipite à l'intérieur de la maison, monte dans ma chambre et m'écroule sur mon lit en sanglot. Après avoir entendu des pas venant dans ma direction, je sens une main me caresser les cheveux. Je me retourne et vois Laëtitia qui me sourit. Je respire un bon coup et essaie de calmer mes sanglots avant de parler :

- Il doit me détester... Je l'ai blessé, j'en suis sûr ! Je suis partie à Paris et j'ai pas eu le courage de lui dire avant et...

- Chut, calme toi ça va aller. Théo ne te déteste pas, je le sais, après tout c'est mon frère. Certe, ton départ a vraiment été inattendu pour lui mais en même temps, vu tout ce qui s'était passé avant, je comprends ta peur de lui en parler. En plus, tu lui as montré des signes qui ne trompe pas concernant ton amour pour lui mais il était tellement borné et idiot qu'il ne les a pas vu et crois moi, maintenant il s'en mord les doigts. Donc tu n'as certainement pas à t'en vouloir, au contraire. Maintenant fini les pleurs ! Et il y a rien de mieux qu'un bon disney pour retrouver le sourire !

Je lui souris en hochant la tête et la gratifie d'un calin. Je sèche mes larmes et nous descendons devant la télé regarder Mulan. Mushu est carrément mon personnage préféré, il est trop mignon ! Laëtitia n'a pas arrêter de me faire rire si bien que j'en ai mal au ventre. Je sais bien qu'elle a fait ça pour me remonter le moral ce qui a bien évidemment marché. N'empêche, je me demande bien ce qu'il pense en ce moment lui...

Coeurs EnflammésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant