Chapitre 3

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Point de vue Shoto

- Dis-moi que c'est une blague.

- J'ai l'air de rigoler ?

- Ce qu'il te demande est littéralement impossible. Seul très peu d'alphas peuvent résister à un oméga en chaleur.

- Et bien monsieur en serait apparemment capable. Alors je dois l'être aussi.

Je suis à peine arrivé à l'école que Momo m'a sauté dessus. Nous avions un peu parlé durant le week-end, elle est donc déjà au courant de certaines choses, notamment de la présence du vert.

- Ton père est un grand malade. Deku doit être mort de peur.

Je serre les poings.

- J'aurais préféré. On dirait une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils. Il ressemble à une coquille vide.

Nous sommes à la pause de midi. Exceptionnellement, je fais un détour par le distributeur. Mon amie fronce les sourcils.

- Tu n'as rien à manger aujourd'hui ? C'est rare.

- Ce n'est pas pour moi. Il est déjà si maigre, ce n'est pas avec le pauvre morceau de pain par jour que mon père lui donne qu'il va aller mieux. Je n'ai pas le droit de m'arrêter sur le chemin du retour pour acheter quelque chose d'autre.

- Mais il veut le tuer !

- Selon lui, il n'a pas besoin de plus.

Je prends quelques aliments avant que nous ne retournions en classe continuer notre discussion.

- Et pour la nuit ? Vous dormez dans le même lit ?

Je soupire.

- Non, je suppose qu'il a peur que je lui fasse quoi que ce soit. Alors il préfère dormir sur le sol. Quand j'en ai parlé avec mon père, il a répondu que c'était sa place. J'ai juste réussi à prendre une couverture fine et un oreiller, mais je ne sais pas combien de temps il faudra pour qu'on remarque leurs disparitions.

- Si tu as besoin d'une quelconque aide, n'hésite surtout pas.

- Justement, à ce propos tu penses que tu pourrais

Je lui chuchote quelques mots au creux de l'oreille. Elle hoche la tête.

- Aucun soucis, je t'apporte ça demain.

- Merci, je n'ai vraiment pas envie de lui faire du mal.

- Mais tu es sûr que ton père ne se doutera de rien ?

- Je préfère tenter le coup. Qu'est-ce que j'ai a perdre de toute façon ?

Elle me regarde d'un air soucieux.

- Ne t'inquiète pas, tout ira bien. Ce ne sera pas la première ni la dernière fois où je lui cacherais des choses.

- Tu as raison... Il n'empêche que tu ne pourras pas vivre éternellement ainsi. Surtout que...

- Je sais. J'ai appelé mon patron hier soir en expliquant que je ne peux pas sortir tant que je n'aurais pas fini un truc pour mon père. Il n'a pas vraiment eu l'air d'y croire. A ce rythme, je vais perdre ce job.

Depuis quelques temps maintenant, je travaille en tant qu'étudiant dans un petit café. Mon objectif est de mettre assez de côté pour pouvoir partir définitivement. Je prétendais la plupart du temps travailler chez un ami pour ne pas éveiller de soupçons. Mais avec ce qui vient de me tomber dessus, je ne sais pas comment je vais faire.

- Et ta soeur, elle a accepté de lui donner des cours ?

- Plus ou moins. Elle lui a donné des feuilles en m'expliquant ce qu'il doit faire. Mais elle ne peut pas faire plus vu qu'elle à l'interdiction de l'approcher.

- Elle ne risque pas de lui faire quoi que ce soit pourtant.

- Je serais toi, j'arrêterais de chercher la logique inexistante de cet imbécile.

Déjà que, si je l'écoutais, je devrais me tenir le plus loin possible d'elle. Ce qui voudrais dire être totalement seul aux pauses car il est hors de question de créer des liens avec des personnes aux mentalités semblables à celles de mon géniteur.

Point de vue Deku

Etrangement, il ne m'a pas menti et m'a apporté plusieurs feuilles d'exercices. Ce n'est pas très facile, surtout en l'absence d'explications, mais je fais de mon mieux. Pas parce que j'en ai spécialement envie, mais simplement parce que je n'ai aucun doute qu'il sera furieux si je n'y arrive pas. De toute façon, à quoi cela pourrait bien me servir de savoir lire ?

- Tu pouvais utiliser le bureau tu sais ?

Je relève la tête de mes feuilles. Il se tient devant moi, sans doute revient-il de l'école. Je ne sais pas lire l'heure donc impossible pour moi de le savoir. Quand on me demandait de préparer le repas pour une certaine tranche horaire, mes anciens maitres se contentaient de m'indiquer la position des aiguilles. Si ce n'était pas prêt à temps, j'étais mal. Même si je ne montrais rien, ce qui généralement intensifiait les coups, j'avais un peu mal. La douleur, on s'y habitue. A la longue, on s'habitue à tout. Même au pire.

- Il vous appartient. Je n'ai pas à le toucher.

Le bicolore soupire. Il doit déjà commencer à en avoir marre de moi. Combien de temps encore avant que je ne retourne à la case départ ? J'espère avant que mes chaleurs n'arrivent. Car même si j'ai réussi à enfuir en moi toutes mes peurs et appréhensions, une seule de veut pas partir : la crainte d'être marqué. Par je ne sais quelle chance, j'y ai toujours échappé. Généralement, ils me mettaient dans leur lit avant que cette période ne survienne. Et ils s'énervaient de mon manque de réaction avant de me renvoyer.

- Je t'ai apporté quelque chose à manger.

- J'ai déjà reçu mon pain quotidien.

- Ce n'est pas assez. Mange ça.

Il me tend un espèce de gâteau emballé. Je n'avais jamais vu ça. Sans doute est-ce un produit qui va me donner une drôle de réaction. Je me souviens encore de la fois où j'ai dû prendre un aphrodisiaque. Une horreur à l'état pur. J'avais l'impression d'être en chaleur.

J'avale donc docilement la nourriture, pressentant le pire. Peut-être faut-il un certain temps avant que le drogue ne fasse effet ? En tout cas, je ne ressens rien du tout, or il est déjà descendu pour le repas.

Ce n'est qu'au moment où il se couche que je comprends son objectif.

- Viens dormir avec moi, je ne supporte pas de te voir recroquevillé dans un coin.

Je vois. Les effets ne devraient plus tarder. Il va être temps de le faire.

Docilement, je me relève. Je sais ce qui m'attend. C'est devenu presque normal pour moi.

Il est dos à moi tandis que je retire lentement mon haut. Lorsqu'il s'aperçoit que je suis torse nu, il devient tout rouge.

- Qu'est-ce que tu fais, il s'exclame.

- Je me déshabille, je réponds d'un air neutre.

- Rhabille-toi.

- Je vois. Vous voulez vous en occuper vous-même.

- Mais pas du tout ! Je te l'ai dit, je n'ai pas l'intention de te toucher.

- D'accord.

Je remets mon haut et me couche. Il continue à jouer la carte de la gentillesse. Ou alors il attend que ce qu'il m'a fait consommer agisse. Je suppose que c'est surtout ça.

Je ne dors pas de la nuit. Je déteste être réveillé par des coups de butoir en moi. Ou autre chose du même style. Certains alphas adorent surprendre ainsi. La première fois, j'ai hurlé. Ça a aussi été la dernière. Il faut croire que ma seule qualité est l'adaptation à une situation.

On s'en sortira ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant