Chapitre 9

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Point de vue Shoto

A peine rentré, j'ai lu la lettre d'une traite. Je ne m'étais pas trompé, elle vient bien de Touya. Il ne raconte rien de particulier. Juste qu'il n'y a pas besoin de s'en faire pour lui et qu'il faut arrêter de le chercher : il a tiré un trait sur son enfance et le nom des Todoroki. Il explique aussi que l'homme que j'ai rencontré est un voyageur du nom de Dabi. Apparemment, Touya aurait entendu par hasard qu'il comptait se rendre dans cette ville et lui a demandé de lui rendre ce service.

Fuyumi et Natsuo, qui sont rapidement arrivés après que j'aie expliqué la situation, sont assez sceptiques quant à l'étrange livreur.

- Je suis sûre que c'était lui. Jamais un inconnu ne ferait ça, assure mon frère.

- Je ne sais pas, le contredit ma soeur. Selon Shoto, il a plusieurs brûlures. Il n'était pas blessé en partant si je me souviens bien.

- Les accidents, ça arrive.

- Ce n'était pas lui, je les interromps.

- Comment peux-tu dire ça, s'étonne le blanc.

- Il ne dégageait pas de phéromones particulières. Comme un bêta ou un oméga qui prendrait des suppresseurs. Mais Touya est un alpha alors ça ne concorde pas.

Un silence s'installe. Je ne crois pas non plus que cet homme n'aye aucun lien avec mon frère disparu. Juste qu'il n'est pas lui.

- On ferait mieux d'y réfléchir séparément, finit par trancher ma soeur. Père ne va pas tarder à rentrer et s'il nous trouve dans ta chambre, ça va mal se passer.

Je hoche la tête. Les deux sortent de la pièce après que nous ayons décidé de garder l'oeil ouvert au cas où cet individu referait surface.

Pendant toute la conversation, Deku est resté dans son coin sans s'approcher malgré mon invitation.

- Tout va bien, je demande.

- Oui. Je n'avais pas à m'en mêler.

Depuis que je lui ai fait cette proposition de l'aider à retrouver ses émotions, il ose un peu plus me parler. Avant, il aurait seulement répondu par l'affirmative sans précisions. Ça peut sembler dérisoire, mais dans sa situation, c'est un grand pas. Et surtout, il se dénigre moins qu'à son arrivée. Ou alors il ne m'en parle plus. J'espère que ce sont de vrais progrès et pas simplement une nouvelle comédie.

- Ça te dit qu'on regarde un film ce soir ?

- Tu n'as pas du travail ?

Je hausse les épaules.

- Je peux bien prendre une pause de temps en temps, je ne vais pas en mourir. Alors ? Ça te tente ?

- Je veux bien

- Tu préfères quel style ?

- Heu... Je... Je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion d'en voir beaucoup...

Au moins, il n'est pas question d'un maitre cette fois.

- Un fantastique ?

- D'accord.

Point de vue Deku

Shoto a travaillé durant une bonne heure avant d'arrêter et d'allumer son ordinateur. Nous nous sommes tous les deux installés sur son lit et il a lancé un film.

- Si tu aimes bien, il y en a plusieurs, avait-il dit.

L'histoire est centrée sur un garçon avec une étrange cicatrice sur le front qui apprend qu'il est un sorcier et va devoir se battre face à l'assassin de ses parents. Je ne sais pas si j'aime ou pas, mais je suis pris par les évènements. Lorsque les personnages se retrouvent dans une forêt sombre, je ne me sens pas bien en revanche. Les bois m'ont toujours fait peur.

- Deku ?

Sans m'en rendre compte, je me suis rapproché du bicolore au point que je suis presque collé à lui. Je m'écarte rapidement.

- Pardon, je bafouille.

- Tu n'aimes pas ? Tu veux qu'on arrête ?

- Non... J'ai juste eu un peu peur.

Sans que je ne m'y attende, il passe un bras autour de mes épaules et m'attire à lui.

- Que...

- Si ça peut te rassurer, ça ne me pose pas de problème.

Habituellement, quand quelqu'un me tient ainsi, c'est mauvais signe. Pourtant, cette fois, je me sens presque bien. Comme une ébauche de sécurité. C'est la première fois depuis très, très longtemps que je ne me sens pas menacé. Et il n'y a que lui qui me donne ce ressenti. Son odeur, qui a le don de m'apaiser, m'enveloppe comme dans un cocon.

Il faut croire que j'étais vraiment à l'aise car, quelques temps plus tard, je me suis endormi sur son épaule.

Je suis de retour dans cette forêt. Il me poursuit. Son rire est partout autour de moi.

- Où te caches-tu ? Tu n'as aucune chance de t'enfuir alors pourquoi persister ?

Je cours. Je cours à m'en brûler les poumons. Jamais je n'aurais dû le croire. Ce n'était que de belles paroles. Mais j'étais tellement désespéré que je n'ai pas bien réfléchi. Ce n'est pourtant pas comme ça que ma mère m'a appris à vivre.

Comme d'habitude, il me rattrape au bout de quelques minutes.

Comme d'habitude, je trébuche sur une racine.

Comme d'habitude, je le supplie de me laisser partir.

Mais comme d'habitude, il s'en moque.

Je ferme les yeux. Je sais ce qui va m'arriver : des coups. Encore des coups. Toujours des coups.

Mais pour la première fois, rien ne se passe. J'ose finalement soulever une paupière.

Mon agresseur est à terre. Entre lui et moi, un garçon de mon âge. Ses cheveux sont bicolores et une brûlure entoure un de ses yeux.

Lentement, il s'approche de moi et m'aide à me relever.

- Shoto ? je demande timidement.

- Tout ira bien maintenant. Je te le promets.

Point de vue Shoto

Je dois actuellement être aussi rouge qu'une tomate. Je n'avais pas trop d'idée pour le rassurer alors j'ai fait ce qui me semblait le plus naturel, d'autant plus qu'il s'était de lui-même rapproché juste avant. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il s'assoupisse sur moi.

Il n'a pas fallu très longtemps avant que la respiration du plus petit ne ralentisse. Je ne savais pas quoi faire. Soit nous restions dans la même position jusqu'à ce qu'il se réveille, soit je le couchais.

Après un petit temps d'hésitation, j'ai finalement opté pour la seconde option. Délicatement, je me suis dégagé et je l'ai placé sous la couverture.

J'ai éteint l'ordinateur et retenu là où nous étions arrivés. Même si je doute qu'il veuille vraiment continuer par la suite, on ne sait jamais.

Après ça, j'ai essayé de me concentrer un minimum sur mes devoirs jusqu'à ce que mon père ne m'appelle pour manger. Il n'a fait aucune allusion à la lettre reçue quelque temps auparavant et nous en avons fait de même.

Lorsque j'en ai eu enfin fini avec ce repas barbant, j'ai pu retourner dans ma chambre. Je déteste de plus en plus la simple présence de cet homme.

Entre temps, Deku n'a pas changé de place : toujours endormi dans le lit. En revanche, contrairement à un peu plus tôt, il est désormais recroquevillé.

Malgré qu'il ne soit pas si tard, je me glisse à ses côtés. Il semble trembler et de petites larmes s'échappent de ses yeux clos. Sans doute est-il en proie avec ses souvenirs.

J'essuie doucement ses joues. Une personne comme lui ne devrait pas avoir à supporter tant.

Je commence à penser que Momo n'a  pas totalement tort, peut-être que je ne le considère pas comme un simple ami. Peut-être que j'ai quelques sentiments pour lui. Peut-être.

Je pose un léger baiser sur son front.

- Tout ira bien maintenant. Je te le promets.

On s'en sortira ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant