Chapitre 19

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- D'après ce que je sais, il y a quatre Repères, expliqua Argawen. Le premier était le Temple des Apoliens.

Elle se pencha sur la carte étalée devant elle et désigna un point au nord-est d'Emoria.

- Le deuxième se trouve ici, dans le désert de Rive, à la frontière entre les Deux Terres. Nous avons une équipe sur place depuis plusieurs semaines mais ils n'ont pas encore réussit à entrer. L'officier Lévi qui commande cette unité demande la présence des Cendres depuis longtemps.

- Pourquoi ne pas avoir accédé à sa demande alors ? demandai-je en fronçant les sourcils.

- Je vous l'ai déjà dit, me répondit-elle. Des guerriers, pas des caprices.

Elle se redressa et contempla à nouveau la petite assemblée assise en face d'elle.

- Une dizaine de soldats vous accompagneront, affirma-t-elle.

- Nous sommes des Cendres, rétorqua Meliane avec un air arrogant. Comme si on avait besoin de soldats.

- Vous êtes des enfants, la contredit la gouverneure. Et c'est à cause de ce genre de réflexions qu'il est plus prudent de vous faire accompagner. Maintenant, je vous propose de retourner vous coucher. Le départ sera sûrement prévu pour bientôt, je vous communiquerai la date demain.

Cela faisait plus d'une heure que nous étions assis dans cette salle et la plupart d'entre nous avaient eu de la peine à rester éveillés. De ce fait, les adolescents ne se firent par prier et quittèrent la pièce pour retourner finir la nuit dans leurs appartements. Je jetai un coup d'œil par la fenêtre et contemplai un instant le ciel d'encre qui surplombait la ville. L'horloge accrochée près de la porte affichait 3h42. Malgré ça, je ne ressentais pas le besoin de dormir. Un millier de questions tourbillonnaient dans ma tête et, même après m'être glissée dans mes draps, je fus incapable de trouver le sommeil.

Le reste de la nuit défila lentement sur le réveil posé à côté de mon lit. Heure par heure. Minute par minute. Seconde par seconde. Lorsqu'il indiqua sept heures, je me décidai à me lever. J'enfilai un pull et un pantalon avant de sortir de ma chambre. Dans les couloirs de notre étage, il n'y avait aucun bruit, rien d'autre qu'un silence pesant. En revanche, à l'étage du dessous, beaucoup de gens s'activaient déjà, passant de salles en salles d'un air pressé.

Je descendis à l'accueil du bâtiment et, voyant qu'il n'y avait encore personne derrière le comptoir, passai la porte vitrée de l'immeuble sans peine. Au moment où j'allais faire un pas dans la rue, une main agrippa mon bras et je fis volte-face. Le regard émeraude d'Erann se planta durement dans le mien et il jeta un coup d'œil inquiet autours de nous.

- Mais qu'est ce que t'essayes de faire là ? grogna-t-il. Tu veux te faire tuer ?

Je me dégageai d'un coup sec.

- Je dois aller sur la Grande place, répondis-je. Il faut que j'en aie le cœur net.

- Ne me dis pas que tu as oublié que le dernier d'entre vous qui est sorti s'est fait lynché par la foule ?

- Erann, regarde autours de toi, répliquai-je. Observe un instant leurs regards.

Le jeune homme hésita puis finit par s'exécuter. Les passants qui nous apercevaient continuaient leur chemin en pressant le pas et baissaient les yeux pour éviter tout contact visuel. Ce genre de comportement n'était pas normal. Tous ces gens respiraient la peur.

- Ils te craignent, constata finalement l'espion.

- Ils savent que je peux les tuer rien qu'en ouvrant la bouche, ajoutai-je. En s'attaquant à Aslann ils ne risquaient pas grand-chose. Avec moi c'est différent.

Eärwen : Les cendres du cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant