Chapitre 84 : La colère d'un homme

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Après cet instant éphémère dans la chambre de Todoroki, j'avais malheureusement dû le quitter pour rejoindre la mienne. Le garçon ne m'avais pas fait part de ses inquiétudes et s'était simplement tu, acceptant ma détermination à combattre.

Je savais pertinemment que son envie de participer à mes côtés trahissait son anxiété et non son manque de confiance à mon égard. J'avais usé des mots justes pour le rassurer mais il était évident qu'il demanderait à faire équipe avec moi pour le dernier jour de la compétition.

Après tout, j'aurais probablement fait la même chose.

Un soupir las quitta ma cage thoracique et je me tournais doucement sur le dos, observant les quelques rayons de lune s'infiltrer dans ma chambre. L'astre de nuit éclairait le peu de meubles de ma chambre d'un éclat doux et chaleureux à travers le store de ma fenêtre. J'appréciais les rares moments nocturnes où il m'était possible d'attraper ces faibles rayons de lumière, cela avait le don de m'apaiser et calmer les battements toujours trop rapides de mon cœur. Je tendis finalement la main dans l'obscurité, laissant glisser la lueur blanchâtre de la nuit contre mon poignet.

J'ai l'intime conviction que si nous ne nous étions pas rencontrés dans les flammes et les ténèbres, nous nous serions tout de même connus dans la lumière et le soleil.

Mes doigts vinrent masser mes paupières alors qu'un deuxième soupir franchit la barrière de mes lèvres.

Pourquoi les paroles de Teruko me revenaient maintenant ?

À chaque fois que j'essayais de me souvenir de ce moment où j'avais aperçu mes deux frères dans cette clairière inconnue, les souvenirs s'entassaient et se mélangeaient. Ils ne devenaient que des bribes indistinctes et probablement inexactes. Je tentais toujours de balayer cette pensée mais la même question revenait toujours me tourmenter ; cet instant était-il réel ou n'était-ce que le fruit de mon imagination ? Mon cerveau s'était-il protégé du décès d'Hisobe en se créant des adieux de toutes pièces ?

Mes pensées divaguèrent sur la petite pierre tombale en granit à quelques kilomètres de là, seule, dans le vent, le froid, et les dernières chutes de neige. Une boule d'amertume me noua la gorge alors qu'une envie terrible de me recueillir aux côtés d'Hisobe me secoua l'estomac. Je n'avais pas le droit de sortir après le couvre-feu et j'aurais certainement bravé cette interdiction si Nemuri ne m'avait pas éduqué sur les règles de l'établissement.

J'enfouis mon visage dans le coton molletonné de mon oreiller, le cœur battant à toute allure.

Donne tout ce que tu as pour vivre et devenir une héroïne.

Comment étais-je censée m'y prendre s'ils n'étaient plus à mes côtés ?

Soudain, une sonnerie stridente me fit bondir de mon lit. Les sens en alerte, il me fallut une dizaine de secondes et une alarme à répétition pour trouver mon téléphone dans le tiroir de ma table de chevet. Je ne pus distinguer que l'écran d'appel mais de peur que ce cirque ne réveille le pauvre Shinso à côté, je décrochais sans vérifier au préalable l'identité de mon interlocuteur.

- Comment ça se fait que tu décroches à cette heure-ci, jeune fille ? Résonna une voix bien familière.

Je jetais un œil rapide à l'écran de mon smartphone et soufflais pour la énième fois.

- Si tu m'appelles en plein milieu de la nuit c'est normal, Nemuri.

Un rire clair s'échappa de l'autre côté de la ligne.

- Je voulais simplement vérifier si tu dormais, je ne pensais pas pouvoir te parler ce soir. Tu n'es pas venue me voir à la sortie de la compétition tout à l'heure et je commençais à m'inquiéter. Tout se passe bien là-bas ?

CRIMSON 「MHA - Todoroki Shoto x OC」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant