Chapitre 36 : Souvenirs d'hiver

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Il y avait une chose que je devais absolument faire.

Sans cela, je n'allais pas pouvoir vivre en toute liberté. C'est pourquoi, à la fin de la semaine j'avais donné rendez-vous à Midoriya à l'entrée de l'école, bien décidée à avoir une petite discussion avec le garçon. Le ciel était d'un gris fade horrible et il faisait de plus en plus froid. J'avais donc opté pour une épaisse doudoune que Nemuri m'avait donné il y a quelques temps.

- Yumeko ! Désolé, je t'ai fais attendre ?

La voix essoufflée de Midoriya me sortit de mes pensées et je le saluais d'un petit sourire qu'il n'hésita pas à me rendre.

- Midoriya, tu as du temps devant toi ?

- Bien sûr, je n'ai rien de prévu pour la journée.

- Dans ce cas, j'aimerais te montrer quelque chose qui me tient à cœur.

Le vert hocha vigoureusement la tête de haut en bas, m'indiquant que j'avais toute son attention. J'ouvris donc la marche et franchis la grande entrée du lycée avec ma carte étudiante, Midoriya sur mes talons. Il ne posait pas de questions, bien que je savais que les pensées du garçon fonctionnaient toujours à un rythme effrayant. Heureusement, il n'avait pas commencé à marmonner dans son coin. On marcha donc côte à côte sur le trottoir pendant quelques minutes et rapidement, on arriva là où je voulais emmener l'adolescent. 

Ce n'était qu'à un pâtée de rues du lycée et il ne nous fallut que peu de temps pour arriver. J'entendis Midoriya déglutir lorsqu'il vit le portique du cimetière devant lequel nous nous étions arrêtés. Il s'agissait d'un petit groupe de tombes rattachées à l'église locale et bien qu'Hisobe et Teruko ne croyaient pas en un quelconque dieu, c'était le seul endroit dont le curé bienveillant avait accepté d'accueillir le cercueil de mon frère.

Sans un mot, je poussais le petit portillon en fer rouillé et entrais dans le cimetière. Midoriya me suivit une fois de plus sans rien dire, se doutant sûrement de la raison de notre présence ici. Les quelques pierres tombales alignées étaient majoritairement celles d'inconnus ou de personnes dont les familles n'avaient pas eu la fortune d'enterrer plus dignement. Mais cela m'allait, c'était un lieu paisible où l'on pouvait entendre chanter les derniers oiseaux de l'année.

Je m'arrêtais devant une petite stèle en granit. Les gravures dorées que j'avais choisi avec Nemuri étaient si neuves, si propres et impeccables que j'avais encore du mal à y croire. Il y a presque trois ans, je pensais que la dépouille d'Hisobe n'avait pas été retrouvée, ou avait tout bonnement été réduite en cendre. J'avais donc dû faire mon deuil sans refuge pour me recueillir et il avait été très difficile de me reconstruire. Alors que je pensais avoir enfin trouvé le monde de la lumière en intégrant Yuei, tout s'était à nouveau effondré si vite. En une petite semaine, Hisobe était revenu dans ma vie et en était tout aussi rapidement ressortit.

- Hisobe et Teruko ? Demanda Midoriya.

Je hochais doucement la tête, me mordillant la lèvre.

Peut-être était-ce plus facile de se faire du mal que de faire face à la vérité.

Je m'accroupis et, du bout des doigts, effleurais les inscriptions sur la pierre.

- Teruko était notre grand frère. Il est décédé, et malheureusement, je suis celle qui a du jeter son cadavre dans la fosse. J'ai vu ses cendres s'envoler comme j'ai vu Hisobe inspirer son dernier souffle dans mes bras.

CRIMSON 「MHA - Todoroki Shoto x OC」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant