Chapitre 52

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Une vague de panique traversa le groupe. J'entendis les sifflements des lames qui sortaient de leurs fourreaux, aussi bien chez les soldats que chez les Vagants et les Cendres. Alors que le combat commençait, Argawen traversa la pièce d'un pas rapide. Elle dégaina une courte lame qu'elle lança dans ma direction d'un geste précis. Sentant l'adrénaline parcourir mes veines, je me jetai sur le côté et me relevai d'une traite. Le couteau se ficha dans le torse du soldat debout derrière moi. Ce dernier s'effondra sans un bruit, baignant dans une mare de sang. Je fis volte-face pour fixer la gouverneure. Malgré son âge avancé, elle demeurait habile et rapide dans ses mouvements. Le lancer de couteau était donc une discipline où elle semblait exceller. Cela ne m'étonna pas. Alors qu'elle me fixait à son tour, elle sortit deux nouvelles lames de sa veste. L'acier siffla à quelques centimètres de mes oreilles pour aller se ficher dans le mur de pierre.

Je ne perdis pas une seconde et dégainai à mon tour le poignard dissimulé à ma ceinture. Comme Atheleen me l'avait appris, je fis jouer le manche entre mes doigts pendant quelques secondes. Le métal froid m'emplissait d'une rage indomptable. Le scintillement du métal attira mon œil. Trop tard. Je me jetai à gauche mais la lame, bien plus rapide, entailla profondément mon bras. La douleur aigüe irradia rapidement mon cerveau et me tira un cri. Instinctivement, je portai la main à la plaie. Le sang s'écoulait abondement de la blessure et coula le long de ma peau. Je dû me résoudre à tenir le poignard de la main gauche. Je relevai la tête. Argawen s'apprêtait à lancer une nouvelle attaque.

Un murmure s'éleva dans la pièce. Pur et cristallin. Je m'immobilisai brusquement.

« La magie ne coule plus dans tes veines. Tu dois l'attaquer de plus près. Tu es plus puissante qu'elle. Tu la vaincras ».

Je regardai autours de moi. Personne ne semblait avoir entendu ces paroles. Néanmoins, elles avaient raison.

– M'épingler de loin c'est trop facile pour toi, grognai-je pour moi-même.

Puisant dans la dernière réserve d'énergie qu'il me restait, je m'élançai dans sa direction. D'abord paralysée par la surprise, la vieille femme tenta de relancer une lame. Trop tard. Je la percutai de plein fouet et nous roulâmes au sol comme un seul corps. Elle tenta en vain de récupérer son couteau. Mais je fus plus rapide. D'un geste sec, je plantai ma lame dans son ventre. Elle hoqueta. Son corps sursauta instinctivement et retomba sur le sol glacé. Je plantai mon regard dans le sien. Ses yeux se voilèrent longuement jusqu'à s'éteindre. Je contemplai son visage jusqu'à voir la vie le quitter. Lorsque sa poitrine cessa de se soulever, je retirai lentement le couteau tâché de sang. Dégoûtée par cet acte, j'abandonnai la lame près du corps et me tournai vers les autres. Les bruits de combat avaient cessé. Plus de la moitié des soldats étaient allongés sur le sol, inertes. Les autres étaient tenus en joue par les Vagants. Tous me regardaient.

– Je pense qu'il est temps que l'on parte, annonça Roan. On emporte le corps de la gouverneure, on enverra des soldats chercher les autres.

Il s'avança vers le cadavre, suivie de près par Atheleen. Je les arrêtai brusquement.

– Je crois que...

Leurs regards interrogateurs me forcèrent à continuer.

– Je vais le porter moi-même.

Les deux acquiescèrent et reculèrent de quelques pas.

– Le pilote ? demandai-je inquiète.

– Mort... annonça Narmarcil d'une voix désolée.

Je pris quelques secondes pour digérer la nouvelle avant de déclarer le plus froidement possible.

– On ramène son corps aussi alors... Je pense qu'on lui doit bien ça.

Eärwen : Les cendres du cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant