Malgré la fatigue, je n'arrivai pas à m'endormir. Les images de la mort de mon frère tournaient en boucle dans ma tête. Mes yeux entrouverts scrutaient la pénombre dans laquelle était plongée la pièce. Les respirations calmes et profondes de mes amis m'apaisaient un peu. Mais à chaque fois que je fermais les yeux, des scènes revenaient parasiter mon esprit. Le scintillement d'une lame. Un regard glacé s'enfuyant par la porte. Le corps de Naïm baignant dans son propre sang. Son dernier souffle. Son regard figé après que la mort l'ait emporté. Et après, plus rien. Juste le bruit de mes pleurs qui retentissaient dans ma tête. Alors que je commençai à perdre courage et à accepter que je ne dormirai pas, quelque chose bougea à l'autre bout de la salle. Je redressai ma tête. Une main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter.– C'est moi, murmura une voix calme.
Je me retournai et reconnu Narmarcil.
– Tu m'as fait peur, soupirai-je.
– Est-ce que tu me fais confiance ? me demanda-il.
Je fronçai les sourcils, intriguée.
– Je... Oui, pourquoi ?
– Alors il faut que tu me suives, continua-t-il.
Je me relevai, déconcertée. Il s'appliqua à éviter les corps endormis qui jonchaient le sol et rejoignit l'échelle. Il gravit les barreaux sans un bruit. Il souleva la trappe et disparut dans l'ouverture. J'hésitai quelques instants avant de me concentrer pour atteindre à mon tour l'échelle. Lorsque je posai le pied sur le dernier barreau, il émit un grincement sonore. Je me figeai. Le silence retomba lourdement. Quelques personnes se retournèrent sans pour autant se réveiller. Je terminai mon ascension et refermai la trappe. Le ciel était noir et les nuages recouvraient absolument tout. On ne pouvait même plus apercevoir le moindre bout de terre en contrebas. Narmarcil était appuyé sur un créneau et scrutait le vide avec attention.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je, toujours confuse.
Il ne répondit pas.
– Narmarcil ! m'énervai-je. Explique-moi.
Le jeune homme se retourna et planta son regard dans le mien.
– Je crois que j'ai compris, affirma-t-il doucement.
– Compris quoi ? insistai-je.
– Viens, dit-il en me tendant son bras vers moi.
Je m'approchai et pris sa main. Il se hissa sur un créneau.
– Qu'est-ce que tu fais ? l'interrogeai-je alors que la panique commençait à me gagner.
– Monte, insista-il avec un faible sourire.
Je montai à mon tour sur le bloc de pierre. Par malheur, je jetai un coup d'œil vers le bas. Cette vision du vide m'horrifia et mon souffle s'emballa.
– Je... bredouillai-je. Je ne peux pas. J'ai le vertige !
– Ne regarde pas en bas, chuchota-t-il. Regarde-moi dans les yeux.
Je m'exécutai et me forçai à calmer ma respiration. Un croassement retentit dans le silence du ciel.
– Est-ce que tu me fais confiance ? me demanda à nouveau Narmarcil.
– Je crois que oui, bafouillai-je en luttant contre la peur qui m'envahissait.
– Alors saute avec moi, déclara-t-il.
– Mais tu es complétement malade, fulminai-je. Laisse-moi partir !
Alors que je m'apprêtai à descendre, sa main se referma sur mon bras.
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Eärwen : Les cendres du ciel
FantasiaLa nouvelle loi est claire : Désormais, les Cendres sont considérés comme dangereux. Ceux qui ne livrent pas ces enfants doués de magie au gouvernement risquent la peine de mort. Comme beaucoup d'autres, mes parents ont refusé d'obéir mais l'armée a...