XIX

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C'est avec un mal de crâne épouvantable que Charlie réussit à s'extirper des vapeurs qui la maintenaient prisonnière dans un état comateux profond. Les derniers rayons du soleil traversaient ses paupières closes, signe qu'elle se trouvait non loin d'une fenêtre.

Perdue et désorientée, incapable de se souvenir de ce qui venait de se passer, elle força ses méninges à se remettre rapidement au travail. Doucement, la demoiselle reprit le contrôle de son corps et comprit, sans avoir besoin d'ouvrir les yeux, qu'elle se trouvait en position allongée et dans un lit. Avec difficulté, elle ouvrit ses paupières alourdies par ce sommeil forcé et entreprit de se redresser lentement pour s'asseoir afin d'obtenir une meilleure vue de entourage. Une fois arrivée sur les coudes, elle commença à scanner son entourage à la recherche d'indices susceptibles de l'aider à savoir où elle se trouvait. Malheureusement la chambre sobre et dénuée de meubles à l'exception du lit dans lequel elle se trouvait ne l'aida en rien. Le soleil dardait quelques rayons à l'horizon, et la fenêtre par lesquels ils passaient était bien trop mince pour qu'elle ne pusse apercevoir un quelconque indice venant de l'extérieur. Résolue à avoir une meilleure vue de ce qui l'entourait, elle continua son entreprise afin de terminer assise les jambes bien tendues devant elle. Cependant, ses membres encore gourds ne lui facilitèrent pas la tâche et elle eut toutes les peines du monde à atteindre la position désirée. Son esprit était si embué et perdu qu'elle n'avait pas encore remarqué que ses poignets et chevilles étaient ornés de solides chaînes en métal froid. Néanmoins, à force de cliquetis incessants à son oreille, la jolie brune finit par voir l'entrave à sa liberté et la mémoire des récents événements lui revint à l'esprit, de plein fouet.

Prise d'une pulsion inquiète, elle se remémora les moindres détails de sa capture, et de la vilaine blessure qu'avait reçu sa meilleure amie, lourdement assommée, avant de n'avoir pu bouger ne serait-ce que le petit doigt. En dépit du coup porté à sa propre tête, la jeune femme tenta de s'extirper de la couche dans laquelle elle avait été installée, mais les chaînes ne lui laissaient que peu de liberté de mouvement. Elle avait les mains jointes devant elle, et les chevilles liées au deux poteaux qui portaient la structure baldaquin du lit. Son inquiétude s'accrut lorsqu'elle songea au visage de Cupio, lui assénant le coup fatal, et ses interrogations terrorisées déboulèrent dans son esprit pris alors d'angoisse. Qu'allait-il faire d'elle ? Pourquoi ressentait-il cette attraction malsaine envers elle ? La gorge nouée, la demoiselle fixa obstinément le plafond, sentant son monde s'effriter peu à peu sous ses pieds, comme si cette nouvelle situation la plongeait dans un gouffre sans fin. Il fallait qu'elle trouve un moyen de s'échapper, malgré l'attention que semblait lui porter le démon de l'envie. Elle s'était révélée comme Don, quelques secondes avant sa capture, elle devait agir comme tel. Peut-être même que ses nouvelles capacités lui permettraient de vaincre celui dont elle ne quittait pas les pensées...?

Sans connaissance de ses propres pouvoirs, elle n'allait probablement pas aller bien loin, mais la jolie brune refusait de se laisser abattre. Elle devait s'échapper, ce n'était pas une option, quand bien même sa vie était mise en jeu. Après tout, Cupio n'avait pas chercher à la blesser plus que nécessaire, peut-être que ce fait pouvait jouer en sa faveur. Néanmoins, s'il obtenait un jour ce qu'il voulait d'elle et perdait cet intérêt qu'il lui vouait, elle ne serait plus en sécurité. Les doigts fins de la demoiselle vinrent caresser le métal solide qui entravait ses poignets et chevilles songeant à une façon de s'en débarrasser.

" Réfléchis, réfléchis...S'obligea-t-elle à penser. Que ferait Natacha dans une situation comme celle-ci...? Elle utiliserait son arme pour sortir une arme et couper ces maudites chaînes...Mais moi, je n'ai pas une telle capacité..."

Interrompue par un grincement de porte désagréable, la jeune femme tourna vivement la tête, prise d'une peur panique, et dévisagea avec terreur la silhouette sombre qui venait de faire son entrée. Cupio depuis l'embrasure, l'observait de ses grands yeux clairs, sans expression particulière. Déglutissant silencieusement, Charlie se tint parfaitement immobile, comme si le moindre geste de sa part pouvait attiser davantage l'intérêt du jeune homme pour elle. Elle n'était pas stupide, et savait que son geôlier éprouvait une étrange attraction vis à vis d'elle. Si Tristan n'avait pas fait partie de l'histoire, elle se serait certainement faite charmée par l'image dangereusement séduisante du péché. Mais la présence du grand blond dans sa vie en avait changé les imperceptibles détails. Elle n'avait d'yeux que pour lui, et personne d'autre ne parviendrait à susciter un tel sentiment chez elle.

Le Temps Des Sortilèges- Tome 3 - Un Don Pour L'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant