Chapitre 14 : Affres de souvenirs

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L'escarre des menottes sur mes chevilles et le poids des chaînes étaient un rappel constant de la douleur. 

Avance. Ne t'arrêtes pas. Continue. Ne tombe pas.

La puanteur des cellules et les corps entassés. L'humidité et la chaleur. Les cadavres et l'odeur nauséabonde de leur putréfaction.

Je n'avais jamais cessé de rêver.

- Hé, comment tu t'appelles ?
- Je ne sais pas, je ne m'en souviens plus.
- Moi, c'est Hisobe ! T'as intérêt de t'en souvenir !

Au fond de moi, j'espérais que nous allions nous en sortir. Mais je m'étais sans le savoir enfermée dans un beau mensonge. Dans de magnifiques illusions.

Je ne me souvenais plus de rien. Mais malgré le froid du métal à mes pieds, je croyais pouvoir retrouver ma liberté.

J'y ai cru jusqu'à ce jour-là.

Je croyais que j'allais mourir.

Non.

Je voulais mourir. La mort aurait été bien cocasse par rapport à la douleur que j'avais ressentis pendant les jours qui suivirent.

Non.

Durant les années qui suivirent.

À cet instant, les chaînes à mes pieds ne m'avaient jamais semblé aussi lourdes et je n'avais plus jamais rêver de la liberté.

Ce jour-là, j'avais sentis la morsure prolongée du feu contre mon dos. J'avais cru sentir le métal en fusion couler contre ma peau et je n'avais plus entendu que mes propres hurlements déchirant mes entrailles.

La langue brûlante des flammes.

Le sang cramoisis qui s'écoule.

L'odeur de peau carbonisée.

Je me réveillais en hurlant à plein poumons. J'avais mal. Beaucoup trop mal. J'avais mal comme si mon rêve m'avait ramener dix ans en arrière et que mon corps entier brûlait.

Je sautais de mon lit, en furie, comme si ma vie en dépendait et me ruais en dehors de ma chambre. Je hurlais à nouveau, la respiration sifflante. J'avais mal. La douleur était si forte que j'avais l'impression d'être sur un bûcher.

Je courrais jusqu'à la salle de bain de l'internat et arrachais mes vêtements avant de me jeter sous l'eau glacée de la douche. Je tombais sur le carrelage et hurlais à nouveau.

Mon esprit était encore là-bas. Dans la fosse. Dans les flammes. Enchaînée. Je sentais le fer brûlant contre ma peau et l'eau froide ne me calmait pas. Je criais et pleurais toutes les larmes de mon corps.

Déboussolée, apeurée, déchirée.

Je ne savais plus où j'étais et je ne distinguais rien autour de moi. Je ne savais pas depuis combien de temps je hurlais à la mort. Si bien que je n'entendis pas la porte s'ouvrir dans un grand fracas ni que l'eau s'arrêta de couler au-dessus de moi. Je sentis seulement une serviette s'enrouler autour de moi et des bras m'attraper dans une étreinte ferme mais pas étouffante. Je basculais contre un torse et une main commença doucement à me caresser la tête.

- Tout va bien, calme-toi...

Je clignais plusieurs fois des yeux pour comprendre ce qu'il se passait. La douleur s'estompa peu à peu, comme le réveil d'une longue nuit atroce. J'étais comme sortie de ce cauchemar éveillé. Et tout à coup, sans réfléchir, j'attrapais les pans du t-shirt de Todoroki et le serrais contre moi le plus fort possible. J'avais besoin de cette étreinte. J'avais besoin de ressentir une présence contre moi. Alors je pleurais doucement, encore, et mes pleurs se transformèrent en sanglots incontrôlables quand Todoroki resserra ses bras autour de moi. Il ne parlait pas et me rassurait à sa façon. Son étreinte parlait pour lui. Je suis là. Alors je me laissais complètement aller contre lui, sans me soucier de l'avoir trempé aussi, et pleurais encore. Nue et fébrile dans cette serviette, je laissais tomber les remparts que j'avais bâtis pour me protéger de ce passé que je voulais oublier.

CRIMSON 「MHA - Todoroki Shoto x OC」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant