Chapitre 14

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Point de vue Deku

Le reste de la semaine s'est passé sans aucun autre problème. Nous ne nous sommes plus approchés de la forêt, préférant rester aux alentours du manoir.

Pendant tout ce temps, je me suis petit à petit ouvert à Shoto. Je lui raconte quelques moments de mon enfance avec ma mère. Plusieurs fois, j'ai failli pleurer en me rappelant ces instants qui ne reviendront jamais. Mais à chaque occasion, le bicolore était là pour me rassurer d'une manière ou d'une autre. Que ce soit à l'aide de ses phéromones ou en me prenant tout simplement dans ses bras, en me faisant sentir sa présence. Lentement, je sens l'armure que je me suis forgée se fissurer lorsque je suis avec lui. Il est le seul à avoir réussi ce tour de force durant toutes ces années.

Et ça me fait un peu peur. J'ai cette impression d'être à nu face à lui. Qu'il va vite découvrir mes points forts et mes faiblesses. Et cette idée ne me rassure pas vraiment. Mais en même temps, il reste Shoto. Celui qui arrive à me consoler, celui qui me fait me sentir bien, celui qui me met en confiance... Peut-être que je peux me fier à lui. Peut-être qu'il peut m'aider. Peut-être.

Beaucoup de questions et très peu de réponses. Mais c'est déjà bien plus que ce à quoi je me suis habitué. Après tout, il est possible qu'il me sorte de cet enfer dans lequel je baigne depuis plusieurs années.

Mais avant, je me demande pour quoi il a l'accord de Momo. De quoi est-il question ? Je sais que je n'étais pas censé l'entendre et qu'en plus elle parlait très bas, mais j'ai développé une très bonne ouïe au fil du temps. Et je n'ai pas osé interroger le bicolore à ce sujet. Même s'il n'est pas comme les autres alphas, je doute qu'il aime qu'on se mêle de ses affaires.

Elle m'a eu l'air assez gentille, alors je suppose que je n'ai pas trop à m'en faire. Et puis, c'est son amie. Je me prends sûrement la tête pour rien.

Maintenant que monsieur Todoroki est de retour, l'ambiance a changé drastiquement. Et pas seulement Shoto, mais sa soeur aussi. Elle est venue m'apporter de nouveaux exercices ce matin et elle avait l'air très nerveuse, craignant de se faire prendre par son père je suppose. J'ai toujours du mal à me faire à l'idée qu'on peut se sentir si mal dans sa propre famille. Du peu que je me rappelle de ma mère, elle était aimante et affective.

Soudain, des bruits de pas se font entendre dans l'escalier. Je fronce les sourcils, personne n'est censé être ici. Ils sont tous soit au travail, soit à l'école. Alors qui est-ce ?

Je me renfonce un peu plus dans mon coin en tremblant. Je croyais que personne ne pouvait entrer sans y être invité. Est-ce que la sécurité ne serait pas aussi infaillible que prévu ?

Les pas se rapprochent jusqu'à arriver devant la porte, celle derrière laquelle je me cache. L'intrus doit pouvoir sentir ma peur de loin, je ne pourrais pas me cacher. Je suis fichu.

De calme, ce n'est peut-être qu'un simple voleur qui va partir quand il se rendra compte que la maison n'est pas aussi inoccupée qu'elle en à l'air.

Et s'il en profitait pour m'emmener en même temps ? Il pourrait très bien le faire, surtout si c'est un alpha. Mais pourquoi un alpha cambriolerait-il un autre alpha ?

Je repense à ce frère disparu mais certainement dans les parages. Il aurait une très bonne raison de s'en prendre à la maison de son enfance. Et y ayant passé une partie de sa vie, il se souvient sûrement de la disposition des lieux.

Les minutes s'écoulent inexorablement. Aucun bruit ne résonne dans la grande maison. Ce n'est qu'après un temps qui me semble une éternité que l'inconnu se décide enfin à bouger. Il délaisse la chambre devant laquelle il s'était posté avant de continuer sa route.

Je reste figé dans mon coin, n'osant pas changer de position de peur que l'autre ne revienne, alerté par le bruit.

J'ai peur, j'ai tellement peur. Shoto s'il te plaît, ne tarde pas.

Point de vue Shoto

La première chose qui me frappe en rentrant de l'école est l'odeur. Une odeur de crainte, de terreur si on en croit la puissance.

Je ne perds pas plus de temps et grimpe les escaliers aussi vite que je peux.

Lorsque je débarque dans la chambre, le vert est roulé en boule dans un coin reculé, presque entièrement caché.

- Deku, je m'écrie en l'apercevant.

Il relève doucement la tête.

- Shoto ?

Je me rapproche délicatement de lui jusqu'à être à côté.

- Je suis là. Qu'est-ce qui se passe ?

Mon voisin tremble de tout son corps et son regard ne cesse de fouiller les environs.

- Il... Il y avait quelqu'un, il murmure.

- Ce n'est pas possible, je m'étonne. Pas avec le système de sécurité actuel.

- Je te jure il... Il était là, devant la porte.

Je ne comprends pas. Personne ne peut franchir la barrière sans se faire repérer, mon père me l'a assez répété. Dès qu'on entre dans le domaine par ce seul et unique accès, si on n'a pas cet espèce de porte-clés, une alarme se déclenche immédiatement. C'est totalement impossible qu'un étranger soit entré.

Le vert me fixe, les larmes aux bords des yeux.

- C'était sûrement ma soeur. Oui, c'est ça. Elle devait venir rechercher quelque chose. Son école n'est pas très loin. Elle peut être assez tête en l'air parfois.

- Tu crois ?

- Mais oui, bien sûr. Tu n'as pas à t'en faire.

Doucement, j'essuie les quelques gouttes qui ont coulé sur ses joues.

- Tout est sous contrôle, tu n'as pas à t'inquiéter.

Je déteste lui mentir de la sorte, mais je ne veux pas qu'il se soucie de ça. Je vais mener mon enquête de mon côté, certaines caméras ont peut-être enregistré quelque chose d'intéressant.

Point de vue Deku

La nuit est tombée. Malgré les phrases que m'a dites Shoto, je n'arrive pas à me calmer. Même s'il s'agissait effectivement de sa soeur. Tout tourne dans ma tête. Dès que je ferme les yeux, je revis la scène.

- Tu n'arrives pas à dormir ?

Le bicolore se tourne vers moi, un air soucieux au visage.

- Je... Je n'ai pas l'habitude de dormir autant.

- Tu as toujours peur ?

Je relève rapidement la tête, surpris.

- Je le sens.

- Je... pardon. Ne t'occupe pas de moi.

- Et puis quoi encore ?

- Ce... Ce n'est pas important. Juste un oméga peureux.

- Tu es la personne la plus courageuse que j'aie rencontré.

Une personne, pas un oméga. Est-ce pour cette raison que mon coeur bat si vite ? Est-ce pour cette raison que je me sens si bien en sa présence ?

- Est-ce que... Tu pourrais me prendre dans tes bras, je chuchote.

Le plus grand me regarde, étonné.

- Je... non, oublie... Je ne sais pas ce qui m'a pris et...

- Si ça peut t'aider, alors pas de soucis.

Il écarte se bras, m'invitant à le rejoindre. J'hésite quelques secondes avant de me blottir dans ceux-ci. Son odeur emplit rapidement mes narines.

- Tu sens bon, je marmonne dans un demi-sommeil.

On s'en sortira ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant