On s'en sortira ✔️

Chapitre 18

Point de vue Deku

Depuis quelques jours maintenant, j'ai l'impression que Shoto est différent. Comme s'il voulait me cacher quelque chose.

En temps normal, j'aurais fait comme si de rien n'était. Sauf que cette fois, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je pense que ce n'est pas anodin. Et que cela pourrait prendre des proportions démesurées, si ce n'est pas déjà le cas.

Avec n'importe qui d'autre, je serais resté dans mon coin, attendant que l'on m'appelle. Mais ce n'est pas n'importe qui, c'est Shoto. Et pour une raison que je ne m'explique toujours pas, je veux l'aider. Peu importe les conséquences.

Ce n'est pas dans mes habitudes de me moquer des répercutions que mes actes pourraient causer. Je ne comprends vraiment pas ce qui m'arrive dernièrement. J'ai changé en l'espace de quelques mois. Je retrouve quelques émotions, ces mêmes émotions que j'ai tenté plus d'une fois de jeter aux orties. Et la première à être revenue a été la peur. Cette peur de la solitude, cette peur des inconnus, cette peur de l'abandon.

Durant des années, j'ai réussi à enfouir tout cela au fond de moi. Je me disais que ma vie n'avait pas d'importance, que dans cette société je n'étais qu'un objet. Un objet ne ressent rien pas vrai ?

Mais maintenant, tout est si différent. Je l'ai rencontré lui. Et à l'instant précis où nos regards se sont croisés, j'ai senti comme une vague de chaleur que je n'arrive pas à interpréter. En revanche, une seule et unique chose est sûre : je me suis attaché à lui plus qu'à n'importe qui d'autres. La dernière fois où j'ai été aussi proche d'une personne remonte à bien longtemps. A quand je n'étais encore qu'un enfant innocent.

Il est actuellement penché sur ses devoirs lorsque j'arrive enfin à rassembler le courage nécessaire pour lui poser la question qui me trotte dans la tête depuis un moment déjà.

- Shoto, je commence timidement.

Il se retourne et me regarde d'un air mi interrogateur, mi inquiet. C'est vrai que je ne l'ai jamais interrompu pendant qu'il travaille.

- Tout va bien ?

- Oui... Juste... Je me demandais si tout va bien pour toi...

Le brûlé affiche désormais une mine étonnée.

- Pourquoi ça n'irait pas ?

- C'est juste que... Je te vois tous les jours et... j'avais l'impression que tu étais différent.

- C'est à dire ?

J'espère que je ne suis pas en train de faire une énorme bêtise.

- Tu... Tu es souvent dans tes pensées... Et tu as l'air préoccupé...

- Rien qui ne doive t'occuper.

Son ton est froid, cassant, sec. Je me recroqueville instinctivement.

- Pardon. Je... Je n'aurais pas dû demander. Ce... Ce ne sont pas mes affaires.

Son regard s'adoucit presque instantanément.

- Je ne voulais pas te faire peur.

Le bicolore se lève de sa chaise et s'assoit à côté de moi tout en relâchant quelques phéromones que je respire discrètement. Je suis peut-être trop attaché à lui pour mon propre bien.

- Je suis un peu sous pression pour l'instant entre l'école et mon père. Les cours se font de plus en plus durs et les examens approchent. Mais ça va passer ne t'inquiète pas.

Je hoche doucement la tête. Je sens qu'il ne me dit pas tout mais je n'ose pas insister. Je n'aurais de base même pas dû m'aventurer sur ce terrain. Tout cela ne me regarde pas. Ce sont des affaires d'alphas et je n'ai pas à m'en mêler.

- Tu veux qu'on regarde un film avant de dormir ?

- Mais... Tu viens de me dire que tu avais beaucoup de travail.

- Une pause ne me fera pas de tort. Comme tu l'as si bien remarqué, je ne suis pas dans mon état normal.

- Je... Pardon...

- Ne t'inquiète pas pour ça.

Point de vue Shoto

- La terre à Shoto. Est-ce que vous me recevez ?

Je cligne des yeux. La salle de classe est presque entièrement vide.

- Désolé j'étais dans la lune.

- J'avais remarqué. Quelque chose ne va pas ? Tu as encore des problèmes avec ton père ? A moins que ce ne soit en rapport avec Deku.

D'une certaine manière, elle est dans le vrai.

- Non. C'est juste les cours. Rien de plus.

- A d'autres. Tout est calme pour l'instant.

- Peut-être mais les examens approchent.

- Ce serait bien la première fois qu'ils te préoccupent. Tu serais plutôt heureux d'échouer pour faire râler ton père.

Nous passons devant le distributeur afin que je refasse ma réserve pour Deku ; je n'ai presque plus rien.

- Tu es étrange depuis que tu as rencontré cet ami. Je suis sûre que ce n'était pas une discussion anodine que vous avez eue.

Elle est beaucoup trop perspicace.

- C'est juste une coïncidence. Et puis c'est quoi cette manie à me trouver bizarre dernièrement ?

- Je parie que c'est Deku qui t'en a fait la remarque. Si deux des personnes les plus proches de toi te le dise, c'est qu'il y a une raison tu ne crois pas ?

Je soupire. Elle ne lâchera de toute évidence pas le morceau.

- Je suis ta meilleure amie, elle continue, je peux t'aider.

- Non tu ne peux pas, pas cette fois.

- Tu pourrais au moins m'expliquer.

- Quelqu'un est entré dans la maison, je fini par laisser tomber. Et je n'arrive pas à trouver qui.

- Pardon, elle s'exclame.

- Moins fort.

- Pourquoi tu n'en parles à personne ?

- Qu'est-ce que cela changerait ? La sécurité risque juste d'être renforcée et de devenir encore plus étouffante.

- D'accord mais...

- Non, je dois mener l'enquête seul. Et si je ne trouve rien, je ne peux qu'espérer qu'il ou elle ne reviendra pas.

- Il n'y a rien sur les caméras de surveillance ?

- C'est la première chose que j'ai vérifié. L'entièreté du système est tombée en panne pendant son passage. Je doute que ce soit le hasard.

- C'est donc quelqu'un qui connaissait les lieux. Et s'il s'agissait de ton frère ?

Je secoue la tête.

- Ni Deku ni moi n'avons senti la moindre odeur anormale. C'est donc soit un oméga sous suppresseur soit un bêta.

- Je vois. Peut-être ce type brûlé alors. Il a l'air de s'intéresser à toi j'ai l'impression.

Comment lui dire qu'il nous a littéralement espionnés lorsqu'elle est venue chez moi l'autre jour ? Mais en même temps, elle n'a peut-être pas tort. Il faudra que je lui pose la question la prochaine fois.

Nous arrivons finalement à la grille de l'école.

- A demain Momo.

- A demain. Soit prudent, on ne sait jamais avec ce qui t'es arrivé.

- Promis.

Durant le chemin du retour, je tente de mettre de l'ordre dans mes idées. Il va falloir que je fasse attention à ce que je dis ou fait si je ne veux pas être démasqué. J'espère que ces deux-là l'on remarqué parce que nous passons beaucoup de temps ensemble. Il faut dire aussi que j'ai du mal à gérer tout ce qui me tombe dessus dernièrement. D'autant plus que rien n'avance, que ce soit à propos de cet intrus ou des informations pour la ligue.

J'étais perdu dans mes pensées quand une voiture noire s'arrête juste à côté de moi. Une main me tire à l'intérieur sans que je ne puisse réagir.