Chapitre 8

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Point de vue Shoto

- Si tu ne veux pas, je comprends. Mais ce n'est pas bon de tout garder, même si ça t'a semblé être la meilleure option jusqu'à maintenant.

- Ça doit faire une dizaine d'années que je tiens.

Je fais un rapide calcul. Il doit avoir à peu près le même âge que moi, donc dix-huit. S'il n'a plus de sentiments depuis dix ans alors ça veut dire que...

- Tu n'avais que huit ans, je m'exclame.

Le vert hoche la tête.

- Ce n'est pas spécialement rare. À cet âge-là, on est plutôt utilisé en tant que domestique. Ce n'est qu'après que l'on se sert de nous pour autre chose. Souvent, quand nos chaleurs apparaissent.

- Domestiques ? Tu veux dire esclaves oui !

- Ce n'est qu'un mot.

- Et tu n'as jamais tenté de t'échapper durant tout ce temps ?

- Au début. Et quand ils ont commencé à me voir comme un objet sexuel. Mais ça n'a pas duré très longtemps.

Il en parle sans même sourciller.

- Tu n'as jamais voulu... Récupérer tes émotions ?

- Pour quoi faire ? Les sentiments positifs n'existent pas, ne reste que le négatif. La peur, la joie, la colère, l'espoir... Tout ça est vide de sens quand on est un oméga.

Il se tait un instant.

Aujourd'hui, je voulais aborder le sujet de son manque de réaction. J'espérais réussir à le faire retirer son masque inexpressif, mais il a l'air d'y tenir.

En même temps, il a raison : quand on vit ce qu'il a vécu, il n'y a pas vraiment d'intérêt à montrer ses points forts et faibles. Il faisait sûrement ça dans le seul et unique but de se protéger.

- Mais, il continue timidement, j'aimerais... Au moins apprendre à sourire. Un vrai sourire.

Deku tire sur ses joues, esquissant par la même occasion une drôle de grimace, avant de reposer ses mains sur ses genoux.

- Avant, j'y arrivais sans soucis. Mais maintenant...

- Tu as vécu tellement de choses. On n'a qu'à faire de ça notre objectif.

- Si tu veux bien...

- Il n'y a aucuns soucis. Bon, comment te faire sourire.

Ce n'est pas vraiment évident. Pour sourire, il faudrait qu'il soit joyeux. Et on ne peut pas dire que cette maison respire la joie de vivre.

- Tu n'as pas un souvenir heureux ? Avant de te retrouver là-bas.

Le plus petit détourne instantanément le regard.

- J'en avais. Quand j'étais petit, avec ma mère. Mais je n'arrive plus à penser à elle sans me sentir mal.

Je le vois se frotter le visage.

- Ça va ?

- Oui juste... Un passé que j'aurais préféré garder enfoui encore un moment.

- Tu veux en parler ?

- Pas vraiment.

- D'accord. Mais tu sais, tu n'as pas à te cacher.

- L'habitude je suppose. Je ne veux pas qu'on me voie faible.

- Tu n'es pas faible. Juste humain.

Doucement je prends sa main dans la mienne.

- Est-ce que tu accepterais de réapprendre à t'aimer avec moi ?

On s'en sortira ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant