Eärwen : Les cendres du ciel

Chapitre 42

[Petite note pour ceux qui continuent à lire à partir d'ici : c'est à partir de là que je commence à raccorder cette réécriture avec l'ancienne version qui, elle, est terminée. Cependant, il est possible que certaines incohérences subsistent malgré ma relecture et je m'en excuse d'avance. (Et aussi, ancienne version oblige, je trouve que cette fin est moins bien écrite que le début. Cependant j'espère qu'elle vous plaira quand même :)
Merci à vous si vous me lisez malgré tout^^]

————————————————————————

Cela faisait déjà longtemps que les heures se déroulaient tandis que nous marchions à travers la forêt. Mes pas suivaient ceux de Roan avec précaution. Juste après son ascension au poste de Meneuse, Astrid avait fait de lui son second et il lui avait prêté allégeance sans la moindre hésitation, honoré par cette décision. A côté de moi, Narmarcil semblait perdu dans ses pensées, le regard dans le vide, avançant comme un automate programmé. Je sentais la présence de Reewen dans mon dos, comme un fantôme qui m'était éternellement attaché. Ses changements de personnalités s'étaient pratiquement effacés depuis notre séjour au camp Vagant. Même si je savais qu'il ne guérirait probablement jamais complètement, une part de moi nourrissait encore l'espoir de le voir redevenir celui que j'avais connu avant de devenir une Cendre. Atheleen marchait derrière lui, les yeux fixés droit devant elle, tous ses sens en alerte, prête à parer, comme toujours, la moindre menace.
Encore quelques pas en arrière, discutant à voix basse, deux jeunes Vagants fermaient la marche. Il s'agissait de Eena et Noham, un frère et une sœur qu'Astrid, malgré les protestations de Roan, avait tenu à ajouter à notre groupe afin qu'ils contribuent à notre protection et à l'accomplissement de notre mission.

Nous nous dirigions désormais vers les Hautes-Brumes, la chaînes de montagnes entourant Valombre et qui, par la même occasion, servaient de frontière entre Argedhen et Erforgon. Selon les lectures de Narmarcil à Emoria, c'était là que se trouvait le troisième Repère et donc là que nous devions nous rendre. Lors de la préparation de notre mission, Astrid avait demandé en quoi l'aide des Vagants nous était indispensable. "De tous les Cendres qui se trouvent dans ce camp, il n'y a qu'Eärwen, Atheleen et moi-même qui sommes capables de nous battre", avait alors expliqué Narmarcil. "A nous trois, continua-t-il, nous pouvons repousser quelques soldats, peut-être même une unité, mais nous ne gagnerons jamais contre une armée entière." La Meneuse s'était appuyée sur la table, comprenant petit à petit à quoi il voulait en venir. Après un bref regard au jeune Cendre, je pris la parole pour continuer à sa place. "Argawen veut les pierres et elle a dû se rendre compte qu'on lui en avait volé. Elle sait que nous allons nous rendre au troisième Repère et elle a sûrement compris que c'est pour l'instant le seul endroit où elle pourrait nous attraper. Elle nous y attendra." "Sauf si on l'empêche de s'y rendre", termina Atheleen.

Astrid avait fermé les yeux, tentant en vain de mettre de l'ordre parmi toutes les informations qu'elle possédait désormais. "Argedhen n'est pas une menace pour l'instant, poursuivis-je. Ils nous veulent mais ne savent pas où nous trouver. C'est Emoria que nous devons paralyser. Emoria et son armée." "Vous voulez que j'ordonne le siège d'Emoria c'est ça ?" finit par lâcher la Meneuse en soupirant. Les yeux plantés dans ses iris sombres, je hochai lentement la tête en sachant que je venais de sceller le sort de plus d'un millier de Vagants et de Vagantes pour l'heure encore disséminés un peu partout sur les trois Terres, la plupart vivant cachés depuis toujours pour survivre. Malgré leur peur, Astrid savait que si elle leur demandait de se joindre à elle, tous viendraient sans hésiter, répondant à l'appel de leur Meneuse légitime. Dans l'heure qui suivit, elle lança plusieurs messagers un peu partout sur le continent pour rassembler son peuple devant les portes de la Ville-centre d'Erforgon et nous offrir l'opportunité de rallier le troisième Repère sans avoir à craindre l'armée d'Argawen.