Chapitre 15

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Le repas était terminé et les Cendres d'Erforgon avaient reçu l'autorisation de sortir puisque la gouverneure voulait nous dire encore quelques mots seul à seul. Alors que les adolescents quittaient la salle, j'entendis la voix méprisante de Meliane dans mon dos.

- Mon Equivalent est un gamin de douze ans ? J'espère que c'est une blague.

Je compris alors qu'elle parlait de Dovahkiin et dû me retenir pour ne pas me retourner. La lourde porte de bois se referma dans un claquement sec et le silence planait à nouveau autours de la table.

- Je conçois bien à quel point tout ceci est brutal pour vous, commença Argawen. Les épreuves que vous avez traversées avant d'arriver ici sont au-delà de ce que je pourrais imaginer et c'est un miracle que vous soyez encore tous en vie.

Du coin de l'œil, je vis Aslann se raidir juste à côté d'elle. Il devait fulminer en repensant à quel point j'avais expéditivement remplacé Reïs.

- Je voulais vous rassurer sur le sort de votre ami... Lenwë ?

Aslann hocha la tête en voyant que les yeux de la gouverneure se tournaient vers lui.

- Il est dans un état de fatigue extrême et demeure encore dans une sorte de léthargie mais je ne doute pas qu'il se réveillera bientôt. Nos médecins sont à son chevet et il sera vite remis sur pied.

Le silence qui suivit sa déclaration était un silence méfiant.

- Je sais que vous n'avez que peu de raisons de me faire confiance, continua-t-elle sans se démonter, mais je vais avoir besoin de votre aide. Quelque chose menace notre Terre, quelque chose de bien plus puissant qu'Argedhen. Il s'agit d'une vieille entité que l'on nomme l'Evil.

En entendant ce mot, mon regard se tourna automatiquement vers Narmarcil qui écoutait avec attention les paroles de la vieille femme.

- Il aurait dû être un Cendre tout comme vous, continua-t-elle. Mais la magie fait parfois des erreurs et il en est la preuve parfaite. Cette chose est ce qui ressemble à un Cendre déficient, une sorte de perversion de la magie. Il a tenté de détruire le continent, tuant tout ceux qui se mettaient au travers de son chemin.

- Ce n'est qu'une légende, affirma Aslann. Rien de plus qu'une histoire pour effrayer les enfants.

Argawen lui adressa un sourire, comme si elle était désolée d'apprendre à un gamin l'existence du Mal.

- Même si c'était réel, se risqua Narmarcil en tournant la tête vers elle. Nos ancêtres l'ont stoppé.

- Ceux qu'on appelle encore aujourd'hui les Anciens, acquiesça-t-elle. C'est exact.

- S'il a été vaincu, pourquoi avez-vous besoin d'aide ? insista-t-il sans comprendre.

- Le problème est là, il n'a pas été tué, expliqua-t-elle. Il a été emprisonné il y a bien longtemps et j'ai mes raisons de croire qu'il réussira bientôt à sortir de sa prison.

- Et vous comptez faire quoi ? intervint à son tour Aslann. Nous utiliser comme appât pour qu'il retourne dans sa petite cage ?

- Je pensai à quelque chose d'un peu plus magique que ça, répliqua Argawen, vaguement amusée.

Elle balaya la table du regard et reprit d'un ton sérieux.

- Il y a un seul moyen de l'arrêter mais pour cela il faut récupérer quatorze gemmes éparpillées un peu partout sur les deux Terres.

Lorsqu'elle prononça ces mots, mon cœur rata un battement et mes yeux se posèrent mécaniquement sur la poche de mon blouson. La porte s'ouvrit brusquement derrière moi, me faisant sursauter.

Eärwen : Les cendres du cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant