On s'en sortira ✔️

Chapitre 27

Point de vue Shoto

La nuit et la journée qui ont suivis se sont passées sans aucun autre soucis. Lorsque je suis parti, le vert dormait toujours. J'ai préféré le réveiller, je ne voulais qu'il doive faire face à un nouveau cauchemar seul.

J'allais passer la porte d'entrée lorsque je remarque une ombre passer à la lisière de mon champ de vision. J'ai d'abord pensé que j'avais rêvé, mais j'ai rapidement changé d'avis. Et s'il s'agissait de ce fameux intrus ?

Selon ce que j'ai cru voir, il ou elle se dirigeait vers la forêt. Est-ce qu'il y aurait une faille dans la sécurité dans ce coin-là ? C'est vrai qu'il n'y a pas de meilleur endroit pour agir en toute discrétion.

Sans attendre plus, je dépose mon sac là où je me trouve et m'élance en direction des bois.

Si dans un premier temps rien ne semble anormal, je remarque rapidement quelques branches cassées et des empreintes de pas. Personne n'est venu ici dernièrement. Personne, tout du moins à ma connaissance.

Je m'enfonce un peu plus, le tout semble se rapprocher du lac où je devais aller avec Deku la dernière fois. J'essaye de marcher le plus silencieusement possible, ne voulant pas alerter le fuyard.

Au bout de quelques pas encore, j'arrive enfin à l'étendue d'eau. Les canards flottent paisiblement malgré l'homme pourtant juste à côté d'eux.

Même de dos, je reconnais cette longue veste et ces cheveux noirs ébouriffés.

- Je peux savoir comment tu es entré, Dabi ?

Le brûlé se retourne. Sur son visage, différentes émotions se bousculent, rendant son expression indéchiffrable.

- Salut gamin.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'espionne ? La ligue ne me fait plus confiance ?

- Je suis juste venu faire un tour dans les bois. Pas de quoi t'emballer.

- Et comment tu as fait pour passer la sécurité ?

- Il y a un trou dans le mur. Je pouvais pas savoir que c'était propriété privée.

- Tu étais juste à côté de la maison il n'y a pas cinq minutes.

Il met ses mains dans les poches de son long manteau.

- Tu as dû te tromper. J'ai pas bougé depuis un moment.

- C'est comme ça que tu as su pour Deku et Momo pas vrai ? On ne pouvait pas nous voir depuis la route, j'y avais fait attention.

Ce point m'avait toujours travaillé. Je pensais qu'il m'avait vu avec Momo à la sortie des cours et Izuku lorsqu'il était entré le premier jour. Mais ça me paraissait quand même bizarre.

Il soupire.

- Il y a des choses qu'il vaut mieux que tu ignores.

- Tu veux savoir, on dirait mon père. Il croit savoir ce qui est bon pour moi mieux que moi-même.

Je le vois serrer les dents. Etre comparé à Enji est tout sauf un compliment. Mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas que ça.

- Je ne suis pas comme cet enfoiré, il répond en essayant de garder son calme. Je suis les règles. La ligue cache bien plus que ce que tu ne peux imaginer.

- Comme par exemple une amie d'enfance de Deku ? Je veux bien croire que tout ne nous concerne pas, par contre ce n'est pas une raison pour nous laisser dans l'ignorance.

- Tu sais ce que tu as à savoir. Ni plus ni moins. Toga était une coïncidence. Et elle avait interdiction de t'en parler. Si la situation n'avait pas dégénéré, jamais tu ne l'aurais su parce que ça ne pouvait que te distraire.

- Ce qui me distrait c'est de chercher des réponses. Je sais que tu caches quelque chose d'énorme. C'est ça qui me distrait. Je me demande sans arrêt ce que cela peut être.

- Je ne te cache rien. Reconcentre-toi sur tes priorités, gamin.

- Non, j'en ai assez de ne rien savoir.

Point de vue Deku

Lorsque Shoto est rentré, j'ai tout de suite senti que quelque chose n'allait pas. A force de passer du temps avec lui, j'ai fini par apprendre à le décrypter. Et puis, il y a ce lien qui me pousse vers lui sans que je ne sache pourquoi.

Hier, j'en ai véritablement pris conscience, je suis attaché à lui. Cette semaine seul a été horrible.

J'ai peur et en même temps j'ai envie de voir jusqu'où nous pourrions aller. Je ne sais pas du tout ce que je ressens, je ne connais pas les sentiments positifs. Tout ce que je sais, c'est que je me sens bien, apaisé, en sa présence. Mais c'est différent de ce que j'éprouvais pour ma mère ou encore Toga. C'est plus fort j'ai l'impression, et plus angoissant. J'ai peur car je ne sais pas ce que lui pense de moi. Et s'il ne ressentait pas le même "truc" ? C'est pour ça que j'angoisse.

- Tout va bien, je demande timidement.

Il soupire en passant la main dans ses cheveux.

- On peut dire ça. J'ai trouvé l'intrus de la dernière fois.

Je me fige. Le bicolore me sourit d'un air réconfortant.

- Tu n'as pas à t'en faire. Il ne te fera aucun mal. On peut dire que c'est un ami.

- Momo ?

- Non.... Tu le rencontreras sûrement plus tard, mais pour l'instant... Je ne peux rien te dire de plus.

- Je... Je vois.

Je n'ose pas plus forcer. J'ai toujours peur qu'il ne se mette en colère comme la dernière fois.

- Et toi, ça a été ? Tu n'as pas refait de cauchemar ou...

- Non. Je n'ai pas dormi.

La seule idée de fermer les yeux me terrifie. En tout cas, si je suis seul.

- J'espère que ça ira mieux cette nuit. Si tu veux, je peux demander à mon frère s'il ne s'y connait pas sur le sujet. Il étudie en médecine alors il a peut-être une réponse.

Si son frère est médecin, il sait sûrement ce que j'ai. Depuis quelques temps je me sens assez bizarre, surtout à certaines heures de la journée.

- Et ton frère... Tu crois que je pourrais lui parler ?

- Sans doute. Pourquoi, tu ne te sens pas bien, il s'alarme presque aussitôt.

- C'est... C'est trois fois rien. Juste comme une sensation de chaleur dans l'estomac. Et le coeur qui bat vite. Je me disais que... Shoto ?

Il est devenu rouge presque instantanément.

- C'est rien. Heu ça t'arrive souvent ?

- Oui... Je n'avais jamais eu ça avant alors je ne sais pas si c'est normal.

- Je pense que tu vois ton corps réagit différemment en fonction des sentiments. Je suppose que c'est ça.

- Et tu sais que quel sentiment il s'agit ?

- Je... je dois vérifier.

Pourquoi a-t-il l'air si perturbé ? Je veux dire, ce n'est qu'une émotion. Ce n'est pas si terrible.

Maintenant que j'y pense, j'ai l'impression que ça a un rapport avec ce lien qui s'est formé entre nous. Alors est-ce qu'il s'agit d'une forme d'affection ? Ce n'est clairement pas négatif, je connais assez bien ce côté-là. Mais alors quoi ?

Et pourquoi ai-je cette impression que rien ne sera plus pareil lorsque je mettrais enfin des mots sur ce que j'éprouve ?