Chapitre 30

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Point de vue Dabi

J'ai quitté la maison. Je n'avais pas l'intention de revenir un jour. Pas après ce que j'avais vécu. Père n'est qu'un abruti, je ne peux pas continuer à vivre comme ça. Cette histoire de suprématie, ce n'est que du vent. Hors de question que je finisse comme cet enfoiré.

Le nom des Todoroki, je n'en veux plus.

J'ai erré de villes en villes durant plusieurs mois avant de tomber par hasard sur Shigaraki dans un bar. J'aurais pu ne même pas le remarquer. Pourtant, quelque chose chez lui m'a interpellé sans que je ne sache vraiment quoi. Sa démarche ? A moins que ce ne soit sa manière de regarder sans arrêt autour de lui, comme s'il attendait quelqu'un ?

J'aurais pu l'ignorer, continuer ma route bien loin. Mais ma curiosité était piquée au vif. Pendant quelques jours, je l'ai suivi discrètement. Mon odeur m'a vite trahi.

Ce jour-là, il s'est aventuré dans une ruelle sombre avant de se tourner dans ma direction, à l'abri des regards indiscrets.

- Tu vas encore me suivre longtemps l'alpha ? J'ai pas que ça à faire.

Je suis sorti de mon coin. Sans doute est-ce un oméga, même si je ne sens rien de particulier. Il doit être sous suppresseur.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- Honnêtement, je n'en sais rien. J'avais rien de mieux à faire, j'ai répondu en haussant les épaules.

- Mais est-ce que ce ne serait le fameux fils des Todoroki, celui qui a fui ?

Je m'étais instantanément figé. Que savait-il ?

- En quoi ça te regarde ?

- Pourquoi avoir quitté ton confort. Franchement, tu es débile. Ton père te cherche t'es pas au courant ?

- Ce qui aurait été débile, c'était de rester avec lui. Je n'ai pas besoin de son prétendu confort ou avenir tout tracé.

Un sourire avait étiré ses lèvres. Pourquoi est-ce que j'avais eu l'idée de le suivre ?

- Que dirais-tu de te venger de cette société pourrie ?

Au final, j'ai intégré la ligue. Au début, nous n'étions pas très nombreux. Et puis, petit à petit, nous avons grandi et gagné un nom. Ces idiots d'alphas sont tombés les uns après les autres sans comprendre ce qui leur arrivait.

Lors d'une mission qui a mal tourné, je me suis salement blessé. Les plaies se sont cicatrisées à la longue avant de prendre une teinte mauve et j'ai coloré mes cheveux en noirs. Impossible de me reconnaitre. Sans compter ces suppresseurs pour alphas trouvables uniquement dans le marché noir. Touya Todoroki était définitivement mort, laissant la place à Dabi.

Et puis, un jour comme les autres, nous nous sommes retrouvés dans ma ville natale. Je n'avais pas la moindre intention de sortir plus que de raison, mais Toga m'a convaincu de jouer le guide.

C'était un jour comme les autres, le soleil brillait dans le ciel. Rien n'annonçait l'orage qui allait éclater dans mon esprit. Je pensais avoir définitivement tiré un trait sur mon passé, mais il a fallu d'un petit élément pour tout déclencher. Une seule personne.

Je ne voulais plus entendre parler de mon père, mais le reste de ma famille, il faut croire que j'y tenais encore un peu. Je devais vous revoir tous. Je me disais qu'une simple lettre pour vous donner de mes nouvelles suffirait, je me trompais.

Je voulais vous revoir. Alors j'ai profité d'un voyage de cet enfoiré pour passer la sécurité. Un jeu d'enfant : rien n'avait changé pendant toutes ces années.

Je pensais trouver un petit frère abruti par les idéologies de notre paternel. Dire que j'ai été surpris est un faible mot.

Te trouver, en compagnie d'un oméga vu l'odeur et d'une bêta, je l'ai appris par la suite grâce à Toga, a été à la fois déroutant et intrigant. Cet oméga avait certes l'air apeuré, mais il semblait aussi s'émerveiller de tout et de rien. Et tu ne l'as pas laissé seul lorsqu'il a commencé à paniquer.

Je ne sais pas pourquoi, j'ai voulu que tu intègres la ligue. Sans doute voulais-je t'offrir la même chance qu'il m'a été offerte par le passé.

Je ne comptais pas te révéler qui j'étais. Mais tu m'as posé tant de questions et tu avais déjà de doutes sur mon identité. J'ai préféré que tu l'apprennes de ma bouche plutôt que de celle d'un autre.

Point de vue Shoto

- Voilà, tu sais tout.

Un silence s'installe pendant que je digère l'information. Momo et moi avions déjà pensé à cette théorie, mais nous l'avions finalement écartée au bout d'un moment, jugeant cela impossible.

- Je croyais être le seul Todoroki dans la ligue, c'est ce que tu m'avais dit.

Il soupire. Il ne s'attendait quand même pas à ce que je le prenne calmement ?

- Je n'ai pas menti. Le Touya Todoroki que tu as connu n'existe définitivement plus. J'ai abandonné ce nom depuis longtemps.

- Tu joues sur les mots, je fais remarquer.

- C'est vrai. Faut croire que j'ai pris l'habitude.

- Tu aurais pu donner des nouvelles. On s'est inquiété tout ce temps.

- Tu voulais que je dise quoi ? Que j'ai rejoint la ligue ? Notre père l'aurait su d'une manière ou d'une autre. Rester loin de vous tous était la solution la plus sûre.

- Mouais.

Il n'a pas totalement tort. Il n'empêche que savoir qu'il était si proche dernièrement et ne nous a envoyé qu'une simple lettre laisse un arrière-gout amer.

- Comment vont Fuyumi et Natsuo ? J'ai à peine pu les apercevoir.

- Fuyumi est devenue institutrice. Elle adore son travail même si elle stresse autant que ses élèves quand il y a un contrôle.

Je le vois esquisser un sourire.

- Elle n'a pas changé. Toujours à se préoccuper des autres.

- Natsuo étudie pour devenir médecin. Il refuse l'aide de père et passe ses journées enfermé dans sa chambre à étudier. On ne le voit presque jamais.

Point de vue Deku

J'ai chaud. Et froid en même temps. J'ai du mal à respirer tant ma gorge me brûle. J'ai l'impression que plus rien autour de moi n'a de l'importance.

Je vois à peine ce qui m'entoure. Tout semble distordu. Qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui ne l'ai pas ?

Je ne sais absolument pas ce que j'ai. Je n'ai que quelques vagues souvenirs.

Je suis allongé à même le sol. Il est frais et apaise la sensation de brûlure que je ressens sur l'entièreté ma peau.

Quelqu'un arrive dans mon champ de vision. Ses cheveux sont bicolores. Shoto.

- Deku ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Si seulement je pouvais lui dire. Mais ma langue ressemble à un corps étranger et menace de m'étouffer à tout moment.

Sa voix me parvient comme à travers l'eau. C'est à peine si je distingue des mots. Ses lèvres s'agitent sans que je ne comprenne quoi que ce soit.

Je le sens me porter et me poser sur le lit. Sa main se pose sur mon front. Il ne la laisse que quelques instants avant de la retirer et de sortir de la chambre rapidement.

Où vas-tu Shoto ? Pourquoi me laisses-tu ? J'ai peur seul. J'aimerais que tu reviennes...

C-2

On s'en sortira ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant