Chapitre 1 : Yuei ❊

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Le sang et le tintement des chaînes.

Les cris et les supplices.

Le claquement des fouets et les hurlements.

Les larmes et le désespoir.

Et toujours cette odeur de putréfaction. Cette odeur putride des corps entassés qu'on ne peut déjà plus reconnaître. Brûlés pour ne pas laisser de traces. La fumée est un rappel que les flammes nous consument jusqu'aux os et ne laissent rien de nous. Alors on avance. On avance, dans la peur et la souffrance, sous les coups et les hurlements de ceux qui ne peuvent plus avancer. Si nous mourrons, nous sommes cendres. Si nous mourrons, personne ne se souviendra de nous.

Il n'y a personne pour se souvenir de toi.

Je me réveillais en sueur, désemparée.

Incapable d'esquisser le moindre mouvement tant cette crise de tétanie me tenait à mon lit, il me fallut plusieurs secondes pour habituer mes yeux à l'obscurité de la nuit. Dans le silence de la pièce, seul l'écho de ma respiration saccadée me parvenait. Il n'y avait pas un bruit, pas un froissement, pas un son. Juste mes inspirations et expirations forcées pour me calmer et me sortir de cet état de détresse dont j'avais désormais l'habitude.

Mes mains étaient moites, mon front trempé et mes vêtements semblaient humides de sueur.

Hormis quelques babioles installées çà et là pour me rassurer lors de mes réveils impromptus et hasardeux, il n'y avait rien ici qui pouvait m'aider à sortir de cet état. Bien souvent, le froid des ténèbres me permettait d'oublier la morsure des flammes. Mais ce soir, je ne trouvais aucun réconfort dans cette atmosphère glaciale et dénuée de vie. Antre de mes rêves et de mes tourments, cette chambre ne m'accordait que rarement un sommeil complet et reposant. Ces nuits hantées par des cauchemars étaient maintenant fréquentes depuis des années, alors je savais pertinemment qu'il n'y avait qu'un grand verre d'eau frais qui m'aiderait à me ressaisir.

Il me fallut un effort monstre et toute la détermination du monde pour sortir de mon lit. Tout en faisant attention à ne pas faire de bruit, je pris le temps de descendre les marches du petit escalier une à une, en continuant de me concentrer sur mes inspirations.

Je comptais. 

Un, deux, trois, quatre, cinq.

Dans le seul but d'apaiser les battements affolés de mon cœur.

À l'étage inférieur, je pris le temps de me rafraîchir le visage. L'eau coula durant plusieurs minutes, nettoyant chaque pore de ma peau et recollant mes idées entre elles. Je retrouvais mes repères, mes tremblements cessèrent, ma respiration se calma et finalement, je me sentis beaucoup mieux.

Pas vraiment d'humeur à remonter, je décidais une fois de plus de m'allonger sur le sofa de la pièce principale. A chaque fois que mes nuits devenaient aussi désastreuses, le seul endroit où je pouvais à nouveau me reposer était le salon. Baigné des récents souvenirs aux côtés de ma tutrice, il ne m'inspirait que chaleur et bienveillance, bien loin de l'ambiance morbide qui résidait dans la pièce un étage au-dessus. Il n'y avait ni couverture ni coussin, mais cela suffisait à me renvoyer dans les méandres d'un sommeil sans rêves ; froid et privé de toute couleur.

Plusieurs heures plus tard, la chaleur des rayons de soleil caressant ma peau me tirèrent agréablement des bras de Morphée. Leurs chatouilles sur mes joues me firent ouvrir les yeux en toute sérénité. Enfin, j'aurais bien aimé. Seulement, cette vieille sorcière n'était pas du même avis et avait décidé de me hurler dans les oreilles de si bon matin :

CRIMSON 「MHA - Todoroki Shoto x OC」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant