Chapitre 17

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Point de vue Shoto

Trouver des informations. Ils sont bien gentils mais ça ne se fait pas en un claquement de doigt. Surtout que je n'ai jamais voulu mettre le nez dans les affaires de mon père.

Nous retournons avec Dabi à notre point de départ, mes yeux à nouveau bandés. Je ne cesse de me passer cette rencontre dans ma tête. Tout ça me paraît tout simplement irréel.

Lorsque nous arrivons enfin à destination, il m'enlève le bandeau et désigne un renfoncement dans la ruelle.

- Si on veut te faire passer des infos, on laissera un message là. Viens vérifier tous les jours pour éviter que ça ne tombe entre de mauvaises mains.

- Et si moi je veux vous contacter ?

- Pareil. Un mot là. On viendra régulièrement. On n'est jamais très loin de toute façon.

- J'ai cru comprendre. Comment vous avez su pour Momo et Deku ? Vous m'espionnez ?

- Crois ce que tu veux gamin. Mais on n'allait pas t'inviter sans en savoir plus.

Ça sonne comme un aveu. Au moins, j'ai la certitude qu'ils ne sont pas totalement inconscients dans leurs choix. J'ai envie de les aider mais je ne suis pas suicidaire pour autant.

- En tout cas, t'as fait bonne impression. Pas trop mal. Ce Deku est bien protégé.

- On va dire ça... Celui avec les cheveux bleus n'avait pas l'air très engageant.

- Il n'aime pas trop les alphas. Comme à peu près tous les membres de la ligue.

- Est-ce que... Il y a d'autres alphas ? Je veux dire... Il n'y avait aucune odeur alors...

- Je vois très bien à quoi tu penses gamin, il me coupe. Mais tu es le seul et unique Todoroki présent dans la ligue. Quant aux odeurs, ceux qui en ont besoin prennent des suppresseurs. On ne doit pas laisser de traces lors d'une attaque.

Bon, au moins ça a le mérite d'être clair.

- Je... Je ferai mieux d'y aller. Les cours vont bientôt reprendre.

- C'est ça file. Et n'oublie pas que tu ne peux en parler à personne. Pas même à Deku.

Je hoche la tête. De toute façon, je n'avais absolument pas l'intention de lui en parler. Pas que je n'aie pas confiance en lui ou quelque chose de la sorte. Mais plutôt que je ne veux pas le mettre en danger. Si mon père apprend qu'il sait quoi que ce soit à propos de cette fameuse ligue, il le tuera dans hésitation. Et ça, il en est hors de question.

- Où étais-tu passé, chuchote Momo alors que je m'installe à côté d'elle. Je t'ai cherché pendant toute la pause. Tu me fuis ?

- Non je... Je devais rencontrer un vieil ami, j'invente.

- Pourquoi tu ne m'as pas prévenue ?

- Désolé, j'ai oublié.

- Fais attention la prochaine fois, tu as failli être en retard. Tu sais que l'école appellera si tu rates la moindre minute.

- Pas besoin de me le rappeler.

Comme si ça ne suffisait pas d'être constamment surveillé à la maison. D'ailleurs il va falloir que je me renseigne pour la ligue. Peut-être que je pourrais trouver l'endroit d'où vient Deku. Avec un peu de chance, il a gardé un papier ou autre indiquant la localisation. Le connaissant, c'est possible. Il garderait ça comme un acte de propriété. Il me dégoute.

Il rentre tard ce soir, c'est l'occasion rêvée pour fouiller dans son bureau.

Je refuse de faire comme si je m'intéressais à cette suprématie. Je n'en suis pas capable. De toute façon, il trouverait cela étrange surtout quand on sait que je l'ai toujours rejeté.

Je vais devoir faire très attention à ce que je dis.

Le pire va être de ne rien laisser paraître au vert. Il a un instinct assez performant sur pas mal de chose même s'il n'a pas l'air d'en avoir toujours conscience.

Point de vue Deku

Lorsque Shoto rentre, je sens tout de suite qu'il n'est pas dans son état normal. Je ne sais pas vraiment comment m'expliquer, c'est comme un sixième sens.

- Tout va bien, je demande.

- Journée compliquée, il se contente de répondre. Les profs nous ont donné une tonne de travail, j'ai l'impression que je n'arriverai jamais au bout.

Il dit souvent ça. Parfois, j'ai l'impression qu'il n'aime pas vraiment ses études. Je sais que les alphas suivent les traces de leurs pères, mais lui est différent. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression qu'il essaye de se soustraire à la pression que lui impose son géniteur. C'est même plus qu'une impression.

- Et toi, tout s'est bien passé ? Aucune visite de mon père ?

- Aucune.

Suite à cela, il se met à son bureau pour commencer ses devoirs tandis que je me penche sur mon livre. Il y a quelques jours de cela, le bicolore m'a apporté quelques albums pour enfant afin que je puisse m'entrainer à la lecture. Au début, j'ai vraiment eu du mal. Mais les images m'aidaient à comprendre l'histoire.

Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion d'apprendre à lire, mais je me rends compte que, si j'en avais eu la possibilité, j'aurais adoré ça.

Si je n'étais pas né en tant qu'oméga, si chacun naissait avec les mêmes chances, qu'est-ce que j'aurais pu être ? Je ne sais vraiment pas. Par contre, je crois que j'aurais voulu être quelqu'un capable de donner le sourire aux autres. Personne ne devrait être incapable d'être heureux. Personne. Je ne comprends pas comment certains trouvent du plaisir à rabaisser les autres. Il n'y a aucune logique.

Pourtant, c'est dans ce monde que je suis né. Et je ne peux rien y changer. Je peux déjà m'estimer chanceux. C'est vrai, certains sont dans des conditions bien pire que les miennes. Surtout depuis que j'ai été acheté par monsieur Todoroki et que j'ai rencontré Shoto.

Une fois qu'il eut mangé et soit remonté dans sa chambre, au lieu de retourner travailler, il s'installe à côté de moi. Maintenant que je n'ai plus peur de lui, j'ai accepté sa proposition de m'asseoir sur son lit. Ce qui est plus confortable que le sol. Mais ma relative sécurité passe bien avant. De toute façon, s'il le voulait vraiment, il aurait pu me faire du mal depuis bien longtemps. A moins qu'il ne cherche à me briser totalement.

A quoi je pense ? Il n'est pas du genre à faire ça. Je refuse d'y croire. Sinon, je ne sais pas comment je réagirais

- Tout va bien Deku ?

Je secoue vivement la tête pour me remettre les idées en place.

- Oui j'étais perdu dans mes pensées Je suppose.

- D'accord. Je me disais, ça te dirait de regarder un film ? J'ai l'impression que tu as besoin de te détendre un peu.

J'acquiesce timidement, notre dernier visionnage encore en mémoire.

- On va plutôt prendre une comédie pour ne pas avoir le même problème que la dernière fois.

J'ai parfois du mal à me rendre compte à quel point il peut être attentif à moi. J'ai croisé très peu de personnes comme lui durant mon existence. Et à chaque fois, ces personnes m'ont été arrachées d'une manière brutale.

Le bicolore a peut-être raison, j'ai besoin de me changer les idées. Je n'ai pas envie de retourner broyer du noir comme auparavant. Je me demande toujours actuellement comment j'ai pu survivre à cette période de ma vie.

Je me demande tout simplement comment j'ai fait pour ne jamais craquer jusqu'ici.

On s'en sortira ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant