Eärwen : Les cendres du ciel

Chapitre 48

Un rictus mauvais s'étirait sur les lèvres du Commandant.

– Les situations tournent vite au désastre hein ? ricana-t-il en me regardant.

Je ne répondis pas, bouillante de rage.

– Comment l'armée d'Emoria a-t-elle pu être vaincue si facilement ? demanda froidement Narmarcil.

– La ville n'était plus défendue, répondit Aegnor. Nous avons juste eu à forcer ses portes pour l'envahir. Argawen Windal a fui avant l'attaque. Elle et sa troupe d'élite se sont terrées dans la forêt comme des rats.

Il marqua une courte pause.

– Il y a beaucoup de chose que j'ai ramené de là-bas et qui ne me servent plus à rien, soupira-t-il faussement. Alors j'ai décidé de commencer à les éliminer aujourd'hui.

Sans un mot de plus, il fit volte-face et dégaina son arme et pointa le canon sur la tempe de Celeborn. Il tourna légèrement la tête et planta son regard dans le mien. Le coup de feu résonna dans la salle pendant de longues secondes. Le corps du chef de l'AEM s'effondra dans une mare de sang. J'essuyai ma joue. Quelques gouttes écarlates avaient volé jusqu'à moi. Mon regard se posa sur le corps inanimé étendu sur le sol. J'eu un haut le cœur et dû lutter pour contrer mon envie de vomir.

– Allez, emmenez-les, ordonna Aegnor en essuyant le sang qui tâchait son uniforme.

Il attrapa mon bras lorsque je passai près de lui.

– Demain j'abattrai les Vagants, promit-il d'une voix froide.

Le soldat me poussa vers la sortie et, à nouveau, me reconduisit dans les galeries. Après avoir passé la porte de notre ancienne prison, il ouvrit celle située quelques mètres plus loin. Lorsque je passai le seuil, je ne découvris non pas une salle divisée en cellules mais une sorte de grand réfectoire. La porte se referma lourdement derrière nous et le silence s'installa à nouveau. Après quelques minutes, Atheleen s'approcha de moi.

– S'ils t'on vraiment volé la totalité de tes pouvoirs, tu devrais apprendre à te battre. Du moins à te défendre pour commencer, déclara-t-elle.

– Je suis d'accord, assurai-je. Mais je n'ai pas d'arme.

La Cendre eut un sourire et écarta un des nombreux pans de son manteau. Une lame de dix centimètres, aiguisée avec finesse brilla à la lumière jaunâtre des néons. Elle me tendit le couteau et se mit en garde.

– Tu dois apprendre à réagir vite, expliqua-t-elle.

J'hochai la tête. Sans prévenir, elle fonça sur moi et m'asséna un coup dans le ventre. Je restai pliée en deux quelques secondes.

– Plus vite, affirma-t-elle amusée.

Je me redressai et me préparai à contrer sa prochaine attaque. Cette fois, elle frappa mon bras et j'eus le temps d'esquiver son coup.

– Mieux, déclara-t-elle.

Nous continuâmes comme ça pendant plusieurs heures si bien que, au bout d'un moment, j'étais capable d'éviter ses attaques et de riposter de temps à autres. Ce qui marqua la fin de l'entraînement, ce furent les lumières. Les néons éclairant la pièce s'éteignirent. Ce qui ne stoppa pas pour autant les discussions. Après avoir remercié Atheleen, je lui rendis son couteau et me résignai à m'allonger sur le sol, près de Reewen.

– J'ai beau me dire que nous sommes prisonniers, je ne peux pas m'empêcher d'être heureuse que nous soyons tous là, murmurai-je.

– Je vois ce que tu veux dire... souffla le jeune homme. Je ressens plus ou moins la même chose...